Les élections suédoises
n’eurent pas pour résultat de précipiter une crise politique, elles assurent,
cependant, aux Démocrates de Suède (extrême droite) la confirmation de leur
progression politique quand les partis traditionnels reculent. En tout cas,
cette élection législative ne dépare pas le paysage de l’Union européenne
laquelle se revêt de couleurs de plus en plus automnales. L’intérêt de ce
résultat se fait quand on le rapproche d’un scrutin similaire intervenu au
Royaume des Pays Bas en mars 2017 où l’extrême droite menée par Geert Wilders
(PVV) ne parvint pas à bousculer l’échiquier politique.
Le parti néerlandais de la
liberté (PVV) et les Démocrates de Suède ont en commun un discours violemment
anti-migrants qui rencontre une écoute de plus en plus grande auprès des électeurs
néerlandais et suédois qui ne se décident pourtant pas à franchir le pas alors
que chaque royaume respectif connait des situations économiques et sociales
détériorées bien éloignées de l’âge d’or d’une « social-démocratie ».
Les discours protestataires semblent trouver leur point de chute. Il manque (et
certains s’en réjouiront) des propositions sociales, économiques qui
formeraient la base d’un programme de gouvernement. Il est certain que les
électeurs néerlandais et suédois quoique séduits par quelques vérités énoncés
par le PVV et le SD savent bien que les migrants arrivés ne seront jamais
reconduits en masse à la frontière et attendent qu’on leur propose à la fois un
programme qui stoppe ou régule très drastiquement les migrations tout en
intégrant l’impact économique, social et religieux des nouveaux arrivés devenus
néerlandais et suédois. L’électeur en Europe a une caractéristique double l’inquiétude
identitaire et l’évidence que leur nation a changé avec en toile de fond une
Union européenne incapable d’identité politique, de souveraineté.
L’Autriche est un cas
particulier puisque l’extrême droite depuis un moment gouverne des provinces
quant à l’Italie, son cas étonne toujours les Européens mais bien moins les
historiens qui savent bien que ce pays est le seul à savoir associer carpe et
lapin. Le cardinal de Richelieu dans ses premières conversations avec le futur
cardinal de Mazarin s’étonnait de l’étrange cheminement des combinaisons
italiennes quand le grand oncle de Vergennes, Théodore de Chavigny s’interrogeait
au XVIIIe siècle sur les singulières « italiques « de cette
péninsule.
Ces observations critiques
ne doivent pas gommer le fait que les partis traditionnels doivent pour garder
le pouvoir prendre chez les extrémistes ou populistes ou nationalistes
certaines de leurs idées et remarques. Si
les extrêmes ne l’emportent pas, leurs propos infiltrent les états-majors adverses,
preuve s’il en est de leur perte de vitesse. Quand on jette un regard rapide,
on s’aperçoit qu’il ne manque pas grand-chose pour que des partis autres qu’habituels
ne renversent l’échiquier. Chaque pays de l’Union européenne est métissé cela
va du quasi néant à une part importante. Le discours protestataire s’il veut
passer le Rubicon avec succès ne peut se contenter de la seule hostilité
anti-migrants, il doit proposer un projet de société cohérent et crédible tant
démocratique que démographique que nombre de ses potentiels électeurs ont inconsciemment/consciemment
intégré. Les électeurs n’ont plus confiance dans les partis classiques mais se
défient de ceux qui, pour l’heure, ne sont pas encore neufs.
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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