L’annonce par Donald Trump de transférer l’ambassade des Etats-Unis à
Jérusalem est aussitôt considérée comme la reconnaissance ipso facto de la
capitale israélienne aux dépens de Tel-Aviv. L’Arabie saoudite, qui prône le
wahhabisme, et la Russie ont soutenu le choix de la Maison Blanche à l’inverse
de la Chine. Quant à la France, elle a fait connaître son désaccord s’appuyant
sur les nombreuses résolutions onusiennes.
Donald Trump fait voler en éclat des années d’une grande
hypocrisie : il suffit de regarder les cartes pour regarder le découpage
lent et régulier de la part d’Israël contre les Palestiniens, manœuvres que les
Etats arabes n’empêchèrent plus véritablement depuis 1973. Jérusalem-Est ne
cesse pas d’être morcelée via des programmes immobiliers qui expulsent les
habitants arabes : qu’a fait la communauté internationale ? Rien. Des
décennies de rien et de pantomimes permettent maintenant dans un contexte de bouleversements
des rapports de force asiatiques dont ceux orientaux, au Président américain de
briser la fiction d’une narration à laquelle personne n’entendait risquer le
moindre sou.
L’Arabie Saoudite, Israël, les Etats-Unis, l’Iran, la Turquie et la
Russie seront les forces qui redessinent l’Orient via les gazoducs, oléoducs
sous couvert de rivalités réelles entre sunnites et chiites tandis que la Chine
via les routes de la soie (maritime et terrestre) se prépare à y peser. Les
conflits sont donc inévitablement en gestation. En « donnant »
Jérusalem à Israël, il l’insère dans une coalition et l’empêche, croit-il, de
faire cavalier seul. Pour Israël, c’est le couronnement d’un travail constant
qui lui ouvrirait la voie à un grand Israël dont les limites se trouveraient
selon des groupes d’extrême droite à Médine et La Mecque. Le gouvernement de
Tel Aviv a compté jusqu’à peu de temps sur un éclatement de la péninsule
arabique, désormais, sans oublier ses desseins, il fera bonne figure à Ryad :
pour combien de temps ?
Pour les Palestiniens, c’est une défaite terrible, une de plus diront
les fatalistes, la dernière répondront d’autres : y aura-t-il une intifada ?
Pour l’heure, les voici réduits au bon vouloir, les voici des vagabonds sur
leur sol.
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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