La longue lettre ouverte écrite à
deux mains au dirigeant de PODEMOS, Pablo Iglesias est, par son contenu et ses
questions, une suggestion interrogative de voie politique à l’échelle du
continent européen. Actuellement, la gauche radicale ne franchit pas le Rubicon
et ne semble pas se décider à se décoller du scrupule vis-à-vis de l’Union
européenne largement porte-étendard du « colonialisme sans métropole ».
« Cher Pablo Iglesias,
Face à la
crise multiforme qui touche l’Union Européenne, les succès électoraux de
PODEMOS appellent de nombreuses initiatives. Militant des marges du monde
politique, vous proposez un nouveau discours politique dont il convient
aujourd’hui de méditer les points forts. Dans la bataille pour la conquête du
sens commun accepté par la grande majorité de nos concitoyens, il vous est paru
préférable de privilégier à la traditionnelle dichotomie gauche/droite
l’opposition des peuples à leurs élites. La crise que traverse la
social-démocratie semble confirmer la nécessité d’un tel aggiornamento.
Néocolonialisme, compradorisation et populisme
Candidat du
groupe de la Gauche Unitaire Européenne à la présidence du Parlement Européen
le 30 juin 2014, vous justifiiez vos choix politiques et stratégiques en ces
termes : « la démocratie, en Europe, a été victime d’une dérive
autoritaire (…) nos pays sont devenus des quasi-protectorats, de nouvelles
colonies où des pouvoirs que personne n’a élus sont en train de détruire les
droits sociaux et de menacer la cohésion sociale et politique de nos
sociétés ».
Nous
partageons ce diagnostic. Les élites politiques des pays de l’Union Européenne
sont bel et bien soumises à une puissance extérieure. Ce colonialisme sans
métropole représente un défi pour les démocrates. Un concept, né à une autre
époque et sur un autre continent, peut nous aider à comprendre le
phénomène : celui de la « compradorisation des élites ». Selon
une définition aujourd’hui communément admise, une élite compradore « ou « bourgeoisie
compradore ») tire sa position sociale et son statut de sa relation avec
une puissance économique étrangère qui domine son territoire d’origine. Ce
concept fut, naguère, du plus grand intérêt pour comprendre l’évolution de
d’une Amérique latine que vous connaissez bien ! Aujourd’hui, en Europe,
une nouvelle compradorisation est en œuvre, rendue possible par les
institutions européennes et la puissance économique allemande.
De-même
sommes-nous nombreux à faire nôtre le projet de Podemos de revivifier la
démocratie. Nos prenons acte du fait que votre démarche populiste de
contestation, authentiquement de gauche, se double de la volonté d’assumer les
responsabilités de l’État – quand bien même ce souverainisme sans drapeau vous
amène aussi à explorer les voie d’autres types de médiations selon un
« processus constituant » dont il vous appartiendra, à terme,
d’expliciter davantage.
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim2016
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