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lundi 22 octobre 2007

Tim Cross et Vergennes N°58 - 1ere année

Le long article du journaliste Heidi Kingstone (Sunday Times) autour de la catastrophique campagne militaire de 2003 en Mésopotamie redonne un coup de projecteur salutaire.
Qui sait, maintenant, l’étendue de ce désastre, hélas, annonciateur d’autres ? Outre l’argent englouti par les USA (500 milliards de dollars), plus un budget de fonctionnement pour le Pentagone qui monte annuellement à 650 milliards de dollars, chiffres rappelés par Philippe Grasset (
www.dedefensa.org ), c’est le récit du général britannique Tim Cross rapporté dans l’article qui donne le coup de grâce à cette folie et pose des questions dramatiques.

Cet officier général coordonnait la préparation de l’invasion de la Mésopotamie aux côtés des Américains au début de l’année 2003. Il rapporte la sous-estimation non seulement de l’opération militaire, mais des moyens à consacrer pour l’après conflit, et aussi les conséquences géopolitiques régionales. Tony Blair informé passa outre. Tim Cross ne démissionna pas. Il dit, alors, à quelques journalistes, ses craintes. Craintes, maintenant, confirmées au centuple Folie, vanité ? La communication boutant l’intelligence, la réflexion, la stratégie, la tactique hors le bon sens ! Voilà en l’espace de quatre années et à l’aube de la cinquième le résultat sanguinaire de la société anglo-saxonne prise au grand jour dans une guerre sans frontière, à la poursuite d’un ennemi insaisissable ou invisible, commise au détriment du droit international des nations.
Un des premiers points dramatiques n’est-il pas ce mépris pour le droit, la légalité ? Pensons, un instant que l’ONU et la plupart des organisations internationales sont issues des cerveaux anglo-saxons en 1944/1945 ! Rappelons que ce nouveau monde a généré un droit international, le leur ! Et c’est précisément celui-ci que deux pouvoirs happés par des religiosités jettent aux orties avant de se déchaîner contre la France qui vint leur redire ce qu’ils étouffaient.
Jacques Chirac et Villepin se plaçaient d’un coup sur les pas de Louis XVI et de son ministre le comte de Vergennes. Au lendemain du premier partage de la Pologne, ce dernier écrivait au monarque de 20 ans, sa conception des affaires étrangères le 8 décembre 1774 «
Le mépris absolu des principes de justice et de tolérance qui caractérise la conduite et les entreprises de quelques-unes des puissances contemporaines, doit être un sujet puissant de réflexions sérieuses et même de mesures de prévoyance pour ceux des Etats qui se dirigent par des maximes plus saines, ne placent pas sur une même ligne le juste et l’injuste […] Si la force est un droit, si la convenance est un titre, quelle sera désormais la sûreté des Etats ? Si une possession immémoriale, si des traités solennels qui ont fixé les limites respectives ne servent de frein à l’ambition, comment se garantir contre la surprise et l’invasion, si le brigandage politique se perpétue, la paix ne sera plus qu’une carrière ouverte à l’infidélité et à la trahison […]Dans cette défection générale des vrais principes, quel parti pourrait prendre la France ? »
La réponse fut donnée et toute l’assemblée des nations unies applaudit debout !
La société anglo-saxonne se donne le coup de dague en plein cœur en accusant le « rest of the world » de sa propre blessure ! L’aveu du général Tim Cross a le mérite de dire tranquillement les écueils sur lesquels la planète est. Ne voyons-nous pas le tragique de cette fuite en avant ? La Turquie via les Kurdes, la Palestine, la Perse, l’Afghanistan, le Pakistan, la Somalie, le Soudan (Darfour) sont des coups de massue contre les peuples ensanglantés. Craignons de voir d’autres instances internationales telle l’OTAN exiger de nos citoyens de devenir des supplétifs ? Le désordre du monde grandit. Les peuples pâtissent. Le moment grave tient justement dans ce délitement universel des valeurs, des principes, du bon sens.
Les observations du général Tim Cross ont un poids supplémentaire parce qu’elles émanent d’un soldat lequel obéit à des engagements, à des serments. Et l’officier qu’il est appréhende le poids croissant des mercenaires (p.e Blackwaters) répartis sur tous les continents. Des généraux américains tirent aussi la sonnette d’alarme.
Le droit international et l’institution militaire s’affaissant simultanément au cours d’une guerre hors la légalité, c’est toute l’Europe et les Etats-Unis qui vacillent.

©copyright Jean Vinatier 2007

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