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lundi 31 janvier 2011

Hervé Juvin: “La Chine va-t-elle manger le monde”? N°841 4e année

Deux interventions tout à fait intéressantes et perspicaces :


Emmanuel Licot, Directeur de la Chaire des Études Chinoises Contemporaines (Institut Catholique de Paris). :http://www.realpolitik.tv/2011/01/vers-un-nouveau-modele-chinois-pan-wei-john-williamson-consensus-de-washington/


Jean Vinatier
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Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Laos, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Vatican, Venezuela, Vietnam, Yémen

L’Egypte au bord du sang ? N°840 4e année

Le communiqué émanant de l’armée égyptienne considérant les aspirations du peuple égyptien comme légitimes laisse à penser que les militaires se rangeraient du côté de la population. Mais, la situation reste explosive notamment par les enjeux géostratégiques qui proviennent tant des chancelleries, américaine, européenne, israélienne, d’Arabie Saoudite sans omettre celles de la Chine, la Russie, l’Inde privilégiant la menace de l’expansion musulmane plus que le désir de liberté des Egyptiens.
L’Egypte n’affole pas encore les marchés parce que ce pays ne détient pas de réserves énergétiques et parce que tout le monde croit le canal de Suez sécurisé. Mais cela va-t-il durer, surtout si la situation intérieure yéménite évolue vers la révolte?
Nous sommes à un moment charnière où la révolte sociale et politique d’un peuple aspirant à changer de régime se heurte aux intérêts d’une classe dirigeante et de puissances extérieures qui ont décidé après 1919 et après 1945 à quoi devrait ressembler cette partie du monde.
L’article de Thierry Meyssan, malgré toutes les réserves que l’on peut faire, a au moins le mérite de proposer des angles nouveaux et pas encore détaillés par les médias :

http://www.voltairenet.org/article168311.html


Jean Vinatier
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dimanche 30 janvier 2011

Alain Joxe : « Le droit à l’insurrection » N°839 4e année

Le 13 décembre 2010, Alain Joxe a écrit pour la revue stratégique, CIRPES, qu’il a fondée et dirige, un édito dont la  correspondance avec la dernière actualité ne fait guère de doute.

« La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de la Constitution adoptée par la Convention le 24 juin 1793 : doit être défendue par les membres de la Ligue des Doits de l’homme. Elle proclame une fois pour toute une série de principes qu’il nous appartient de mettre en œuvre pour que la liberté et l’égalité ne soient pas de vains mots, mais créent les conditions de la fraternité.Ils sont redevenus n’une actualité brûlante parce qu’on est en train d’en éliminer au nom du néolibéralisme global deux siècles d’efforts populaires vers la réalisation de la république sociale.
Ce rappel est placé en éditorial en raison du constat que la politique insécuritaire orchestrée par « les marchés » pousse tous les états Européens à liquider les restes de l’état providence, qui fut le modèle de la civilisation démocratique de l’Europe. Si de nos jours les spéculateurs poussent l’économie globalisée vers des troubles sociaux graves et si l’OTAN se prépare, comme il l’annonce, à voix basse à Lisbonne, à jouer le rôle d’un gendarme mondial, et si on apprend que même les forces de l’Ordre en France sont contraintes à s’entraîner à la répression des banlieues comme s’il s’agissait de territoires ennemis, ils est parfaitement légitime de proclamer verbalement un état d’alerte en rappelant que le droit à l’insurrection est une conséquence des autres droits qui interdisent en démocratie, que le peuple soit placé en situation d’oppression par la menace d’une atteinte physique à sa survie. »

La suite ci-dessous : Articles de la Constitution de 1793
http://www.cirpes.net/article340.html

On lira également ce que note Jean-Paul Baquiast dans Dedefensa.org :

http://www.dedefensa.org/article-dialogues-20_peur_des_gouvernements_occidentaux_devant_l_emeute_30_01_2011.html

Jean Vinatier
SERIATIM 2011

In Seriatim :
http://www.seriatimonline.com/2009/01/alain-joxe-la-crise-impriale-et-la.html
http://www.seriatimonline.com/2008/04/otan-par-le-fait-que-tout-autre-est-un.html
http://www.seriatimonline.com/2009/03/geopolitique-quelques-reflexions-sur.html

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jeudi 27 janvier 2011

Le « monde Atlantique » et les révoltes arabes N°838 4e année

Tous les regards se sont tournés en direction du pays de Pharaon, quelques-uns vers l’Arabia felix (Yémen) tandis que la révolte ne faiblit pas en Tunisie. L’Union européenne et les Etats-Unis, loin de s’enthousiasmer pour des peuples qui voulant mettre un terme à des régimes autoritaires et à leurs népotismes pour devenir, selon leurs critères, des démocraties, bafouillent, s’emmêlent les pieds, tournent sept fois leurs langues avant de dire un mot. En France le silence des intellectuels germanopratins, d’un Hubert Védrine est total ! Les mêmes s’époumoneraient s’il s’agissait de l’Iran. Enfin, si les Perses entraient dans la danse, nous les verrions surgir de leurs salons, fumoirs et jets privés pour les applaudir et espérer en faire le rempart contre…les Arabo-islamiques et ce au nom de la démocratie, naturellement ! Le seul homme politique français qui s’est déplacé en Tunisie se nomme….Olivier Besancenot tout fiérot de dire « c’est ma première révolution ». Lointaine est l’époque où les « intello » partaient à la découverte des ébullitions…….
En fait c’est un bien grand vide qui s’entrouvre sous les pieds des Européens, des Américains du Nord.
La France n’a pas trouvé mieux pour la représenter en Tunisie que le pro-américain Boris Boillon, qui passe de l’Irak ou Bagdad Café à Hammamet, davantage au service de « l’alliance » et des intérêts de l’Oncle Sam dans cette région. L’homme a beau être né dans le Maghreb, parler l’arabe, l’histoire est remplie d’hommes couverts de diplômes qui se révèlent n’être que des froids auxiliaires. Le choix de ce diplomate souligne notre inféodation.
Que pense réellement Barack Obama de toutes les manifestations ? Se souvient-il des discours dont celui du Caire, de tous les appels à la démocratie ? Ses incantations autour des Droits de l’Homme ne seraient-elles que pour le persuader de sa juste hégémonie ?Si le Président Bush avait voulu créer d’un coup de dé toute une immense Arabie démocratique de l’Afrique à l’Asie, sous la férule de dirigeants peu enclins à l’accepter, Barack Obama serait-il le Président à mettre le holà face à des peuples révoltés et ce au nom de la guerre contre la Terreur, Al-Quaïda et ainsi de suite ?L’Afghanistan et Guantanamo sont là pour nous rappeler les reculs de cet homme qui appelle, au passage, l’Amérique à se réinventer. Le déniera-t-on aux Arabes?
L’Europe, par son silence et ses appréhensions, ne monterait-elle pas qu’en fait de son engagement en Afghanistan c’est surtout le refus de l’Arabe et du Musulman qui est dans la ligne de mire ? La question mérite d’être posée. La France et le Royaume-Uni ont-ils effacé de leur mémoire particulière de quelle façon, ils tuèrent dans l’œuf la révolte arabe de 1919 et le rêve des Hachémites pour préserver leur empire colonial respectif et tenir des routes énergétiques ? Les Arabes n’ont pas bénéficié du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à l’inverse de ceux d’Europe ! Ils n’ont pas pu s’épanouir sereinement. Le moment est-il venu ?
Aujourd’hui, les Arabes se tournent vers les nouvelles puissances émergentes et se flatteraient, sans doute, de les rejoindre ! L’actualité les y incite : la chute du gouvernement Hariri au Liban. N’est-ce pas une défaite considérable des Etats-Unis au profit de la Turquie, de la Syrie et de l’Iran ?
L’Europe, les Etats-Unis sont à l’origine de bien des calculs envers l’Orient qui leur éclateront, peut-être, entre leurs mains, confortant et non sans raison, au passage Israël dans sa politique de rudesse.
Quand bien même toutes les colères arabes feraient-elles long feu devenant un soleil de janvier, on ne doute cependant pas qu’elles participent à un changement considérable. Bien douloureux est le passage d’un monde unipolaire à celui de multipolaire !

