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lundi 7 décembre 2009

Bolivie : Evo Morales par-dessus les sécessionnistes -N°588- 3e année

« Qui s'intéresse aujourd'hui à la Bolivie ? Une poignée d'entreprises étrangères attirées par ses richesses naturelles et des altermondialistes fascinés par la charge symbolique du syndicaliste d'origine indienne » écrivait-on dans Le Monde le 22 novembre dernier ?
En faisant fi de cette remarque qui indique une profonde ignorance pour l’Amérique Latine en pleine révolution et qui fait l’impasse sur le fait que tout le continent sud-américain émergera dans les prochaines années, il faut se réjouir de la victoire du Président Morales.
Rappelons-nous l’année 2008 marquée par les tentatives sécessionnistes des provinces de l’Est bolivien où se trouvent les richesses du pays et les grandes familles « blanches » qui n’admettent décidément pas qu’un Indien soit Chef d’Etat¹ et l’opposition très forte aux réformes constitutionnelles qui furent approuvées par un référendum. Un an plus tard, Evo Morales triomphe en recueillant 63,3% des suffrages tandis que son parti, MAS (Mouvement vers le Socialisme) lui donnera, en plus de celle à la Chambre des députés, la majorité au Sénat. Aussitôt, les premières flèches sont décochées contre Evo Morales soupçonné de vouloir copier Hugo Chavez. Evo Morales a gagné aussi largement tout simplement parce qu’il a su, à travers la reconnaissance des Indiens, réunir, réconcilier une nation.
La Bolivie possède dans le désert d’Uyuni, la moitié du lithium (5,4 millions de tonnes) au monde en sus d’une réserve en gaz naturel la plus importante du continent juste derrière celle du Venezuela et le marché pétrolier a été nationalisé en 2006. Le gouvernement de La Paz tient bien en main les mannettes des ressources énergétiques à l’instar de la Russie. Le lithium suscite les convoitises les plus grandes² : si les constructeurs automobilistes passaient tous à la voiture électrique, ce minerai serait une source « d’or noir » qui pourrait servir autant à enrichir la Bolivie qu’à mettre en avant les Indiens, ceux de Bolivie et d’autres pays.
Que voudra accomplir Evo Morales ? Jouer en solo ? Cette politique ne sera pas celle de demain : pour se défendre contre des multinationales et des puissances ambitieuses, la Bolivie devra appartenir à des alliances régionales. D’ailleurs la Bolivie n’est-elle pas l’une des cinq signataires ( Equateur,Venezuela,Nicaragua, Cuba) le 16 octobre 2009 du traité du SUCRE ou Système unifié de compensation dont Jacques Sapir a souligné l’importance ?

« Ce traité est la première réponse coordonnée à la crise financière et bientôt monétaire qui s’est déclenchée depuis juillet 2007 [….] Cette initiative apparaît comme la première alternative réellement crédible au renforcement du FMI et de son organisme sœur, la Banque Mondiale.
[…]
Le SUCRE est un projet relativement complexe qui vise non seulement à protéger les pays
membres des fluctuations du Dollar mais aussi à fournir un cadre commun à des politiques de
développement coordonnées.
Si le SUCRE s’inscrit bien dans la logique des monnaies régionales, il en diffère cependant
sur deux points : d’une part, il s’agit d’une monnaie commune et non d’une monnaie unique
sur la zone considérée et d’autre part il s’accompagne de toute une architecture devant
permettre de procéder à des initiatives coordonnées de développement. En cela, il jette déjà
les bases d’une coopération internationale qui va à l’encontre de la logique de « guerre des
monnaies » que l’on peut redouter dans d’autres scénarii.
À cet égard, il est clair que le SUCRE représente la première tentative concrète pour formuler
une réponse aux désordres monétaires internationaux, qui constituent la toile de fond de la
crise actuelle. Il est particulièrement significatif qu’une telle initiative provienne de pays qui
sont en rupture avec la domination des Etats-Unis sur la région. »
³

Le second mandat du Président Morales sera à bien des égards décisifs : Alors que les nations de ce continent se regroupent et au-delà des sécessionnistes, de la question indienne, c’est le début de la seconde histoire du pays qui commence après celle inaugurée lors des guerres d’émancipation de la Couronne d’Espagne au début du XIXe siècle.
Force est de noter que l’Amérique Latine dispose d’une palette de Chefs d’Etat singuliers et audacieux, ceux-là mêmes qui n’existent plus en Europe.


Jean Vinatier

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Note :
L’adhésion de Cuba à ce traité du SUCRE indique, semble-t-il, que les normalisations entre cet Etat et les Etats-Unis ne seront guère aisées, Cuba prennant soin de participer à la mise en place d’une monnaie commune ou régionale. Pas sûr que La Havane redevienne un paradis pour Etatsuniens oisifs et mafieux comme sous Batista !

1-In Seriatim :

http://www.seriatimonline.com/2009/09/patagonie-lunasur-au-nom-des-sud.html
http://www.seriatimonline.com/2009/01/bolivie-ici-et-aujourdhui-finit-letat.html
http://www.seriatimonline.com/2008/09/evo-morales-au-nom-des-amrindiens.html
http://www.seriatimonline.com/2008/05/bolivie-el-4-de-mayo.html

Sources :

2-
http://www.infoguerre.fr/matrices-strategiques/lithium-bolivie-strategie-energie/
http://www.liberation.fr/economie/0101593196-guerre-du-lithium-bolivien-premiere-victoire-de-bollore
http://economie-et-societe.over-blog.fr/article-29664174.html

3-
http://horizons.typepad.fr/files/sapir-091109-crise-monetaire-et-traite-sucre-1.pdf, pp. 1,9


http://www.prensaescrita.com/diarios.php?codigo=BOL&pagina=http://www.la-razon.com


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