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jeudi 26 août 2021

Kaboul : le tentation Atlantique au-delà le 31 août N°5699 15e année

Les Européens ont-ils la tentation afghane ? Pour l’heure, nous n’avons que des déclarations et des propos dont ceux de Sandrine Rousseau qui verraient d’un bon œil l’arrivée d’afghans mêmes terroristes car, ainsi, pourrait-on, selon elle, mieux les surveiller !!!!! Une ministre canadienne considère les Afghans comme « nos frères »… » …sans omettre toute une série émotionnelle au sujet de femmes afghanes celles , les urbaines/connectées. Les Européens sont face à leur dilemme : au nom du mondialisme, accueillir est une évidence, au nom de la sécurité, réguler les flux quand tous, se retrouvent d’un soutien indéfectible aux États-Unis. Emmanuel Macron a illustré cette position « en même temps » : terrorisme d’un côté, flux migratoires de l’autre :  concilier, sans le dire, sans trop le faire mais en le faisant.

L’incapacité européenne à raisonner hors de lunettes américaines s’affiche une fois de plus . Lors du mandat de Trump quand le POTUS disait son peu d’intérêt pour l’Otan, les Européens hurlèrent au loup alors même que s’offrait à eux l’occasion de se saisir de cette organisation : quand un Emmanuel Macron évoquait « une mort cérébrale » de l’Otan, il ne voulait pas en sortir mais, en déplorait seulement l’état. Aujourd’hui, avec les événements afghans où plane l’idée américaine de rester au-delà du 31 août, les Européens, loin de se placer en force médiatrice entre Kaboul et Washington, voudraient monter dans le navire états-unien sans même penser que leurs objectifs ne seraient pas similaires et oubliant, au passage, que l’Asie et l’Afrique nous regardent !

On devine la grande ligne qui amènerait les Européens à repartir en Afghanistan : anéantir le terrorisme et sauver les femmes (Georges Marchais évoquait l’abolition du droit de cuissage pour justifier l’action soviétique en 1979). Pour le terrorisme, jusqu’à présent, rien n’a prouvé que les talibans de 1995 en étaient les moteurs essentiels, rien n’indique non plus que ceux de 2021 le seraient aussi alors même que l’Asie entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle a changé profondément. Demandons-nous si, le fait de nous répéter le retour du terrorisme ne servirait pas d’abord à nous serrer un peu plus, à rendre logique d’autres lois liberticides pour le cas où les variants n’opéreraient plus ? Sans sous-estimer l’impact d’un retour des talibans sur les autres groupes (Daech, Al-Qaïda, Boko-Aram…etc.), nous voyons bien que la grande tendance des États de l’aire Atlantique est d’abord de contenir dans des nasses leur population propre. Cependant, à la grande différence des Européens, les États-Unis sont pour beaucoup dans l’émergence de la carte islamiste et que cette dernière garde toute son actualité et aussi un futur contre les Chinois, les Russes et, aussi, les Indiens pour les attirer vers Washington. Répétons, une fois encore, que la Maison blanche sait bien qu’avec la « peur musulmane » on apeure, aussi, les Européens pour le cas bien hypothétique où ces derniers briseraient les lunettes américaines qui en font des daltoniens.

Il n’est donc pas illogique de voir les chefs européens se diriger, le cas échéant, vers un retour en terre hostile, la fleur au fusil, toujours pénétrés de l’idée de défendre les bonnes causes. Au risque de choquer, dans les campagnes et petites villes afghanes, les talibans sont vus comme des gens « honnêtes » par rapport à tous leurs dirigeants mis en place par les Américains plus pourris les uns que les autres de Karzaï à Ghani.

Si d’aventure, les Européens retournaient en Afghanistan, loin de se renforcer, ils s’affaibliraient davantage car ils nourriraient ce qu’ils prétendraient combattre. Les États-Unis ont une politique d’abord américaine qui place leurs atouts selon des intérêts propres parce qu’ils sont les souverains de ce qu’ils font, à tort ou à raison. Les Européens ont cette caractéristique de se défaire de la souveraineté de chaque État dans une entité, l’Union européenne, qui se veut a-politique, et anti-société, aux antipodes donc des États-Unis.

Hormis le 11 septembre, les États-Unis sont bien plus éloignés du danger islamiste que le continent européen qui ne mesure pas très bien ce qui forme depuis l’Afrique et pas seulement sahélienne. Si les Européens avaient une once d’intelligence, ils répondraient plus positivement à l’argumentaire français pour une fois lucide et agiraient, aussi, solidairement auprès des puissances maghrébines pour apaiser leurs différents ancestraux.

Avec un très mauvais jeu de mot, je dirai que retourner en Afghanistan pour défendre la femme serait en réalité se voiler la face (bonne conscience)…quand de vrais enjeux, géopolitiques, géostratégiques, géo-terroristes, géo-démographiques, géo-climatiques s’imposeront inévitablement.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

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