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mercredi 10 juin 2020

Du Minnesota à Paris via Londres N°4940 14e année


Suite au décès de Georges Floyd de nombreuses manifestations se déroulèrent dans tout le pays pour dénoncer tout à la fois le racisme des polices et la violence de leurs comportements au quotidien, le tout sur fond de campagne présidentielle américaine qui revoit les élus démocrates et certains républicains monter à l’assaut de Donald Trump suite à son intention d’en appeler à l’armée. On est dans un mélange tout à fait explosif mais qui n’étonne guère lorsque l’on sait la vie politique américaine. En tout cas, nous sommes très éloignés de ce qui se déroulait dans ce pays entre les années 50 et 70 où l’on vit réellement les citoyens américains sur le macadam et proportionnellement peu des activistes.
Bien évidemment, l’Europe a suivi, mais mollement sauf à Londres et à Paris. Pour le Royaume-Uni, le déboulonnage de la statue d’un bienfaiteur de la ville de Bristol au prétexte qu’il avait prospéré dans la traite n’a guère de sens car jusqu’à l’affaire du Zong (1781) toute l’aristocratie et la bourgeoisie y participaient avec enthousiasme tant les profits appâtaient. Ensuite ces mêmes, aristocratie et bourgeoisie, se jetèrent dans la révolution industrielle plongeant dans la misère la plus noire les ouvriers et ce jusqu’à la Seconde guerre mondiale. C’est symbolique et en parfait décalage avec l’absence de combat réel contre l’esclavage d’aujourd’hui qui concerne autour de 50 millions d’êtres humains : là personne ne défile ni ne déboule quoi que ce soit !
En France, on fit réapparaitre l’affaire Adama Traoré pour donner corps à la raison d’occuper le macadam pourtant interdit selon les dispositions de la loi d’urgence sanitaire. Emmanuel Macron qui aurait bien aimé critiquer Donald Trump pour ses propos ne le put car l’année d’avant les répressions odieuses contre les Gilets jaunes, le blanc-seing donné à la police ainsi qu’à la magistrature qui y perdit sa dignité, le plaçaient dans une position délicate. Il se tut donc mais se saisit de « la violence policière » (défense de rire) désavouant ainsi un corps du maintien de l’ordre déjà choqué de voir les propos de  Camélia Jordana non sanctionnés.
Mettre dans le même sac le racisme et la violence policière, considérer que la police concentre en elle seule violence et racisme, n’est pas juste mais presque intentionnelle. On est dans des confusions dangereuses et l’on fait mine de croire que toutes les situations se correspondent tant à Minnesota qu’à Paris. Les Etats-Unis gardent aujourd’hui les stigmates de la Guerre civile et de la ségrégation : structurellement ce pays est raciste cela le gène pas de trop tant que sa vitrine marchande soutient le contraire et vante un universalisme tout sourire bercé par les dollars. La France n’est pas dans ce schéma même si l’on utilise son passé colonial pour tenter de la placer sur des rails américains similaires.
Des deux côtés de l’Atlantique repentance et minorité sont une partition musicale bien huilée, bien soutenue par de puissantes fondations. Elles favorisent habilement le désossage des nations et rappellent aux Etats leurs faiblesses en mettant en exergue toutes les sortes de minorités forcement victimes sans quoi leur état respectif ne pourrait être visible et reconnu et instrumentalisent tout fait divers susceptible d’entretenir les braises. A voir des élus américains et canadiens mettant un genou à terre de Joe Biden à Justin Trudeau, se soumettre à une ire présentée comme populaire, quel aveu considérable de faiblesse et de calcul politicien à très court terme. Pour la forme, on rappellera que sous Barack Obama, les Noirs (afro-américains) pâtirent énormément des comportements policiers sans ce que cela choque les âmes pâmées d’alors.
En France, nul ne mis un genou à terre, on y optera, sans doute, pour les rapports et les commissions : c’est plus pratique on est assis.
Le trait général observé en France est un durcissement des consignes données aux forces de l’ordre par un pouvoir qui sait sa minorité et craint logiquement tout débordement. La facilité avec laquelle une population accepte sans mot dire des retraits de liberté au nom de la lutte contre le terrorisme puis d’une pandémie incitent des pouvoirs fébriles à contrôler et impressionner. S’étonne-t-on de voir dans Paris le nombre de jeunes masqués, les moins concernés par le coronavirus ?  Ils sont soumis. Il est vrai que Paris votant 90% Macron et qui se prépare à reconduire Anne Hidalgo, on ne s’ébaubit plus de cette mollesse et aussi lâcheté des « balcons applaudisseurs du confinement ».
Le monde d’avant a un peu hoqueté, il poursuit sa route n’abandonnant rien, le citoyen plus cerné et interdit de victimisation et de souveraineté comme jamais est le plus grand perdant.

Jean Vinatier
Seriatim 2020

1 commentaire:

Junma a dit…

Sur la destruction des statues. S'il s'agit d'être logique, en suivant par le menu ce raisonnement, il faudrait détruire les statues et les symboles de tous les personnages qui composent l'Histoire Occidentale, tous ceux ayant peu ou prou illustré ou incarné une domination ou des valeurs contraires à celles qui s’imposent aujourd’hui. En France, par exemple, Jean Baptiste Colbert, Louis XIV et Napoléon et mille autres personnages encore et détruire dans la foulée les châteaux de Versailles et de Fontainebleau, etc.. Dans ce cas là, il faut mieux l’annoncer sans détours, il s’agit de dissoudre une nation.