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jeudi 4 juin 2020

Syrie, Libye : les échecs français N°4939 14e année


La défaite du maréchal Haftar, soutenu officiellement par l’Egypte, les Emirats arabes unis, la France et des mercenaires russes remet en selle le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA)de Fayez al-Sarraj reconnu par l’ONU. Ce renversement de situation affaiblit la présidence Macron déjà déconfite en Syrie.
Que reste-t-il de l’héritage en mai 2017 des dossiers, syrien et libyen ? Il eut à les conduire. En juin 2020, le résultat est piteux.
En Syrie, Damas déclare Paris persona non grata avec le sourire tacite de la Russie et de la Turquie. Cet échec syrien clôt certainement toute la projection française imaginée au sortir de la Première guerre mondiale. A bien des égards, la France cesse d’être une actrice majeure en Orient.
En Libye, Paris s’est lancée en 2011 (pourquoi diable ?) dans une entreprise de renversement de Kadhafi alors même que l’Elysée l’accueillait somptueusement en 2008 ? Un Kadhafi qui était une garantie de stabilité pour une grande partie de l’arrière géopolitique français en Afrique sahélienne et qui était plus loyal qu’Alger ? En 2020, la Libye déchirée sur lequel de multiples acteurs extérieurs, Turquie, Russie, Etats-Unis, EAU sans compter les voisins immédiats (Egypte, Maghreb, Tchad, Niger, Soudan) s’activent pour en tirer profit.
La France a, au moins, deux concurrents ambitieux:
La Russie qui joue sur les deux tableaux (Haftar/Al-Sarraj) pas fâchée après la Syrie de compléter sa présence en Méditerranée, mène avec une grande habileté ses cartes géopolitiques. Moscou ne vise pas d’annexion mais le contrôle de points stratégiques et énergétiques.
La Turquie : la Libye est plus que l’ancienne Tripolitaine ottomane, c’est une porte d’entrée splendide pour renforcer ses politiques, africaine très active, méditerranéenne quand elle impose à la Grèce et à Chypre de nouveaux tracés maritimes et envers l’Union européenne pour lui signifier une limitation d’influence (Italie). Pour le moment la présence turque est limitée et les craintes de la voir peser à court terme contre la France qui combat au Sahel sont petites, tant il y a de potentats tribaux en Libye. Il lui faudrait une armée entière des moyens logistiques considérables. Pour l’heure, la Turquie s’installe à Tripoli afin d’y jouer ses cartes au milieu d’acteurs locaux, régionaux et internationaux.
La multitude des acteurs a réduit le rôle de la France (et l’Italie).
Plus qu’en Syrie, terre lointaine pour les Français, la France joue, à n’en point douter, l’une de ses dernières cartes comme puissance en Afrique sahélienne, plus proche dans notre imaginaire politique. Nos cinq mille soldats se battent dans un espace sahélien de plusieurs milliers de kilomètres avec des moyens réduits dans la dépendance totale aux américains. La lutte contre les actions de Boko Aram et consorts au nom d’une communauté, internationale et régionale attentiste pourrait être à moyen terme une humiliation militaire du fait de l’entrée sur scène de la Turquie qui amène, rappelons-le, dans ses bagages les restes de Daech…..
Que conclure après ces quelques lignes générales ? La politique française, à l’origine officiellement du renversement de Kadhafi n’a su ni tirer profit de son action, si se garantir un pré-carré, ni installer un pouvoir selon ses vues principales. En 2020, elle est noyée parmi d’autres, s’y ajoute, désormais, l’Allemagne toujours inquiète (avec raison) des mouvements d’Erdogan, l’otanien mobile, tant à la frontière avec la Grèce (où il y a un litige frontalier potentiellement grave) que sur les rives libyennes qui pourraient être un nouvel axe contre l’Europe. Bien évidemment en plus de la seule question stratégique, s’avance aussi la problématique des flux migratoires lesquels passent par l’Afrique sahélienne et transitent par la Libye. Peut-être que la seule voie restant à la France pour n’être pas minorée à Tripoli serait de garantir et de faire garantir par sa présence armée au Sahel une action régulatrice migratoire ? Sont-ce les intérêts des américains, des turcs, des russes ? Sans doute pas. Les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc) en rivalité ancestrale seraient les seuls à appuyer l’Elysée à la condition que Paris puisse proposer un axe géopolitique commun : un long travail…..


Jean Vinatier
Seriatim 2020


Sources :








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