Jean Vinatier
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François de la Chevalerie : « La question sanitaire lance la démocratie en Chine » N°837 4e année

Ci-dessous un article à l’angle original par l’un de mes amis, François de La Chevalerie, entrepreneur en Chine et dans la péninsule arabique :


Jean Vinatier
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mardi 25 janvier 2011

Autour du bilinguisme…N°836 4e année

La proposition du ministre de l’Education nationale, Luc Châtel, né dans le Maryland, d’obliger une seconde langue, l’anglais, à tous les enfants âgés de trois ans sous prétexte que nous serions des paresseux dans le domaine linguistique comme nous serions censés l’être au travail : une fausseté continuellement colportée !
La connaissance des langues, vivantes et mortes (latin, grec) est une bonne chose mais pourquoi diable imposerait-on le seul bilinguisme franco-anglais ? Pourquoi ignorer le chinois, l’arabe, l’hindi, le russe, l’espagnol, le portugais (Brésil) ? Pourquoi ignorer une langue de la zone euro comme l’allemand ?
Dire que l’on va apprendre l’anglais, une des langues les plus difficiles au monde au même titre que les langues finno-ougriennes, signifierait celui d’Oxford ou de Cambridge alors qu’en réalité le ministre viserait davantage la langue du « buziness » à la sauce américaine, celle dans laquelle s’exprime et s’épanouit une dictature économique. A titre d’anecdote, signalons que le dictionnaire anglais-américain s’épaissit d’édition en édition : j’avais été frappé de le remarquer en la parcourant chez Smith voilà quelques années !
La proposition de Luc Châtel n’est pas innocente, elle est le fait d’un gouvernement soumis à une puissance extérieure. L’installation en cours de l’OIF dans 8500 m2 avenue Bosquet ne trompe personne : au-delà de rémunérer, souvent, grassement, des familles de dignitaires francophones, le français est le cadet des soucis des gouvernants qu’ils soient de droite ou de gauche !
Rendre obligatoire le seul bilinguisme franco-anglais est une vue très rétrécie de l’esprit. Ne serait-on pas plus avisé d’encourager la pratique de langues de pays ou de continents (Amérique du Sud) appelés à des développements économiques considérables au lieu de nous rabattre sur une langue de moins en moins anglaise, de plus en plus « globish » ?

Ci-dessous l’extrait d’une lettre d’un lecteur qui tient à l’anonymat en raison de ses fonctions :

« La séquence est relativement simple:

- La langue est l'influx nerveux des sociétés.

- La langue est ce qui caractérise le mieux l'appartenance à une communauté nationale.

- C'est au sein de la communauté linguiste nationale, qu'ont été bâties toutes les solidarités (services publics, retraites par répartition, sécu, éducation nationale gratuite, etc …).

- C'est au sein des communautés linguistes nationales que l'expression des peuples (la démocratie) peut s'exprimer; qu'ont pu voir le jour les conquêtes sociales qui ont renforcé en retour la nation; car c'est au sein de ces communautés linguistes nationales que le peuple partage sa valeur suprême: sa langue.

- L'Europe n'est pas une communauté linguiste. Par contre, l'oligarchie européenne, occidentale (et au-delà) est quasiment monolingue: elle pousse pour que toutes les élites de la terre se parlent en anglais, au détriment de toutes les autres langues nationales.

- L'égalité devant l'éducation n'est plus assurée du fait de l'apprentissage impossible de la langue anglaise. En effet, les sons très variés et très étalés en gamme de la langue anglaise, la rendent difficile à maîtriser à l'oral, sans des heures et des heures de pratique, qu'un long séjour dans un pays anglophone peut procurer. Cela donne un avantage considérable aux jeunes des familles aisées ayant pu séjourner une année dans un pays anglophone. Lorsque certains de ces élèves sont de retour, l'oligarchie peut y trouver facilement son vivier pour se perpétuer.

- Au plan des médias, l'offensive est de taille: par exemple sur les radios: plus de chansons italiennes, espagnoles, kabyles, brésiliennes…! plus de raï, plus de salsa ! Pourquoi ? Parce que cela n'est pas en anglais!

- Pour des raisons historiques et géopolitiques, la langue anglaise est bien le média principal pour l'application du néolibéralisme au niveau planétaire, avec au passage la fin des nations.

- Permettez que des nations collaborent entre elles dans une langue de travail à l'international autre que l'anglais et la gangue mortifère du néolibéralisme se relâchera.

- Au contraire, poursuivez avec la tendance actuelle de faire parler et écrire les élites entre elles uniquement en anglais, alors les nations disparaîtront et avec elles tous les progrès sociaux qui ont pu être gagnés dans le cadre des communautés linguistes nationales. Disparaîtront également la variété des expériences sociales humaines. Ne restera alors qu'un seul ensemble de valeurs pour vivre en société (enfin ce qu'il en restera), un monde plat, contraire à toute logique naturelle qui consiste au contraire à diversifier les expériences sociales et culturelles pour que l'humanité toute entière puisse en bénéficier.

- Il est vrai que les pays émergents ne veulent pas imiter forcément les pays occidentaux. Mais ils sont actuellement obligés de parler l'anglais pour communiquer à l'international, souvent même pour échanger simplement avec des pays tous proches d'eux. Qu'ils poursuivent dans cette voie et ils subiront le même sort que les pays européens: la remise en cause progressive des solidarités; cela se produira à plus long terme pour eux (en particulier pour la Chine) que pour l'Europe qui a fait pour l'instant de l'anglais la lingua franca de ses "élites", mais cela se produira tout de même de manière inexorable, peut-être dans 20 ou 30 ans.

- C'est parce que l'espace Soviétique et les pays de l'Est parlaient le russe comme langue d'échange qu'ils ont pu tenter un autre modèle pendant 70 ans. Ils auraient échangé en anglais, leur expérience n'aurait pas duré longtemps.

- C'est parce que l'espace hispanophone est suffisamment grand, que plusieurs pays d'Amérique Latine s'engagent depuis plusieurs années sur des voies de progrès.

- C'est parce que l'espace chinois dispose du mandarin comme langue d'échanges inter-ethniques que les chinois tentent une expérience où le politique est encore au-dessus du marché. Qu'ils fassent davantage pénétrer l'anglais dans leurs élites et il en sera fini de leur spécificité.

- Ainsi, même si cela semble à première vue utopique, la seule clé pour inverser la progression mortifère du néolibéralisme (et de ses corollaires que sont la chute des nations, des solidarités et l'aplatissement des diversités et des cultures) consiste à ce qu'une autre langue de travail à l'international prenne son envol et surpasse à terme la langue anglaise.

- Il y en fait deux candidats possibles: l'espagnol et l'esperanto.

- L'espagnol (400 millions de locuteurs, plus facile (beaucoup) à comprendre à l'oral que l'anglais.

- L'esperanto (langue en progression en Chine et ailleurs) est également un excellent candidat, car il pourrait sauver les langues nationales, donc les nations et inverser la tendance pour enfin un retour au progrès social. Il pourrait en particulier se combiner avec la reprise par les nations de leur capacité de battre monnaie, capacité perdue en 1973, perte qui est l'une des causes principales de la dette publique.

L'esperanto a aussi l'avantage de la simplicité (10 fois plus rapide à apprendre que l'anglais, construction en lego comme le chinois, d'où son succès modeste mais croissant là-bas). Il est surtout neutre, ce qui fait que des pays comme la Chine, le Japon, la Corée et la Russie pourraient le pousser politiquement pour des coopérations économiques et scientifiques. L'Allemagne suivrait (pour mieux exporter vers ces pays), puis la France, les autres pays latins et ainsi de suite…

- L'espagnol dispose de l'avantage de la masse. S'il triomphait, cela ne serait pas un mal pour le français, également langue latine. S'appuyant sur un contexte géopolitique différent de la langue anglaise, l'espagnol ne devrait pas remettre en cause l'existence des langues nationales au sein des élites comme peut le faire l'anglais. Par contre, l'avantage tiré par les jeunes allant perfectionner leur espagnol dans un pays hispanophone existerait; toutefois ce phénomène serait plus léger que dans le cas de l'anglais, du fait de la plus grande simplicité des sons espagnols qui fait que cette langue est plus aisée à enseigner à l'oral à l'école.

