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samedi 21 août 2021

Pas de printemps pour Gorbatchev ! N°5695 15e année

Il y a peu de documentaire de cette qualité qui allie dureté et douceur. Avec le Dernier socialiste, titre du documentaire diffusé tout récemment sur Arte, nous avons un portrait réussi du dernier dirigeant de l’URSS, russe d'un bout à l'autre.

Une villa peu engageante, un intérieur triste, un ascenseur diffusant un halo de lumière, une salle à manger où il mange seul, Mikhaïl Gorbatchev se lève difficilement, se traîne vers sa voiture le conduisant vers sa fondation dont la taille se réduit d’année en année. 

De l’homme jeune avec son épouse adorée, Raïssa aux nouveaux portraits devant lesquels il se signe, à aujourd’hui, gonflé par la maladie, presque impotent mais gardant toute sa tête, nous passons plus d’une heure à parcourir sa vie autour de ce moment historique (glasnost, perestroïka) de la réforme échouée de l’URSS terminée par un putsch (Eltsine) : « Pour les Européens, vous êtes un héros mais pas pour les Russes » « L’histoire est une dame capricieuse. » 

Voici un homme qui vit depuis noël 1991, date de la fin de l’URSS, en désespérant de jouer un rôle en Russie qu’on lui refuse. Vladimir Poutine n’a guère de tendresse pour lui tout en veillant à son confort : il ne lui pardonne pas l’échec. Effectivement, c’est bien la seule chose que l’on vous reprochera : d’échouer en politique et qui plus est de perdre le pouvoir. Je me souviens d’un très bon film russe (Tsar de Pavel Lounguine), narrant les entretiens entre Ivan IV et, son ami, le métropolite Philippe où tout tournait autour du pouvoir et de son non-partage : un face-à-face politique mortel, glaçant ! 

Sur un ton apparemment léger presque badin parfois, Gorbatchev a cette dignité du détachement de ce qu’il voit, regarde pour mieux mémoriser ce qu’il fut et qui en reste en lui : l’être soviétique. 

Entre histoire familiale et Histoire tout court, quelques traits mordants sur les « grands » de ce monde, ce qui est le plus beau dans ce documentaire est tout ce qui ravive Raïssa, comment il ne s’en sépare pas quoi qu’on lui dise et de sa philosophie des événements passés où il n’hésite pas à dire sa faiblesse (bons sentiments) : « je ne coupe pas les têtes », « privilège d’un tsar » 

 

Jean Vinatier 

Seriatim 2021

 

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