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samedi 8 avril 2017

Syrie : OK Corral !N°4356 11e année



Le Far West s’étend au monde ! L’utilisation supposée par l’armée syrienne d’armes chimiques dans la province d’Idlib à Khan Chakhoun contre des « rebelles » a déclenché une riposte américaine hors toutes les lois internationales. Sans attendre un rapport d’enquête, sans attendre le moindre avis de l’ONU, Donald Trump a donné l’ordre d’envoyer 59 missiles contre la base syrienne d’Al-Chaayrate ou Shayrat. Résultat : 4 tués et quelques avions détruits !
Cette soudaineté américaine trouve sa source dans la véritable guerre interne qui se déroule à Washington entre les pro et les anti-Trump. Si les médias français prennent grand soin de taire tout ce qui pourrait déconsidérer l’empire du Potomac, il n’empêche qu’une bataille quasiment au sens propre s’y déroule. Donald Trump n’est pas encore maître de l’administration et des leviers qui habituellement basculent automatiquement du côté du Président élu. La victoire de Donald Trump n’a pas entraîné cette acceptation : Barack Obama a constitué un shadow cabinet, les démocrates fourbissent leurs armes et les Républicains qui devraient s’unir se disputent la primeur du coup de pied de l’âne contre le Président. Le climat de l’autre côté de l’Atlantique est délétère rendant cette puissance dangereuse. On indique ici et là que Donald Trump aurait opté pour le bombardement en Syrie pour redorer son blason, défier son prédécesseur, masquer implicitement l’implication des Russes dans la campagne électorale. Tous ces arguments soulignent une fois de plus la redoutable pièce de théâtre en cours aux Etats-Unis. On se plaît à nous dire que le dirigeant nord-Coréen est imprévisible mais que dire de Washington décidant de régler ses comptes à l’extérieur en violant la souveraineté d’un pays, en redonnant de la force aux djihadistes censés être combattus…par la Maison Blanche ! Autre argument qui pourrait être retenu : les nombreuses victimes civiles à Mossoul, bataille dont on nous distille les informations. Cette conquête est censée être pure, elle ne l’est évidemment pas, tout comme la guerre au Yémen également disparue des écrans radars !
Cette affaire syrienne affiche publiquement le danger à laisser une puissance s’arroger le droit de faire ce qui bon lui semble et plus grave encore de constater l’impuissance de toutes les autres.
Les Etats-Unis dérèglent le monde sans déplaire  aux dirigeants européens tous compréhensifs, eux qui vomissaient Donald Trump quelques mois plus tôt ! L’Union européenne encourage aussi au dérèglement, au désordre. Ces lignes ne donnent pas quitus à Bachar Al-Assad, le régime alaouite ayant donné bien des preuves de grande violence pendant le gouvernement d’Hafez Al-Assad, elles visent à poser la question de la pertinence d’institutions internationales, de règles juridiques, de la juste application du droit. Ce sont ces mêmes puissances à l’origine du droit international qui le bafouent. Faire du monde un immense OK Corral, est-ce à cela qu’aboutirait la convention de San Francisco de 1945 ?

Jean Vinatier
Seriatim 2017

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