- Que cela soit le succès de l'espagnol ou de l'esperanto, le français gagnerait de toute façon le terrain perdu dans le monde du travail en général (grandes entreprises), ainsi que dans le monde des sciences et des techniques; car oublier sa langue dans les sciences ne fait pas avancer la compréhension fine des concepts et décourage les jeunes des pays d'Afrique et d'ailleurs qui font encore confiance au français pour décrire la science.

- La diversité culturelle y gagnerait aussi, surtout avec l'esperanto, langue neutre. Elle y gagnerait aussi avec l'espagnol, car on pourrait s'attendre à une sidération moindre des élites envers cette langue qu'elle ne l'est aujourd'hui envers l'anglais.

Pour les programmeurs, les chansons "internationales" ne se limiteraient pas aux chansons en anglais (sous prétexte que c'est la seule langue que ces personnes connaissent en plus de leur langue!); on verrait resurgir des chansons en italien, en grec, portugais, corse, espagnol, arabe, allemand, …La diversité du monde enfin ! dans le respect des peuples et des nations.

- Maintenant l'équation est claire: soit le succès de l'un de ces candidats (l'esperanto qui est le meilleur candidat ou alors l'espagnol) pour la langue de travail à l'international, soit la régression des nations, des solidarités et des diversités. Espérons que certains pays émergents comprendront les enjeux, car en Europe, il est à craindre qu'il ne soit déjà trop tard. Il en reviendrait alors aux peuples de ces pays émergents de nous montrer la voie. »

 
Jean Vinatier
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lundi 24 janvier 2011

Tunis – Bruxelles N°835 4e année

A Tunis, les manifestants demandent le retrait du gouvernement tandis qu’à Bruxelles c’est l’inverse : l’absence d’un ministère (au bout de 223 jours) qui fait descendre dans la rue des milliers de belges. Les peuples seraient-ils revêches ?
Peut-on s’étonner que les Tunisiens ne se reconnaissent dans l’actuel gouvernement, composé pour partie d’intimes du Président déchu, Ben Ali ? Cette révolte débutée dans l’arrière-pays a plus balayé une famille devenue cupide plus qu’un régime. Ce soir, l’armée, quitte sa neutralité, pour intervenir dans le champ politique : n’est-ce pas elle qui a précipité le départ de Ben Ali, peu désireux de connaître le sort d’un Ceausescu en décembre 1989 ? L’armée est, désormais, la seule force en mesure, d’orienter ou pas la révolte. On parle déjà, ici et là, de manœuvres américaines pour installer aux commandes des équipes à leur convenance. Vrai/faux ? Puisque les Français ont, de l’aveu même du Président Sarkozy, sous-estimé les derniers événements, on se doute bien que les Etats-Unis profitent de l’opportunité pour placer leurs pions. Il est à craindre, qu’avec tous les calculs mi-politiques, mi-géopolitiques, l’entrée d’islamistes ne soit une conséquence négative et que l’extension du désordre soit plus à l’ordre du jour qu’une révolution arabe (tout dépend le sens qu’on lui donne)  ! Ajoutons encore que les commentaires de l’Union européenne et d’outre-Atlantique, sous couvert d’applaudissements masquent aussi des craintes, chacun guette, en fait, le moindre craquement en Algérie, au Maroc, en Egypte, en Libye.
Pour les Tunisiens désireux d’établir un nouvel ordre républicain indépendamment de toute puissance extérieure, le combat ne peut s’annoncer que long et violent. Il leur faudra de sacrés ténors et intellectuels !
En Belgique, les manifestants ont crié leur dépit général en parfaite harmonie avec leur roi. Des comédiens ont même lancé une campagne : défense de se raser avant l’installation d’un gouvernement. Au vu des alchimies politiciennes, les Français, les Néerlandais et les Allemands verront apparaître une nation de barbus non salafistes ! Etrange l’Union européenne est restée inerte pendant toute la durée de la présidence belge alors qu’elle était sans ministère ! Le président de l’Europe n’est-il pas Belge ? Von Rompuy n’a dit mot ! Il n’y aurait donc que les Belges et les agences de notation pour tirer la sonnette d’alarme. Mais qui s’en soucie : l’euro n’est-il pas sauvé depuis que la Chine et le Japon, deux puissances épieuses l’une de l’autre, ont apporté leur garantie ?
Tunis, Bruxelles, j’oubliais l’Irak, cette fameuse New Mesopotamia sans gouvernement depuis un temps si éloigné que l’on a plus le souvenir qu’il y eut jamais ni un Etat, ni une nation ! Les Mésopotamiens s’en plaignent-ils ? On pourrait faire un détour par Kaboul un Etat de nulle part où les dollars déversés servent à créer l’illusion d’un gouvernement et de son administration. Les Afghans ne souffrent-ils pas davantage des troupes étrangères que d’un gouvernement corrompu ou achetable ?
Le monde va donc bien ?

Jean Vinatier
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vendredi 21 janvier 2011

Kojève : « Esquisse d’une doctrine de la politique française » 27 août 1945 N°834 4e année

J’ai écouté la chronique de Paul Jorion dans laquelle il évoquait son respect admiratif pour l’œuvre du neveu de Kandinsky, Alexandre Kojève (1902-1968) qui fut un éminent philosophe (Hegel) et qui tint des conférences réputées à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes devant un public savant dont George Bataille, Raymond Queneau, Henri Corbin, Roger Caillois, Michel Leiris avant de jouer, une fois sorti du maquis de la résistance prés de Souillac, un rôle capital dans l’Europe de l’immédiate après-guerre.
 (Voir le lien vers wikipédia pour sa biographie: http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Koj%C3%A8ve)
En 2003, lors d’un colloque organisé par la BnF en l’honneur d’Alexandre Kojève, il fut porté à la connaissance du public un écrit inédit « Esquisse d’une doctrine de la politique française ». Kojève développe, notamment, l’idée d’un empire latin (France, Espagne, Italie) ou plus exactement latino-africain. Aussi est-il assez instructif de découvrir qu’Alexandre Kojève voyait pour la France un rôle moteur au sein d’un empire latino-africain.
Le cardinal Baudrillard dans sa thèse réputée, Philippe V et la cour de France, évoquait, sauf erreur, pour contrebalancer les nations protestantes, l’idée d’une union des puissances catholiques ce qui incluait l’Autriche et l’Allemagne du Sud, l’ensemble s’appuyant sur les pactes de famille.
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, c’est une Europe chrétienne-démocrate qui réunit six puissances (France, Italie, Allemagne, BENELUX), qui rappelle pour partie le rêve géographique inabouti des ducs de Bourgogne au XVe siècle)
On le devine, l’Esquisse d’Alexandre Kojève, n’est pas issue du seul fruit de son imagination, il y apporte sa connaissance historique très profonde. Ainsi est-il instructif de relever qu’il voyait tant pour l’Europe du Sud que pour le rapprochement entre les chrétiens et les musulmans comme essentiel la fondation d’un empire latino-africain seul en mesure d’en imposer dans l’avenir aux « empires » américain et soviétique.

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(pp.86-98)
Tous mes remerciements à Paul Jorion !

Jean Vinatier
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Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Laos, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen

Keynes : Perspectives économiques pour nos petits-enfants (1930) N°833 4e année

Dans les Essais de persuasion publiés en 1931 par John Maynard Keynes, le dernier texte, « Perspectives économiques pour nos petits-enfants » ne manquent ni d’intérêt, ni d'ironie ainsi la conclusion: « Si les économistes parvenaient à se cantonner dans le rôle d'hommes modestes et compétents sur le même plan que les dentistes, ce serait merveilleux! »

« Nous souffrons actuellement d'une mauvaise épidémie de pessimisme économique. Il est courant d'entendre dire que la période de grands progrès économiques qui caractérisa le XIXe siècle est close; que l'amélioration rapide de la vie va maintenant marquer un ralentissement – du moins en ce qui concerne la Grande-Bretagne; et que la prospérité va plutôt diminuer qu'augmenter dans la décade qui commence.

