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dimanche 6 janvier 2019

A partir de l’acte VIII N°4617 13e année



Les Gilets jaunes ont réinvesti les rues des villes de France. Combien étaient-ils ? 50000 pour le ministère de l’Intérieur, 300000 pour le syndicat Policiers en colère. Le mouvement est reparti avec force. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux qui fulminait contre les Gilets jaunes a vu son ministère envahi et a été contraint à la fuite….Du jamais vu depuis 1999. Paris s’en émeut quand la province a pris l’habitude de voir les agriculteurs assiéger les préfectures et même davantage. Dans ce cas précis, on notera que les gendarmes n’étaient guère présent rue de Grenelle, entre l’Assemblée nationale et Matignon et on ne manquera pas de s’interroger sur les états de service des hommes en noir aux côtés des Gilets jaunes.
Hier soir sur France Culture, les commentateurs ne sous-estimaient plus le nombre de manifestants et se lamentaient sur le cas de ce policier ou gendarme casqué, armé, cuirassé frappé par un boxer aux poings nus sur le pont de Solferino et ne s’attardèrent pas du tout sur les 4000 gardes à vue, les plus de 1000 condamnations, les 1500 blessés et la dizaine de Gilets jaunes morts depuis la fin novembre 2018. On ne sait encore quel sera le contenu de la « Lettre aux Français » d’Emmanuel Macron ni son impact. Quel accueil peut-il être réservé à un homme détesté, abhorré par 80% de la population ?
Depuis l’Elysée, Emmanuel Macron sait qu’il peut compter actuellement sur plusieurs acteurs : ceux qui l’on mit sur orbite (la conjuration des opulents), le MEDEF, les médias, les forces de police, de gendarmerie, de l’armée, les syndicats de la CGT à la CFTC en passant par ceux des étudiants et des lycéens, d’un socle électoral certes réduit mais votant massivement pour leur champion ou les candidats sous sa bannière.
Il ne serait guère étonnant que l’exécutif se lance dans une stratégie de la tension ou politique du pire en laissant gonfler le mouvement des Gilets jaunes laissant le temps au gouvernement de baliser le terrain politique.
A gauche, en dévalorisant Jean-Luc Mélenchon lequel prête le flanc à cette manœuvre ainsi, sa dernière apologie d’Eric Drouet comparé à Jean-Baptiste Drouet le fameux maître de poste qui aurait reconnu Louis XVI sur la route de Varennes et personnage central d’un tableau où on le voit menaçant d’un pistolet le président de la Chambre. Benoît Hamon emboitant le pas à la manœuvre élyséenne a déclaré que le chef de la France insoumise avait « quitté les rives de la gauche ».
A droite, par la montée des intentions de vote en faveur du Rassemblement National et de Debout la France étouffant les Républicains de Laurent Wauquiez, ce dernier devenant de plus en plus invisible. Il y aurait donc la formation non pas d’une liste unique pro-Macron pour les Européennes mais une à gauche compatible avec Bruxelles et peut-être une au centre-droit où entreraient les petites formations centristes et apparentées. Le pouvoir aurait donc un socle électoral de 40%.
Dans cette vue, l’idée selon laquelle Emmanuel Macron laisserait monter en puissance les Gilets jaunes ne serait pas fortuite et entrerait pleinement dans cette stratégie à préparer premièrement leur écrasement physique un mois avant les élections européennes puis de se présenter comme le rempart démocratique face au fascisme/nazisme que serait nécessairement Marine Le Pen.
Cette narration ne présage en rien de différents évènements qui pourraient intervenir : du pourrissement du mouvement des Gilets jaunes ou à leur division : Bernard Tapie, fidèle de Macron accueillant certains dans les locaux de son journal La Provence est un exemple, d’un dérapage, d’actions extérieures, de la non-maitrise du Débat sur la concertation nationale, du RIC, de l’évolution de l’affaire Benalla lequel s’est prudemment installé à Londres….etc.
Il faut bien avoir à l’esprit que ce sont les élections européennes qui fixent et occupent les esprits. Emmanuel Macron ne supporterait pas un échec en mai prochain d’où pour lui de savoir manœuvrer les Gilets jaunes, de réaliser un coup politique, de se rétablir apparemment solidement. Il importe peu à cette équipe et à ceux qui soutiennent sa politique d’être ou non impopulaires, ce qui compte c’est d’être élu, de maintenir les apparences de la démocratie représentative. Rappelons-nous de la dernière élection législative partielle à Evry qui vit le successeur de Manuel Valls, Etienne Chouat, ex-socialiste devenu LREM devenir député avec 10% des suffrages exprimés (il obtint 60% de 17,7% de votants). Ayons bien à l’esprit que cette équipe gouvernementale est tout à fait en mesure de suspendre la démocratie au nom de la démocratie, d’accepter une répression violente et sanglante : sa base électorale bourgeoise n’a que deux vues : son pognon, sa liberté et que cela vaut bien quelques « dégâts ». La bourgeoisie est un corps social très violent contre le peuple et même les régimes dès l’instant où ses intérêts sont contestés et/ou pas reconnus. Dans l’histoire française les exemples récents sont nombreux : en juillet 1789, 1791, 1830, juin 1848, mai 1871.
Enfin, n’oublions surtout pas qu’en cas de victoire des partis populistes aux élections de mai prochain au parlement Européen aurait pour conséquence rapide une réaction de la Commission entre les mains de Junker qui n’hésiterait pas à réduire à rien le peu de pouvoir de cette Chambre toujours au nom de la démocratie et des fameuses « valeurs ».
Il faut le répéter c’est une guerre sous une forme inédite qui se déroule sous nos yeux.. Ce qui se passe actuellement est grave. Les Gilets jaunes sont-ils des avant-gardes ? Le pouvoir macronien et son corollaire Bruxelles (Berlin) sont-ils en passe de vaincre ? Nous sommes loin de la colère fiscale de cet automne, nous sommes de plein pied sur un champ de bataille inconnu jusqu’alors.



Jean Vinatier
Seriatim 2019

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