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vendredi 5 octobre 2007

Ukraine orange pressée N°47 - 1ere année

L’arrivée prochaine du Président de la République ukrainienne, Viktor Iouchtchenko, en France remet la lumière sur ce jeune état. Les dernières élections législatives de septembre dernier ne risquent pas de calmer le jeu politicien. Le parti des Régions (pro-russe) arrivé en tête avec 34% des suffrages voit le pouvoir lui échapper devant la coalition, en principe formée, du Bloc de Ioulia Timochenko et de Notre Ukraine, parti dudit président.
Retour en arrière. En novembre/décembre 2004, la révolution orange permit à l‘actuel chef de l’Etat de l’emporter sur son rival, Viktor Ianoukovitch (parti des Régions)qui était le dauphin de fait du Président sortant Leonid Koutchma. Depuis, la vie politique ukrainienne ne cessa pas de conduire d’une crise à une autre sous le regard attentif de Moscou et de l’espérance de Washington. Les tensions intérieures se focalisent, au niveau de la classe politique, sur la question otanienne et le gaz russe.
Kiev joue, semble-t-il, de malchance puisque tous les sujets précités la soumettent au chantage russe, aux atermoiements de l’Union européenne et aux calculs américains.
Où est donc l’Ukraine ? En Russie, en Europe ? Sur cette interrogation, je répondrai que la principauté de Kiev fut la première Russie du IXe siècle au XIIIe siècle. Conquise par les Mongols avant de connaître le gouvernement lithuanien et polonais pendant deux siècles. L’autorité de Saint-Pétersbourg s’imposera au XVIIIe siècle. L’Ukraine occupe donc une place singulière au carrefour des ambitions des puissants voisins y compris l’empire Ottoman. L’Ukraine subira de plein fouet la répression communiste et l’occupation nazie de 1941 à 1943. Ce pays peut-il continuer à se sentir pro-russe quand le lointain souvenir du royaume de Pologne l’inclinerait vers l’Europe. La population est plus partagée. Sur la question de l’entrée dans l’OTAN, la réponse est négative à l’opposé de la majeure partie de la classe politique sensible aux programmes démocratiques fournis par la pléiade d’associations caritatives ou fondations américaines qui déferlent dans tous les anciens pays du bloc de l’Est.
Vladimir Poutine ne cache pas son désir de récupérer l’Ukraine. Georges Bush fidèle à l’idée washingtonienne de contenir la Russie sur toutes les frontières ne tient pas à reculer. L’Union européenne sous la pression, sans doute, de la Pologne ne la repousserait pas. Mais le problème soulevé par l’OTAN bloque toute initiative continentale. Le cas de la Georgie est intéressant. A son désir d’intégrer l’OTAN, le ministre de la Défense nationale, Morin répond –avec l’aval de l’Elysée – qu’il faudrait avoir le sentiment de Moscou ! Si une telle réponse est signifiée à ce pays, l’Ukraine risque, en toute logique, de se heurter à un refus poli. Ce sera l’un des moments forts de la visite du président ukrainien à Paris.
L’approvisionnement en énergie de l’Europe via la Russie traverse le territoire ukrainien. Là aussi, les Allemands ne veulent pas d’une dispute avec Poutine.
Sur deux points essentiels, l’énergie et le traité militaire, l’Ukraine dépend donc assez totalement du bon vouloir russe et du pragmatisme européen. La liberté de manœuvre de Viktor Iochtchenko ne peut pas grandir. Une situation aussi bancale et fragile laisse toute latitude à Washington de miser une fois de plus sur le désordre pour peser contre l’Union européenne ; à Moscou de s’applaudir, de moquer davantage les institutions sises à Bruxelles, de prendre une à une les puissances qui lui conviennent en négociation.
Le Président Sarkozy pensera tout naturellement à son séjour officiel en Russie en écoutant le président ukrainien.
L’Ukraine est une orange pressée de tous côtés. Les combinaisons politiciennes hormis les coups de théâtre affaibliront ce jeune état au risque de devenir une auberge espagnole géopolitique pour chaque acteur, régional, international.
JV©2007

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