Je pense que c'est là une interprétation tout à fait erronée de ce qui nous arrive. Nous souffrons, non des rhumatismes propres à la vieillesse, mais de douleurs de croissance inhérentes à une poussée trop brusque, de ce qu'a de pénible la transition d'une période économique à une autre. L'augmentation du rendement technique s'est produite sur un rythme trop rapide pour que nous puissions y adapter l'emploi de la main-d'œuvre; l'amélioration des conditions matérielles de l'existence a été un peu trop précipitée; les systèmes bancaires et monétaires du monde ont empêché les intérêts de tomber aussi vite que l'exige un pur équilibre. Pourtant, même dans ces conditions, les dégâts et les pertes n'atteignent que 7 1/2 pour cent du revenu national; nous gaspillons 1 shilling et 6 pence par livre, et il ne nous reste ainsi que 18 shillings 6 d., alors que nous pourrions avoir 1 livre si nous étions plus raisonnables; et cependant ces 18 shillings 6 d. représentent autant que la livre, il y a cinq ou six ans. Nous oublions qu'en 1929, la production brute de l'industrie de la Grande Bretagne fut plus grande que jamais, et que l'excédent de notre balance commerciale, disponible pour de nouveaux placements à l'étranger, une fois nos importations payées, dépasse pour l'année dernière, celui de toutes les autres nations, et est de 50 % plus élevé que l'excédent des États-Unis. Ou encore – si l'on veut faire cette comparaison – supposons que nous réduisions nos salaires de moitié, que nous répudiions les 4/5 de notre dette d'État, et que nous transformions nos excédents de richesse en or improductif, au lieu de les prêter à 6 % ou davantage, nous ressemblerions à la France actuellement tant enviée. Mais serait-ce un avantage ?

La dépression mondiale actuelle, l'anomalie monstrueuse que constitue le chômage dans un monde plein de besoins, les fautes désastreuses que nous avons commises, nous rendent incapables de voir ce qui se passe au-dessous de la surface et d'interpréter le sens véritable des événements. Mais je prédis que les deux conclusions pessimistes opposées et qui font tant de bruit dans le monde actuellement se verront démenties de notre vivant – la conclusion pessimiste des révolutionnaires qui estiment que tout va si mal que seul un bouleversement radical peut nous sauver, et la conclusion pessimiste des réactionnaires qui considèrent que l'équilibre de notre vie économique et sociale est si fragile que nous ne pouvons tenter aucune expérience.

Mon intention, dans cet article cependant, n'est pas de considérer le présent ou l'avenir immédiat, mais de me dégager des contingences trop actuelles et de m'envoler vers l'avenir. Quel niveau de vie économique pouvons-nous espérer atteindre dans 100 ans d'ici ? Quelles sont les perspectives, économiques pour nos petits-enfants ?

Des temps les plus reculés que nous connaissions mettons de 2.000 ans avant Jésus-Christ jusqu'au début du XVIIIe siècle, il n'y eut pas de grands changements dans les conditions d'existence de l'homme moyen vivant dans les centres civilisés de la terre. Des hauts et des bas bien entendu. Épidémies, famines, guerre. Entre temps, des années dorées. Mais pas de changement progressif violent. Certaines périodes sont peut-être de 50 % meilleures – au maximum de 100 % meilleures que d'autres au cours des, quatre mille ans qui s'achèvent, mettons en 1700. Ce rythme lent du progrès, ou cette absence de progrès, provenait de deux raisons : l'absence singulière de toute invention technique importante, et l'incapacité d'accumuler des capitaux.

L'absence de toute invention technique importante, pour ainsi dire des temps préhistoriques jusqu'aux temps modernes, est véritablement singulière. Presque tout ce qui compte, et que le monde possédait au commencement des temps modernes, était déjà connu de l'homme à l'aube de son histoire. Le langage, le feu, les mêmes animaux domestiques qu'aujourd'hui; le blé, l'orge, la vigne et l'olivier, la charrue, la roue, la rame, la voile, le cuir, le lin et la toile, la brique et la poterie, l'or et l'argent, le cuivre, l'étain et le plomb – puis le fer qui s'ajouta à cette liste avant l'an 1.000 avant Jésus-Christ – la banque, la politique, les mathématiques, l'astronomie et la religion. On ne trouve pas de trace de la première apparition de ces choses.

À une époque donnée, avant l'aube de l'histoire, peut-être même dans un de ces intervalles paisibles situés avant le dernier âge de glace – il dut y avoir une vie de progrès et d'invention comparable à celle que nous vivons aujourd'hui. Mais à travers toutes les annales de l'histoire, on ne trouve rien de la sorte.

Les temps modernes ont débuté, je crois, avec la formation d'un capital qui se fit au XVIe siècle. Je crois – ceci pour des raisons dont je ne veux pas charger cet exposé – que cette formation a pour origine une hausse des prix et les bénéfices consécutifs qui en résultèrent, lors de l'apparition de nouveaux trésors d'or et d'argent rapportés par l'Espagne du Nouveau Monde dans l'Ancien. De ce temps à nos jours, la puissance d'accumulation que constituent les intérêts composés et qui semblait en sommeil depuis des générations, ressuscita et retrouva ses forces. Et la puissance que représentent des intérêts composés sur un laps de temps de deux siècles, est telle qu'elle confond l'imagination.

Pour illustrer ce fait, qu'on me laisse donner quelques chiffres qui sont le résultat de calculs auxquels je me suis livré. Le montant des placements étrangers de la Grande-Bretagne aujourd'hui est estimé à environ £ 4.000.000.000. Ceux-ci nous rapportent un intérêt d'un taux d'environ 6 1/2 %. Nous en rapatrions la moitié, et les dépensons; l'autre moitié, soit 3 1/2 %. demeure à l'étranger où ils s'accumulent et forment avec les autres capitaux des intérêts composés. Ceci se passe depuis environ 250 ans.

Car je fais remonter les premiers placements étrangers de la Grande-Bretagne au trésor que Drake vola à l'Espagne en 1580. Cette année-là, il revint en Angleterre, chargé des trophées prodigieux de la Toison d'Or. La reine Élisabeth était une des principales actionnaires du consortium qui finança l'expédition. Avec ses bénéfices, elle remboursa toute la dette étrangère de l'Angleterre, rétablit l'équilibre budgétaire, et se trouva encore en possession de £ 40.000. Elle plaça celles-ci dans la Compagnie du Levant qui fit des affaires florissantes. Avec les bénéfices de la Compagnie du Levant, on fonda la Compagnie des Indes Orientales, et ce sont les bénéfices de cette magnifique entreprise qui constituèrent la base des placements anglais à l'étranger. Or, il se trouve que £ 40.000 placées à 3 ¼ % d'intérêts composés, correspondent environ au volume des placements de l'Angleterre à l'étranger de nos jours et à des dates différentes; elles équivaudraient aujourd'hui à une somme de £ 4.000.000.000, ce qui, je l'ai déjà indiqué, est le montant actuel du total de nos placements à l'étranger. Ainsi, chaque livre rapportée par Drake en 1580 est devenue aujourd'hui 100.000 livres. Telle est la puissance des intérêts composés.

C'est du XVIe siècle, et le mouvement ne fera que s'accentuer à partir du XVIIIe, que commence le grand âge de la science et des inventions techniques; il atteint son plein apogée au XIXe siècle : charbon, vapeur, électricité, pétrole, acier, caoutchouc, coton, industries chimiques, machines automatiques, production en série, T.S.F., imprimerie, Newton, Darwin et Einstein sans compter mille autres découvertes et grands hommes, trop célèbres et trop connus pour qu'on les nomme, constituent le bilan de cet âge d'or.

Quels en sont les résultats ? En dépit d'un accroissement considérable de la population du globe qu'il a fallu doter de maisons et de machines, le standard de vie en Europe et aux États-Unis a été amélioré, je crois, de 400 pour cent. L'accroissement du capital dépasse 100 fois celui d'aucun autre temps. Et dorénavant nous ne devons pas attendre d'accroissement important de la population.

