Le sol anglais quitté, l’empereur
du Potomac continue son périple sur le sol allemand, terrain particulièrement
fertile qui compte pour chef, une chancelière singulièrement dévouée en dépit
des déraillements qu’elle produit avec la Russie, avec la Turquie, sur la
question migratoire, vis-à-vis de la BCE , de la Grèce et ainsi de suite se rendant dangereuse à tout
le continent…..
Barack Obama plaide pour une
accélération des négociations afin que le traité dit de libre-échange puisse
voir le jour à la fin de l’année 2016. Cependant, ce traité est impopulaire aux
Etats-Unis et en Europe parce que l’on craint l’allégement du protectionnisme
et comme des deux côtés de l’Atlantique, des campagnes politiques sont en
cours, tous les candidats affectent de dire « Non », c’est cet
opportunisme qui risque de tout faire capoter.
Pourquoi les Etats-Unis veulent ce
traité de libre-échange dont le pendant est déjà Pacifique ? Le
gouvernement fédéral et les multinationales entendent à la fois gouverner le
monde et s’émanciper de la justice des Etats étrangers. Les deux objectifs
principaux, hégémonie géopolitique et libération judiciaire des multinationales
devant les tribunaux autres que ceux institués par elles, sont d’une puissance
atomique. Et la Chine ? Elle est l’objectif du pouvoir américain qui, après
l’avoir si fortement poussé, comme il le fit avec le Japon au XIXe siècle, pour
des raisons d’ouvertures économiques, entend désormais veiller à brider cette
nation d’un milliard d’hommes. Dans ce cas, il serait fondamental de s’assurer
l’accord par un traité commercial de 360 millions d’Européens qui s’additionneraient
aux centaines de millions d’Américains, Canadiens inclus en formant une masse
suffisante pour rogner les appétits chinois.
Question : est-ce l’intérêt
de l’Union européenne de déclarer la Chine puissance négative et les
Etats-Unis puissance bienveillante? Poser cette question, c’est avancer le
principe que l’Union européenne est déjà une puissance politique souveraine démocratique
ayant sous elle une nation et un peuple : est-ce le cas ? L’Union
européenne n’ayant pour seule démarche que celui du volet double économique et
juridique, avance en position de faiblesse face à une puissance fédérale dotée
de tous les instruments de la souveraineté : le déséquilibre est patent. Dans
cet état, l’Union européenne ne peut que redouter toute puissance d’où qu’elle
vienne. L’important n’est pas de savoir si tel Etat est bienveillant ou pas, mais
bien de construire cet Etat européen ce qui n’est absolument pas l’idée
bruxelloise. De leur côté, à trop mettre la pression les Américains courent le
risque d’enflammer un continent déjà craquelé Brexit ou pas, question
migratoire ou pas, cas Grec ou pas et ainsi de suite. En vérité la Maison
Blanche opte pour cette accélération en espérant empêcher toute autre fissure irréparable.
Le traité de libre-échange dénommé
justement OTAN économique parce qu’il garde pour les postes clefs les
Américains qui ne veulent déléguer qu’avec la plus petite laisse, grandit
forcément la méfiance générale. L’opacité
entourant les négociations depuis des années alimente les rumeurs et entretient
logiquement et justement la suspicion générale à savoir la principale :
les Etats-Unis exigent des Européens qu’ils se défassent de leurs restes de
mesures protectionnistes mais se refuseraient à l’appliquer pour eux-mêmes. Un
égoïsme affirmé pour une prépotence espérée : quelle autre place
aurions-nous autre que celle du galérien ? Or, Nous, Européens ressentons
Bruxelles comme le centre d’une tyrannie déjà projetée dans l’ère post-démocratique.
Le fait même de se poser, de s’interroger de manière politique au sujet d’un
traité commercial n’en déplaise aux économistes, annonce l’entrée ou le retour
sur scène de la souveraineté démocratique.
Jean Vinatier
Seriatim2016
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