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jeudi 7 janvier 2010

Philippe Seguin : adieu à l’hermine d’Etat! -N°610- 3e année

La soudaine disparition de Philippe Seguin, Président de la Cour des comptes suscite déjà un flot ininterrompu d’hommages venus de tous les bords politiques. Les Français le parent de toutes les vertus plus qu’il n’en faut tandis que Nicolas Sarkozy et François Fillon optent pour le service minimum : « grande voix politique française » pour le premier, « grand serviteur de la France » pour le second. La messe est dite, leurs larmes seront de circonstances(sauf pour François Fillon) et leur soulagement réel de ne plus avoir à subir les sévères observations contenues dans les rapports de la rue Cambon qui contredisaient de plus en plus fortement les agitations, les désordres et les lubies qui tiennent lieu à l’Elysée de politique nationale et internationale. L’opinion publique croit que l’Elysée mettra un homme ou une femme lige mais le Président de la République ne pourra choisir un successeur à Philippe Seguin que parmi ses pairs, une obligation qui limite sérieusement la venue « d’un courtisan »
Philippe Seguin, s’il respectait François Mitterrand, fustigeait l’amateurisme de l’actuel Chef de l’Etat. Il livrait à ses plus proches collaborateurs des réflexions et des faits que ces derniers ne devaient jamais rapporter à l’extérieur : on imagine la férocité du ton ! Tout séparait Philippe Seguin, pupille de la nation, formé aux études classiques avant d’entrer à l’ENA, d'un Nicolas Sarkozy, ambitieux brutal, vaniteux, rancunier bien incapable de dire quel amour il porte à la France tant il peine à en distinguer les moments historiques et littéraires.
Gaulliste social (c’est presque un pléonasme) Philippe Seguin ne s’est pas départi de cette fibre qu’il estimait vitale pour prévenir les fractures sociales françaises. Hostile au bouclier fiscal comme à toutes les mesures qui renforcent une infime partie des contribuables, Français et étrangers, sans contrepartie, l’inventeur du séguinisme aurait aimé que les grands commis de l’Etat ne jettent plus la notion de service public aux orties au profit de l’Etat manager ou entrepreneurial qui s’écarte du service public et accélère l’individualisation au sein de la société française.
Certains jugeront le panégyrique trop flatteur mais il faut bien souligner que la génération Philippe Seguin/Alain Juppé/Michèle Alliot-Marie, grand commis/ministre/élu, débute son itinéraire au moment où la famille gaulliste se scindait en deux entre les chabanistes et les chiraquiens, le « chiraquisme » étant plus proche de Georges Pompidou que du Général de Gaulle ! C’est dire le peu d’espace dont elle disposait pour donner de l’étendue à ses idées à droite sauf à franchir le Rubicon et adhérer au giscardisme.
Philippe Seguin fidèle à Jacques Chirac à l’inverse d’Edouard Balladur, Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy, escomptait en 1995 Matignon qui alla à Alain Juppé ; il connaîtra en 2001 les affres lamentables de la campagne pour la Mairie de Paris dont il supportera le fardeau par obéissance au Président Jacques Chirac. Au terme d’un parcours d’élu fécond en expériences et désillusions (député, maire, président de conseil régional, ministre, chef de parti) c’est peu dire qu’il apprécia, en 2004, sa nomination à la tête de la Cour des comptes. Ne trouvait-il pas dans le calme des bureaux silencieux et feutrés de la rue Cambon le plaisir d’un travail de lecture attentive, minutieuse des activités de l’Etat sur lesquelles il pouvait en toute tranquillité et sans qu’il puisse être taxé d’ambition électorale, inscrire les atouts et les dérives, et donner sur un ton impartial un avis, parfois, cinglant des inconséquences politiques nées au plus haut sommet de l’Etat ?
Il y avait quelque chose de touchant à voir cet homme, aux colères et aux abattements soudains, au visage rond d’aimable plantigrade qui ne manquait pas, en dépit d’une démarche lente et hésitante, d’en imposer, revêtu de sa tenue d’apparat, l’hermine flamboyante.
La disparition brutale de Philippe Seguin laisse Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie bien séparés, l’un est en bordure, la seconde ministre. L’Elysée pense sans doute qu’il en a fini avec ces gaullistes sociaux mâtinés de chiraquisme, c’est omettre, un peu vite, que rien n’est plus incertain que la prévision du temps politique….


Jean Vinatier
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