Si le capital augmente, mettons de 2 % par an, le matériel qui constitue les capitaux du monde aura doublé en 20 ans, et sera 7 fois 1/2 plus important d'ici 100 ans. Réfléchissez à ce que cela représente en objets matériels : maisons, moyens de transports, etc.

Parallèlement, le perfectionnement technique de la fabrication et des transports marque un rythme accru au cours des dix dernières années qui n'a pas de précédent dans l'histoire. Aux États-Unis, dans les usines, la production par tête était de 40 % plus élevée en 1925 qu'en 1910. En Europe, nous avons encore un retard qui tient à des obstacles temporaires, mais on peut cependant se risquer sans crainte, à affirmer que l'accroissement qui résulte des progrès de la technique se chiffre par 1 % d'intérêt composé par an. Il y a toutes les chances que la révolution technique, qui jusqu'à présent s'est surtout fait sentir dans l'industrie, s'en prenne bientôt à l'agriculture. Nous sommes peut-être à la veille de transformations, et progrès aussi durables dans la production alimentaire, que ceux auxquels nous avons, déjà assisté dans la production du sous-sol, des objets manufacturés et des moyens de transports. Dans très peu d'années – j'entends au cours de notre propre existence – il nous sera peut-être possible d'accomplir tous les actes que demandent l'agriculture, l'extraction des mines, et la fabrication des objets en ne fournissant que le quart des efforts auxquels nous sommes habitués.

Actuellement l'extrême rapidité avec laquelle se produisent tous ces bouleversements nous blesse, et nous oblige à résoudre de difficiles problèmes. Les pays qui souffrent le plus modérément sont ceux qui ne sont pas à l'avant-garde du progrès. Nous sommes atteints d'un nouveau mal, dont certains lecteurs ne connaissent peut-être pas encore le nom – le chômage technologique. Il désigne le chômage causé par la découverte de procédés nouveaux qui économisent la main-d'œuvre alors que la découverte de nouveaux débouchés pour celle-ci s'avère un peu plus lente.

Mais il n'y a là qu'un état temporaire de réadaptation. Tout ceci signifie, en fin de compte, que l'humanité est en train de résoudre le problème économique. Je prédirais volontiers que le niveau de vie dans les pays qui évoluent sera d'ici 100 ans, de 4 à 8 fois aussi élevé qu'aujourd'hui. Cette hypothèse n'a rien d'invraisemblable en partant de nos connaissances actuelles. Mais l'on peut envisager un progrès beaucoup plus considérable encore.

Supposons pour un instant que d'ici 100 ans, nous soyons tous en moyenne 8 fois plus riches économiquement que nous ne le sommes aujourd'hui. Il n'y aurait là rien de surprenant.

Or il est vrai que les besoins des êtres humains peuvent paraître insatiables. Mais ils peuvent être rangés selon deux catégories : les besoins absolus, en ce sens que nous les éprouvons quelle que soit la situation de nos semblables; les besoins relatifs, en ce sens que nous ne les éprouvons que si leur satisfaction nous procure une sensation de supériorité vis-à-vis de nos semblables. Les besoins qui rentrent dans la seconde catégorie, qui satisfont notre désir de supériorité, peuvent bien en effet être insatiables, car plus le niveau s'élève, plus eux aussi grandissent. Mais cela n'est pas vrai pour les besoins absolus – et on atteindra peut-être bientôt le point (bien plus tôt peut-être que nous ne le supposons) où ces besoins seront si bien satisfaits que nous préférerons consacrer nos énergies à des buts autres que des buts économiques.

Et voici donc ma conclusion, que vous trouverez, je pense, de plus en plus stupéfiante, au fur et à mesure que vous y réfléchirez :

Ma conclusion est la suivante : en admettant qu'il n'y ait pas d'ici là de grande guerre ou un accroissement considérable de population, le problème économique peut être résolu, ou du moins en bonne voie de solution d'ici cent ans. Cela signifie que le problème économique n'est pas – si l'on considère l'avenir – le problème éternel de l'humanité.

Qu'y a-t-il là, vous – demanderez-vous, de stupéfiant ? Mais ceci que – si au lieu de considérer l'avenir, nous considérons le passé, nous nous apercevons que le problème économique, la lutte pour sa subsistance a toujours été jusqu'à présent le problème le plus absorbant de la race humaine, non seulement de la race humaine, mais de toute l'espèce biologique, qu'il s'agisse des formes de vie les plus primitives.

Et la nature nous a expressément façonnés de telle sorte que nos impulsions et nos instincts les plus profonds, se trouvent tournés vers la solution des problèmes économiques. Le problème économique résolu, l'humanité sera dépourvue de son but traditionnel.

Sera-ce un avantage ? Si l'on conserve un peu de foi dans les valeurs véritables de la vie, cette perspective du moins laisse entrevoir certains avantages. Pourtant je songe avec terreur au réajustement de ses habitudes et de ses instincts que devra effectuer l'homme moyen, alors qu'il faudra qu'il se débarrasse en quelques décades de ce qui lui fut inculqué au cours de générations multiples.

Pour employer une expression d'aujourd'hui, ne faut-il pas s'attendre à une dépression nerveuse collective? Nous en avons déjà un vague exemple dans les dépressions nerveuses que l'on rencontre assez fréquemment de nos jours en Angleterre et aux États-Unis, chez la classe des femmes aisées, malheureuses femmes pour la plupart, que leur richesse a lésées de leurs occupations et de leur tâche normale, qui ne trouvent pas assez amusant lorsque l'aiguillon des nécessités, économiques ne les y oblige pas, de faire la cuisine, de nettoyer ou de raccommoder, et qui pourtant ne parviennent pas à trouver autre chose à faire de plus attrayant.

À ceux qui peinent pour gagner leur pain quotidien, les loisirs apparaissent comme une gourmandise ardemment désirée, – jusqu'au jour où ils peuvent à leur tour y goûter.

Connaissez-vous l'épitaphe classique que composa pour elle-même la vieille femme de ménage ?

Ne me plaignez, amis, ne me pleurez jamais
Car je ne ferai rien durant l'éternité.

Telle était sa conception du ciel. Comme d'autres espèrent des loisirs, elle se réjouissait à la perspective du jour où elle n'aurait rien à faire qu'à écouter; car son poème comportait un second verset que voici :


Les cieux résonneront de psaumes, de musique,
Mais moi je ne prendrai jamais part aux cantiques.

Cependant ce ne sera que pour ceux qui prendront part aux cantiques que la vie sera tolérable – mais combien peu d'entre nous savent chanter!

Ainsi pour la première fois depuis ses origines, l'homme se trouvera face à face avec son véritable, son éternel problème – quel usage faire de sa liberté, comment occuper les loisirs que la science et les intérêts composés lui auront assurés, comment vivre sagement et agréablement, vivre bien ?

Ce sont les hommes d'affaires, absorbés par leur tâche, actifs et aptes à faire de l'argent, qui nous entraîneront tous avec eux vers la terre promise de l'abondance économique. Mais ce seront les gens qui peuvent continuer à vivre, et à cultiver l'art de vivre pour lui-même jusqu'à ce qu'ils aient atteint une plus haute perfection, qui ne se vendent pas pour exister, qui seront à même de jouir de cette abondance lorsqu'elle sera atteinte.

Il n'y a pas de pays et pas de peuple à mon avis, qui puisse envisager un âge de loisirs et d'abondance sans appréhension. Car nous avons été trop longtemps habitués à peiner et à lutter, et non à jouir. C'est un problème effroyable pour un être quelconque, qui n'a pas de talent particulier, que de s'occuper, surtout lorsqu'il n'a plus de racines par lesquelles il communique avec la terre, de liens qui l'attachent aux coutumes et aux conventions chères à une société qui vit de traditions. À en juger par les occupations et l'attitude des classes riches aujourd'hui dans toutes les parties du monde, la perspective est fort déprimante. Car ce sont elles qui constituent, si j'ose dire, nos avant-gardes et qui découvrent pour nous la terre promise, et vont en éclaireurs y planter leurs tentes. La plupart ont échoué lamentablement, de ceux qui ayant des revenus suffisants pour être libérés de tout devoir, de toute tâche et de toute attache, se trouvaient devant ce problème à résoudre.

