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mardi 19 août 2008

Pakistan : Aprés Musharraf N°267 - 2eme année

Le général Musharraf a démissionné de ses fonctions de chef d’Etat. C’est le Président du Sénat, Mohammad Mian Somo, qui devient Président par interim. Combien de temps le collège électoral mettra-t-il pour choisir un successeur : une semaine ou trois mois?
Dés à présent plusieurs candidats potentiels s’activent :
1-Asfaq Parvez Kiani (1952), le chef d’état-major de l’armée, un sunnite qui a travaillé aux côtés de Benazir Bhutto,
2-Asif Ali Zardari, veuf de Bénazir Bhutto présidente du PPP (Pakistan Peoples Party),
3-Nawaz Sharif, ex-premier ministre, président du PML-N (Pakistan Muslim League),
4-Asfandyar Wali-Khan (1949) illustre famille Pashtoune, il préside l’ANP (Awami National Party),
5-Nawab Attaullah Mengel le Baloutche.
La courte présentation de ces personnages politiques donne une petite idée de la complexité de la vie politique pakistanaise. Au début de 2008, le Pakistan est devenu un ensemble hétéroclite en raison d'insurrections nationalistes et religieuses (province du Balouchistan), d'émirats islamistes (région du Waziristan au nord-ouest du pays, peuplé de Pashtouns), de fiefs militaires et économiques (villes de Rawalpindi, Islamabad et Karachi). Toutes ces entités ne travaillent que pour leurs propres intérêts, donc pour des objectifs différents. Plus rien ne semble les unir, pas même la religion. Qui peut donc diriger ce pays ? Pervez Musharraf aura-t-il été le dernier à tenter par une rouerie continuelle de tenir ferme une république islamique née du partage de l’Inde, par les Anglais, en 1947 ? Puissance nucléaire, le Pakistan est au centre de bien des calculs. Avec l’Afghanistan, le Pakistan est le maillon essentiel pour « endiguer » la Chine.
Parmi les candidats potentiels, Asfandyar Ali-Khan, fils d’un des pères fondateurs du Pakistan, Gandhi Khan Abdul Wali Khan (1907-2006) serait, dans un premier temps celui qui réunirait les atouts nécessaires: il est proche de New-Delhi et de Kaboul, il déteste les Talibans qui sont des Pashtounes ainsi que la famille Bhutto dont le degré de corruption est connu. Mais, c’est un Pachtoune convaincu –comme son père- qui rêve de créer le Pashtounistan dont l’idée remonte à 1893 quand Sir Mortimer Durand traça la frontière entre l’Inde et l’Afghanistan, séparant de fait les Pashtounes en deux tout comme les Baloutches (Inde/Iran/Afghanistan).
Le Pakistan a devant lui des problèmes internes considérables dont le Cachemire et toute la partie le long de sa frontière occidentale. Si les Etats-Unis jouent un rôle majeur, l’Arabie Saoudite intervient puissamment en soutenant financièrement les sunnites et l’Inde considére l’Indus comme sa frontière naturelle, ce fleuve aujourd’hui traverse le Pakistan. Un autre acteur se profile derrière, la Chine. Pékin soutient depuis longtemps le régime pakistanais à la fois pour encercler l’Inde et pour avoir des débouchés sur l’océan indien. Ce n’est pas pour rien que la Chine finance la construction du port de Gwadar à hauteur de 85% : cette place deviendra-t-elle une base navale chinoise ? C’est bien possible.
Pour l’heure Islamabad attend des Etats-Unis son appui sur la question du Cachemire, son aval au projet de gazoduc Iran-Inde à travers son territoire qui lui procurerait des revenus financiers non négligeables, sa contribution politique, technique et financière pour l'autre projet de gazoduc reliant les Etats d'Asie centrale à Karachi via l'Afghanistan.
On voit bien qu’au-delà de la guerre contre Al-Quaïda et les talibans, c’est le rapprochement lent mais régulier de la zone rouge entre les Etats-Unis et la Chine qui se profile. Sur ce mouvement géopolitique se greffe également la montée en puissance des Pashtounes et des Baloutches, héritiers du fameux royaume de Kalat (1695-1947/1955). De n’importe quel côté, la situation pakistanaise est forcément explosive. Il semblerait, une fois encore que l’armée ait son mot à dire. Son chef, le général Asfaq Parvez Kiani dément toute envie d’interférer dans le processus électoral; or l’armée est l’unique institution qui fédére assez complétement les Pakistanais.
Appétits des puissances étrangères, dissenssions internes, le Pakistan pourrait bien connaître le même sort que la Pologne au XVIIIe siècle partagée entre la Prusse, la Russie, l’Autriche

©Jean Vinatier 2008

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Sources:

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/08/19/pervez-musharraf-fin-de-regne-pour-un-virtuose-du-double-jeu_1085247_3216.html
http://www.atimes.com/atimes/South_Asia/JH20Df01.html
http://www.guardian.co.uk/world/2008/aug/19/pakistan6
http://www.revuemilitairesuisse.ch/node/149


Cartes :
Principales ethnies au Pakistan :

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