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samedi 8 octobre 2016

« Les pirates en politique- L’ascension d’un parti islandais par Lionel Cordier » N°4232 10e année



«Issus de la « révolution des casseroles » islandaise, le Parti Pirate est aujourd’hui bien implanté dans la vie politique locale de l’île. Les pirates sont-ils une exception, ou leur succès témoigne-t-il d’une mutation plus générale des partis et de l’engagement politique ?
[….]
 Ne s’agit-il que d’un état passager, d’un nouveau soubresaut de la crise qui avait touché le pays ? Peut-on tirer des enseignements plus profonds sur l’existence du parti pirate islandais ? L’Islande est souvent présentée comme un laboratoire : laboratoire économique, d’une « économie geyser » [3] qui avait montré les limites de la libéralisation financière ; laboratoire politique, où l’on s’est intéressé aux tentatives de réécriture de la constitution, à son usage atypique de nouvelles formes de démocratie directe et participative. On compare parfois l’Islande à une petite frégate aux mouvements rapides, à laquelle il serait plus facile de changer de direction qu’à de grands paquebots de plusieurs millions d’habitants comme la France ou l’Allemagne. Il semble que l’Islande peut être un indicateur précieux de motifs et de transformations plus difficiles à percevoir, plus longues à repérer dans d’autres pays. Pour comprendre ce que les Pirates islandais pourraient nous apprendre sur les mutations de nos façons de faire de la politique, il sera nécessaire d’abord d’expliciter le contexte de leur apparition, puis d’esquisser les spécificités de ce parti, notamment vis-à-vis de son usage des nouvelles technologies. Puis nous nous intéresserons davantage au profil de ses élus et de ses électeurs, pour ensuite observer quelles déductions et quelles comparaisons peuvent être pertinentes à l’échelle européenne et internationale.
[….]
Les Pirates sont-ils de gauche ?
Le refus de se positionner sur des échelons politiques classiques semble caractériser les partis issus des mobilisations provoquées par la crise globale de 2008. Björn Framtið et les Pirates pour l’Islande font ainsi penser au mouvement espagnol Podemos, qui entend substituer une rhétorique du bas contre le haut à celle de la gauche contre la droite. Cette critique de « l’élite » et des professionnels de la politique est également présente dans le Parti Pirate, qui met en valeur son statut de « novice de la politique ».
Il semble que ce refus de se situer politiquement indique avant tout une absence de position sur le rôle de l’État dans la sphère économique. Autrement dit, il n’existe pas de critique radicale de l’économie de marché, comme cela peut se constater dans la core policy, le noyau idéologique du parti, ensemble de six points principaux fondant son programme politique. Ceux-ci concernent davantage les questions de l’information, la transparence, la vie privée, la promotion de la démocratie directe et la décentralisation. Nombre des idées défendues par le Parti Pirate promeuvent la protection de la vie privée et la liberté d’expression, et il faut citer à ce titre notamment l’IMMI ou Initiative islandaise pour la modernisation des médias, votée sous l’impulsion de Birgitta Jónsdóttir. Adoptée à l’unanimité par le Parlement en 2010, cette initiative parlementaire s’inscrit à la fois dans les critiques des collusions des politiques et des banques, des procédés obscurs qui avaient précipité le pays dans la crise, et dans le contexte international de médiatisation croissante de Wikileaks. Elle vise à établir un corpus de lois favorables au journalisme d’investigation et aux lanceurs d’alerte, et a déjà contribué à améliorer la protection légale des sources journalistiques, fait émerger de premiers projets de loi sur la protection et le droit d’asile pour les lanceurs d’alerte, ou bloqué certaines dispositions du droit européen jugées menaçantes pour la protection des données privées.»
La suite ci-dessous :


Jean Vinatier
Seriatim 2016

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