J'ai la conviction, qu'ayant acquis un peu plus d'expérience, nous ferons un usage tout différent des libéralités toutes neuves de la nature, que n'en font les riches d'aujourd'hui et nous tracerons un plan d'existence très différent du leur.

Pendant des années, le vieil Adam laissera en nous de telles empreintes que tout le monde aura besoin de travailler pour être satisfait. Nous ferons davantage nous-mêmes que ne font les riches d'aujourd'hui, trop heureux de conserver de légers devoirs, de nous conformer à de petites tâches et de vieilles routines. Mais en dehors de cela, nous nous efforcerons de mettre dans nos tartines, plus de beurre que de pain – de partager le peu de travail qu'il restera à faire, entre autant de personnes qu'il est possible. Trois heures par jour, et une semaine de 15 heures, constitueront une transition utile pour commencer. Car 3 heures de travail par jour suffiront encore amplement à satisfaire en nous le vieil Adam.

Il faut nous attendre aussi à des modifications d'un autre ordre : lorsque au point de vue social, l'accumulation des richesses ne jouera plus le même rôle, l'on verra se modifier sensiblement le code de la morale. Nous pourrons nous débarrasser de nombreux principes pseudo-moraux qui nous hantent depuis deux cents ans, et qui ont contribué à faire passer pour les plus hautes vertus certains des penchants humains les plus méprisables. Le mobile de l'argent sera estimé à sa juste valeur. On verra dans l'amour de l'argent – non pour les joies et les distractions qu'il vous procure mais pour lui-même – un penchant plutôt morbide, une de ces inclinations plus ou moins criminelles, plus ou moins pathologiques, que l'on remet, non sans un frisson, entre les mains du psychiatre. Nous serons alors libres de rejeter toutes sortes de coutumes sociales et d'habitudes économiques, telles que certaines distributions de richesses, de récompenses ou d'amendes, auxquelles nous demeurons attachés malgré leur caractère injuste et honteux, pour les services qu'elles rendent en encourageant la formation des capitaux.

Il existera toujours de nombreuses personnes dotées d'un vaste besoin d'agir utilement, qui demeureront à poursuivre aveuglément la richesse – si elles ne trouvent pas à se rabattre sur d'autre proie. Mais nous ne serons plus tenus du moins à les encourager et à les approuver. Nous pourrons alors examiner de plus près qu'aujourd'hui en quoi consiste réellement ce besoin d'agir utilement, et que nous possédons tous à des degrés différents. Ceux qui en font montre se préoccupent davantage des conséquences lointaines de leurs actions que de leurs avantages ou de leur répercussion immédiate pour leur entourage. Ils cherchent toujours à conférer à leurs actes une immortalité empruntée et illusoire en reportant l'intérêt de ceux-ci plus avant dans le temps. Ils n'aiment pas leur chat mais ses petits, pas tant ses petits que les petits de ceux-ci, ainsi de suite jusqu'à l'extinction de la race féline. Pour eux, la confiture importe peu si elle ne doit pas être faite le lendemain et jamais le jour même. Ainsi, en remettant toujours à plus tard, espèrent-ils conférer à la fabrication d'un pot de confiture l'immortalité.

Puis-je vous rappeler ici le Professeur de « Sylvie et Bruno » :

« C'est le tailleur, Monsieur, qui vient vous présenter votre petite facture, murmura une voix à travers la porte.

– Bon, bon, je puis vite régler son affaire, dit le professeur à ses enfants. Attendez-moi une petite minute. Quel est le montant de votre facture cette année, mon brave homme ? » Le tailleur était entré pendant qu'il causait.

« Eh bien, ma foi, cela fait tant d'années que je la double, reprit le tailleur d'un ton plus bourru, que je voudrais bien toucher l'argent cette fois-ci. Ça fait 2.000 livres.

– Oh! peu de chose ! observa nonchalamment le Professeur tandis qu'il mettait la main à son gilet, comme s'il avait toujours au moins pareille somme sur, lui. Mais ne voulez-vous pas attendre encore juste un an et que cela fasse 4.000 ? Réfléchissez combien vous seriez riche, grand Dieu! Si vous vouliez vous pourriez être roi!

– Je ne crois, pas que je tienne beaucoup à être roi, dit l'homme pensif. Mais il me semble que cela fait bien beaucoup d'argent. Ma foi, je crois bien que j'attendrai.

– Mais bien sûr, dit le Professeur. Je vois que vous êtes plein de bon sens. Au revoir, mon bonhomme!

– Est-ce qu'il vous faudra lui payer un jour ces 4.000 livres, demanda Sylvie, lorsque la porte se fut refermée sur le créancier.

– Jamais, ma fille, lui répondit formellement le Professeur. Il continuera à doubler, sa facture jusqu'à sa mort. Vois-tu, cela vaut toujours la peine d'attendre un an de plus pour obtenir deux fois plus d'argent! »

Peut-être n'est-ce pas une simple coïncidence qui fait que la race qui a le plus contribué à ancrer l'idée d'immortalité au cœur des hommes, et à en introduire la promesse dans nos religions, soit aussi celle qui ait le mieux servi le principe des intérêts composés et demeure la plus attachée à l'institution humaine la plus efficace.

Je ne vois donc rien qui nous empêche de revenir un jour à certains des principes les plus sûrs et les plus solides de la religion, à ces vertus traditionnelles qui veulent que l'avarice soit un vice, la pratique de l'usure un délit, et l'amour de l'argent méprisable; et que ce soient ceux qui pensent le moins au lendemain, qui se trouvent être sur le sentier de la vertu et de la sagesse. De nouveau, nous estimerons davantage la fin que les moyens et attacherons plus de prix à ce qui est bien qu'à ce qui est utile. Nous honorerons ceux qui seront capables de nous apprendre à cueillir chaque heure et chaque jour dans ce qu'ils ont de meilleur et avec le plus de vertu, les personnes adorables, qui savent jouir de toutes choses, des lys des champs qui ne peinent pas et ne peuvent non plus se filer. Mais prenez garde ! le temps n'est pas encore venu; cent ans au moins encore il nous faudra prétendre vis-à-vis de nous-mêmes et vis-à-vis des autres que, comme disent les sorcières de Macbeth, ce qui est laid est beau, car ce qui est laid est utile et ce qui est beau ne l'est point. L'Avarice, et l'Usure, et la Méfiance sont des Dieux qu'il nous faut conserver encore un petit moment. Car eux seuls peuvent nous guider à travers le tunnel des nécessités économiques, vers la lumière.

Je m'attends donc, dans un temps assez rapproché, au plus grand changement qui ait jamais eu lieu, dans les conditions matérielles de vie d'une collectivité humaine. Mais bien entendu, tout ne se passera que progressivement et il n'y aura pas de catastrophe. En réalité, il y a déjà eu un commencement. Et l'on verra de plus en plus de gens, de plus en plus de noyaux à l'abri de toute préoccupation économique. Le point sensible aura été atteint le jour où cet état se sera tellement généralisé que se seront modifiés les devoirs que l'on a envers son voisin. Car il sera raisonnable de s'occuper encore de l'avenir économique, des autres lorsqu'il ne sera plus raisonnable de, s'occuper du sien.

L'allure à laquelle nous atteindrons la félicité économique dépend de quatre éléments : notre faculté de contrôler l'accroissement de la population, notre volonté d'éviter les guerres et guerres civiles, notre assentiment à confier à la science ce qui est proprement du domaine de la science, et le montant de l'épargne que représentera l'écart entre notre production et notre consommation ; ce dernier facteur n'offrira aucune difficulté, si les trois premiers sont respectés.

En attendant, rien ne nous empêche de nous préparer lentement à nos destinées, en nous cultivant et en nous instruisant dans l'art de bien vivre, tout en recherchant de nouveaux buts.

Mais surtout, n'attachons pas une importance excessive au problème économique, et ne sacrifions pas à des nécessités présumées des valeurs d'une signification plus profonde et plus durable. L'étude des problèmes économiques devrait être confiée à des spécialistes – de même que l'on confie les soins de la bouche aux dentistes. Si les économistes parvenaient à se cantonner dans le rôle d'hommes modestes et compétents sur le même plan que les dentistes, ce serait merveilleux!

