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lundi 21 décembre 2015

« Angela Merkel sait-elle où elle va ? par Hélène Nouaille » N°4060 9e année



« Certes, Angela Merkel, qui affrontait lundi 14 décembre le congrès de son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) à Karlsruhe (land de Bade-Wurtemberg), a été acclamée pendant huit minutes après son discours sur les migrants – discours dans lequel elle a annoncé vouloir réduire « sensiblement » leur afflux en Allemagne (1) (près d’un million depuis le début de l’année) tout en s’opposant à l’instauration d’un plafond chiffré, et en n’avançant aucune solution, sauf à répéter que « les grands mouvements de réfugiés ne peuvent être résolus que par une coopération internationale ». Elle était donc en retrait sur sa déclaration à la chaine publique ARD du dimanche 13 décembre, quand elle déclarait vouloir réduire « drastiquement » l’immigration. L’ambiguïté de ses déclarations est telle que la presse s’y perd, indécise sur la position réelle de la chancelière – sauf à relever, comme le fait Romaric Godin dans la Tribune (2) « l’habileté politique » - nous dirions l’habileté tactique - de la dirigeante allemande.
Mais qu’en est-il une fois les flonflons de la fête dissipés ? 
Eh bien, écrit le Spiegel (3) après avoir reconnu qu’Angela Merkel avait conforté, par un « discours fort » son autorité sur son parti, (« la motion principale du leader de la CDU a été adoptée presque à l’unanimité sur la politique des réfugiés »), sa prestation à Karlsruhe, parce qu’elle a su trouver « les mots justes du moment », lui a simplement « ouvert un espace de respiration », un répit. Parce que pour Horst Seehofer, le leader de la CSU, Union chrétienne sociale en Bavière, « la limitation du nombre de réfugiés » est un sujet « central ». Ce qui veut dire qu’après s’être posée en « homme d’Etat » d’envergure mondiale, avoir évoqué les mânes de ses grands prédécesseurs en se posant comme leur égale, avoir rappelé à son auditoire les racines chrétiennes de son parti, il faudra revenir aux manœuvres du jour le jour, un exercice qui lui est familier, celui peut-être où elle excelle. Si la politique de la chancelière est en effet toute de zigzags, confiait au JDD un ancien conseiller politique d’Helmut Kohl, Angela Merkel « a beau naviguer à vue, sans boussole, elle sait admettre qu’elle se trompe » (4).
Admettre qu’elle se trompe ou changer d’avis sans préavis ? Parce qu’il nous revient des souvenirs de la crise financière de 2008 et de la réunion à Paris organisée par Nicolas Sarkozy en urgence le samedi 4 octobre avec Gordon Brown, Silvio Berlusconi et Angela Merkel au secours des établissements financiers en grande difficulté. La Chancelière avait campé sur une position intransigeante, affirmant, tranquille pour ses banques, que les solutions devaient être nationales : « Xavier Musca, alors directeur du Trésor, se souvient très bien du sommet du 4 octobre 2008 », écrit Odile Benyahia-Kouider (L’Allemagne paiera, Fayard, 2013) : « ‘Angela Merkel était persuadée que si Nicolas Sarkozy insistait pour mettre en place un fonds de soutien aux banques européennes, c’était parce qu’il lui cachait un problème en rapport avec les banques françaises, et que nous voulions lui pomper de l’argent’. Le lendemain, elle est devenue blême en apprenant que c’était au tour d’une banque allemande, Hypo Real Estate, de se retrouver au bord de la faillite ». Et vingt-quatre heures plus tard, alors qu’elle avait nié qu’il y eût un problème, un premier gros chèque venait éviter faillite et contagion : la chancelière est pragmatique, si elle manque de longueur de vue. Deux ans plus tard : « En février 2010, rebelote. La Grèce est au bord du défaut de paiement. Nicolas Sarkozy réclame des mesures d’urgence pour calmer les marchés. Mais la chancelière regimbe (…). ‘Angela, le problème, c’est pas la Grèce, c’est la zone euro’ prophétise Nicolas Sarkozy. Rien à faire ». On sait ce qu’il en a été. 
[….] »
La suite ci-dessous :



Jean Vinatier
Seriatim2015

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