Fin. »

Jean Vinatier
SERIATIM 201

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Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Laos, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen

jeudi 20 janvier 2011

Obama/Hu Jintao : la Chine une satrapie d’Asie ? N°832 4e année

Il n’y a malheureusement aucune comparaison possible entre l’accueil fait à Hu Jintao et celui réservé au président du G20, Nicolas Sarkozy. Evidemment, on n’accorde pas la même attention à un animateur qu’à un dirigeant d’une puissance montante même si on la sermonne !
Le soin pris par les autorités américaines, du Président aux présidents de la Chambre, du Sénat de fixer les bornes de l’ambition chinoise à quelque chose de malsain voire de maladroit. Le président des Représentants, le républicain, John Boehner résume, à lui seul, toute cette morgue :
"Les dirigeants chinois ont le devoir de faire mieux et les Etats-Unis celui de leur demander des comptes" (in Le Monde)
Cette phrase aurait pu être dite par un César rétorquant à Cléopâtre ou bien par un Marc-Aurèle agréant toutes les fidélités de ses vassaux d’Asie (in La chute de l’empire romain)
Sans doute les Américains voulaient-ils gommer de leurs mémoires les déconvenues de Robert Gates en visite à Pékin au moment de la sortie du nouvel avion militaire furtif chinois le J-20.
Plus encore, cette puissance étoilée ne parvient pas à se départir de l’idée que le monde ne peut être divisé qu’en deux, un bon et un méchant. On est bien loin du traité de Tordesillas qui délimitait par souverain pontife interposé, les influences de deux royaumes conquérants, l’Espagnol et le Portugais. Le problème est que la Chine n’entend pas du tout entrer dans une logique de confrontation. Elle pose ses marques, assure ses indépendances, défend son marché intérieur et aspire à une vie harmonieuse selon son credo. Que cette marche vers un nouvel empire du Milieu soulève des problèmes nul n’en disconvient mais faut-il, pour autant, laisser les Etats-Unis bâtir leur propre film et dicter les paroles des uns et des autres ? Naturellement pas. Le monde doit être multipolaire. Si l’Europe était une puissance politique, sans doute, ces comportements seraient différents.
Le plus extraordinaire dans cette visite marquée par tant d’avertissements et si peu d’habileté, est cette certitude américaine de gouverner les cinq continents, de dire son fait sans se regarder soi-même. Reprocher à la Chine son égoïsme quand les Etats-Unis font tourner la planche à billets comme s’ils étaient les seuls au monde et se gardent bien de faire leur mea culpa après la crise financière dans laquelle ils ont une responsabilité écrasante. Se croire, enfin, les grands prêtres des Droits de l’Homme alors que Guantanamo, les enlèvements de tel ou tel individu décidés d’une manière unilatérale sont là pour appeler à la modestie sans oublier l’invasion, hors les lois internationales, de l’Irak en 2003. Quand on est si peu respectueux d’un modèle de société que l’on vante pourquoi la Chine ne s’offusquerait-elle pas qu’on la pointe du doigt ?
Ce propos n’érige pas du tout la Chine en modèle. Il est simplement étonnant que deux puissances dotées d’autant d’atouts que de faiblesses loin de se compléter ne s’escriment qu’à se caresser les côtes quitte à se blesser.
Pourtant, à Washington, bien des groupes ou lobbies pensent que la Chine ne devrait être qu’une satrapie !

Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2011

Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Laos, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen

mercredi 19 janvier 2011

Mohamed Hédi Cherif: « Le Tricentenaire de la dynastie husseïnite est une date importante dans l’histoire de la Tunisie » N°831 4e année

Un petit retour sur l’histoire de la Tunisie d’avant la République proclamée en 1957, par le professeur Mohamed Hédi Cherif qui souligne, justement, l’importance de cette dynastie beylicale. N’est-ce pas Sadok Bey(1813-1882) qui proclama en 1861 la première constitution écrite du monde arabe : séparation des pouvoirs, égalité des droits entre les musulmans, les juifs et les chrétiens ?


Ci-dessous le lien :
http://habibbourguiba.net/index.php/articles-et-documents/iv-de-la-monarchie-a-la-republique/101--la-dynastie-husseinite-par-mohamed-hedi-cherif-1977


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mardi 18 janvier 2011

Jean-François Bayart : « Indécences franco-tunisiennes » N°830 4e année

Ci-dessous le lien vers un fort bon article d’analyse de l’ancien directeur du CERI et toujours directeur de recherche au CNRS :



Jean Vinatier
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lundi 17 janvier 2011

« Tunisie : Voilà de quoi est capable la Jeunesse » N°829 4e année

Je reproduis un article d’un journaliste congolais, Patrick Eric Mampouya. Tout le monde a les yeux rivés sur le monde arabo-musulman oubliant un peu vite que la Tunisie se situe en Afrique. En Afrique Noire, aussi, la révolution tunisienne pourrait électriser !


« Mohamed BOUAZIZI Héros de la révolution Tunisienne
Voilà ce qui arrive quand un régime "suffisant" et autiste refuse de voir que sa population n’a plus les mêmes aspirations que ceux qui prétendent la gouverner.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le cas de la Tunisie fera nécessairement tache d’huile….
A présent la question de l'emploi des jeunes sera l'élément moteur de toutes les contestations sociales dans la majorité des pays dirigés par des pouvoirs dictatoriales et autocratiques.
La Côte d’Ivoire (toutes tendances confondues) a rêvé d’un changement politique d’envergure, la Tunisie l’a fait. "Tunisie amie" : c’était la formule laconique d’une pub de tour opérator vantant le statut hautement touristique de ce pays. Aujourd’hui, tous les damnés de la Terre aiment la Tunisie. Pas pour le tourisme mais pour tous les risques que son peuple a pris avec succès.
Il y a encore une semaine, le pays ami, c’était la Côte d’Ivoire, laboratoire de la révolution anti-françafrique. Mais la tournure lassante que prennent les évènements dans ce pays a désenchanté chacun.
Comme l’histoire est capricieuse !

Figurez-vous que Marx avait prévu la révolution communiste de 1917 en Angleterre. Au bout du comte elle est arrivée en Russie. Les Africains avaient encore récemment tout misé sur la Côte d’Ivoire, bastion de la résistance contre la nébuleuse appelée "Communauté Internationale" et sa pléiade de dictateurs placés en Afrique comme des pions sur un jeu d’échec avec ses rois, ses reines et ses fous.
La Tunisie a coiffé la Côte d’Ivoire au poteau. Ben ALI, le tombeur de BOURGUIBA est lui-même tombé, emporté par les effets de sa propre dictature. Véritable fou (aussi fou qu’Omar BONGO), Ben ALI, au pouvoir depuis 25 ans, n’a pas hésité de tirer sur la foule de manifestants qui en voulait à son pouvoir.
Après avoir promis qu’il n’allait plus postuler pour un énième mandat en 2014, il croyait amadouer ses compatriotes. 24 h après sa promesse de gascon, le tyran chérifien a finalement pris la tangente vers une destination connue pour abriter les potentats africains : les Emirats Arabes.
La chute de ce baobab du Maghreb a fait saliver de plaisir les peuples des pays d’Afrique qui ont à leur tête des Présidents à la longévité politique excessive. Autant dire, tous, sauf les ghanéens, une exception culturelle au milieu d’un vaste réseau de populations à la merci de dictateurs déments.

Congo-Tunisie

Les similitudes extravagantes de la Tunisie de Ben ALI avec le Congo Brazzaville de Denis SASSOU NGUESSO sont frappantes. A part le développement économique que même les observateurs les plus critiques ne dénient pas au pays du dictateur déchu, népotisme, despotisme, kleptomanie, dérives, délires, démesure caractérisent les régimes de Denis SASSOU NGUESSO et de Ben ALI. Et les Congolais (plus que tous les autres Africains) de songer avec une soif indescriptible à un scénario à la tunisienne.
"Ils l’ont fait !" se sont dits les Congolais en songeant au sort que les Tunisiens ont réservé à un Président réputé cruel et invincible. Mais alors s’ils "l’ont fait" c’est que "nous aussi, on peut le faire" ; une équation politique pas forcément logique mais à laquelle l’énergie du désespoir donne crédit.
C’est que les déterminations ne sont pas les mêmes selon que le mouvement social concerne les Congolais ou les Tunisiens, les Africains au sud du Sahara ou les Africains du Maghreb.
La crise tunisienne a démarré suite à des revendications banales de type alimentaire. Puis l’étincelle est devenue immense brasier, un vaste incendie alimenté par les actions concertées d’une multitude de groupes de pression structurés et de groupes informels. Or les Congolais, échaudés par plusieurs guerres civiles et par un pouvoir politique féroce, ont désormais peur du moindre bruit de bottes.
Mais en même temps, le cas tunisien a démontré qu’aucun régime, fut-il foncièrement militarisé et profondément policier, n’est immuable. D’où cette soudaine mobilisation lisible dans la diaspora africaine, particulièrement congolaise.
"Tia bwa landakana" (battre le fer quand il est chaud), ha ba dila nguba ni ha ba sukula nwa. Autant d’invitations à une prise de conscience dans une situation de crise politique internationale. Il y a la Cote d’ivoire, il y a la Tunisie, l’Algérie. A qui le tour ?

Courage, fuyons !

Sans être dans le secret des Dieux, on peut néanmoins imaginer l’impact de la révolution tunisienne chez les homologues congolais du clan Ben ALI.
On a vu que les membres du clan Ben ALI tiennent à leur vie et, la fuite est une stratégie de survie qu’ils ont mise en pratique. Certains avec succès, d’autres non.
Antoinette SASSOU NGUESSO a dû s’intéresser au mode de gestion de sa sauvegarde développée par l’épouse de Ben ALI face à la vindicte publique. On dit (Libération du 14 janvier 2010) que Mme ALI Ben avait déjà filé à l’anglaise vers Dubaï quand ça commençait à sentir le roussi.
La question est la suivante : les Willy, Kiki et autre Edgar NGUESSO ont –ils songé à assurer leurs arrières ? La réponse est sans doute Oui !

L’exil sera dur

Lieu classique d’asile des dictateurs ayant échappé à la mort dans leurs pays respectifs, la France a fermé ses portes à Ben ALI. Exit le pays de l’ami SARKOZY. Avec l’affaire des biens mal acquis, le clan NGUESSO devrait, dans ce cas, envisager un autre lieu d’exil si jamais les Congolais sifflent, comme en Tunisie, la fin de la partie.

Faut-il s’étonner du silence français ?

Par Emmanuel MARTIN
Alors que les éditos s’enchaînent sur la question du silence, non pas de la France, mais de son exécutif sur la question des violences en Tunisie, la Ministre française des Affaires étrangères a déclaré que la France pourrait prêter son savoir-faire à la Tunisie, et à l’Algérie, pour... sécuriser les manifestations.
La patrie des droits de l’homme va aider des dictateurs à "encadrer" la révolte légitime de leur peuple ? Ce ne serait pas la première fois. La "pacification" new look en somme. N’est-ce pas finalement dans la continuité non seulement de la politique africaine de la France depuis les indépendances, mais aussi d’une vieille tradition française profondément anti-libérale ?

L’ami Ben ALI

En effet, interrogée mardi 11 janvier dans l’hémicycle par le député Jean-Paul LECOQ sur "cette incohérence de notre pays : d'un côté la France appelle au respect de la démocratie en Côte d'Ivoire alors que de l'autre elle soutient de manière indéfectible la dictature de M. Ben Ali" Michèle ALLIOT-MARIE, Ministre des Affaires étrangères a pu déclarer dans sa réponse, qui inclut l’Algérie, : "Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type... C'est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays dans le cadre de nos coopérations, d'agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité". En bref, allons aider Ben ALI en Tunisie et les généraux en Algérie à rester au pouvoir, mais en faisant un peu moins de morts ?
Après tout, pour Michèle ALLIOT-MARIE, en France "nous n’avons pas nous ériger en donneurs de leçons". Ou quand ça nous arrange donc. Et Michèle ALLIOT-MARIE n’est pas la seule : Frédéric MITTERRAND, qui n’a décidément rien à envier à son tonton en matière de soutien aux dictatures, estimait lui dimanche sur Canal + que "dire que la Tunisie est une dictature univoque, comme on le fait si souvent, me semble tout à fait exagéré".
Pour Luc CHATEL comme pour le porte-parole du gouvernement François BAROUIN, "la France n’a pas à s’ingérer dans les affaires de la Tunisie". Quand à Éric BESSON, si prompt à aboyer en matière d’immigration, et qui donc devrait avoir au moins réfléchi aux causes de l’immigration, il n’a soudainement "pas d’avis particulier sur la situation en Tunisie".
Même quand, un peu plus tard, un professeur d'informatique à l'université de technologie de Compiègne, Hatem BETTAHAR, est tué par des tirs de la police à Douz ? Enfin le premier Ministre François FILLON s’exprime pour s’alarmer de "l'utilisation disproportionnée de la violence". (Selon la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH) il y aurait eu alors 66 morts depuis le début du mouvement de protestations).
Le premier ministre François FILLON a ainsi appelé "l'ensemble des parties à faire preuve de retenue et à choisir la voie du dialogue". Le "dialogue" ? En Tunisie ? M. FILLON est visiblement mal informé : le dialogue suppose que les deux parties puissent s’exprimer, il suppose la liberté d’expression. Bien sûr, il ne s’agit pas ici de prôner la révolution en appelant à la violence et à la destruction plutôt qu’au dialogue, mais simplement de critiquer la fausse naïveté d’un premier ministre.
Ce manque total de principes, cette "hyper Realpolitik", tout cela est consternant. L’ami de la France, c’est le peuple tunisien, opprimé depuis trop longtemps ; et non un dictateur qui étouffe son peuple au nom d’un développement en partie illusoire et pour protéger ses intérêts corrompus. Quant à l’argument "Ben ALI plutôt que les islamistes", il ne vaut pas grand’ chose : l’intégrisme religieux pousse sur le terreau de l’oppression.

SARKOZY et les dictateurs africains

Il aurait donc fallu condamner la répression sanglante. Mais le gouvernement français ne fait que suivre la ligne de son Président. Et ce Président ne fait que suivre la ligne de ses prédécesseurs.
On se souvient pourtant un soir de victoire électorale, un certain Nicolas SARKOZY faisant un vibrant appel "à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et les dictatures" : La France serait "du côté des opprimés du monde".
En recevant KADHAFI sur les pelouses de l’Élysée ? En soutenant sans le dire Ali BONGO ou Denis SASSOU NGUESSO dans des élections tripatouillées en 2009 ? Ou Ben ALI en 2008 en Tunisie, pays où "l’espace des libertés progresse", car "tout n’est pas parfait en Tunisie, certes. Tout n’est pas parfait en France non plus". Oui, visiblement, tout n’est pas parfait en France non plus...

La France anti-libérale

Le vice français est profond : c’est la suspicion à l’égard de la liberté individuelle. Qu’on ne s’y trompe pas : la gauche française soutenait un système qui marchait au goulag et au laogaï. Par humanisme paraît-il. La voir critiquer aujourd’hui le soutien gouvernemental à Ben ALI fait donc sourire. Elle n’a rien à envier à une droite conservatrice : droite comme gauche françaises sont viscéralement anti-libérales.
Contre la liberté entrepreneuriale qui seule permet le développement, elles défendent le monopole (caractéristique d’ailleurs de ce système mafieux qu’on nomme la Françafrique), ainsi que le dirigisme et l’étatisme, qui mènent à l’autoritarisme et au flicage.
Quand le jeune BOUAZIZI s’est immolé, c’est pour le droit de vendre des fruits et légumes pour subvenir aux besoins de sa famille alors que des policiers lui avaient confisqué son matériel.
Les Tunisiens ne sont pas anarchistes : ils veulent simplement que leur État corrompu arrête de "s’ingérer dans leurs affaires", qu’il les laisse respirer. Enfin. »



Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2011

Source:


http://mampouya.over-blog.com/

Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Laos, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Vatican, Venezuela, Vietnam, Yémen