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samedi 24 février 2018

Emmanuel Macron globaliste et patriote ? N°4460 12e année



Le bon accueil réservé à Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen au rassemblement conservateur où s’exprimèrent le vice-président américain puis le Président Trump, a retenu l’attention de la presse française laquelle décela, alors, la préfiguration d’un ticket avec…Laurent Wauquiez et par conséquent l’affaiblissement de la chef du Front national.
Si le déplacement de Marion Maréchal est bien une première étape vers son retour dans l’arène politique française, il importe, avant tout de noter que le Président Trump regarde la scène française avec intérêt et que par l’invitation faite, il émet donc un signal dans notre direction.
Sans doute faudra-t-il, en définitive ou en fin de compte, remercier Emmanuel Macron d’être entré par effraction à l’Elysée, d’avoir précipité la réduction des partis qui faisaient et défaisaient. Ne nous délivre-t-il pas du choix cornélien être de gauche ou être de droite ? Nous savons donc que cette distinction n’est plus : il s’agit d’être ou bien du côté de l’Union européenne dans sa vision globalisante ou bien du côté de la patrie. Emmanuel Macron le comprends bien : ne tient-il pas un discours sans cesse double : patriote et globaliste  en tâchant par quelques formules habiles de dire la France universelle et nationale? Donald Trump a défendu bien avant le successeur de François Hollande cette idée selon laquelle une nation prédestinée peut être tout à la fois monde et locale. Si les Etats-Unis par la langue, la monnaie, la puissance militaire, le soft power, les cinq cents bases qui enserrent la planète ont une capacité de facto à donner crédit à ce discours, ils n’en rencontrent pas moins la haine des globalistes qui voudraient un seul gouvernement et plus de nation même prédestinée, c’est la terre elle-même qui le serait. Comme Donald Trump, le Royaume-Uni dans une moindre mesure est audible dans cette position par leur langue et le Commonwealth. Washington et Londres sont deux puissances encore rayonnantes qui voient cependant la contestation de la globalisation versus atlantique de plus en plus mise en concurrence et en rivalité avec celle venue d’Asie, d’où parmi une partie les élites et une partie de ces deux peuples le choix d’un repli tactique qui n’implique en rien la renonciation à une première place parmi les grands, un choix qui induit, notamment, des budgets militaires de plus en plus énormes.
L’Union européenne, par sa situation géographique se situe au centre de la planète, par sa puissance économique occupe la première place. Elle devrait donc en toute logique être la force, celle équilibrante entre deux prépotences, l’une Atlantique, l’autre Asiatique mais n’ayant ni souveraineté militaire (OTAN), ni langue officielle de l’Union (l’anglais ne saurait l’être), ni pensée politique, ni même frontière (il aura fallu l’accueil sans mesure des migrants et le mécontentement de l’Europe Centrale pour que la frontière refasse une apparition), reniant ses racines autant païennes que chrétiennes, ancrée sur les seules lectures économiques, financières et humaines au sens de mobilité des masses d’où qu’elles viennent, dédaignant toute approche sociale, ne possédant aucune autonomie de pensée puisqu’elle se réfère en permanence à ce qui se dit et se fomente de l’autre côté de l’Atlantique, attaquant autant la nation que l’idée même d’une Union impériale, vous avez devant vous une masse odieuse rarement vue par les citoyens de la terre européenne comme une force bienfaisante et protectrice.
C’est dans ce décor théâtral qu’Emmanuel Macron continue à parler en Europe comme il s’exprime en France, il voudrait reproduire ce qui lui a permis d’être par effraction chef de l’Etat, d’être donc celui de l’Union européenne. Ce Saint-Jean Bouche d’or convaincrait si nous étions en concordance avec la réalité de notre puissance souveraine (monétaire, linguistique, économique, militaire, politique) ce qui ne se peut puisque nous avons délégué des pans entiers de ce qui avait fait la France petit à petit pendant des siècles depuis nos Rois en leurs conseils jusqu’aux Républicains en leurs idéaux. L’Union européenne a beau être une armure grinçante, il n’en reste pas moins que l’Europe Centrale rappelle aux autres Européens ce qu’est la richesse d’une identité. Et sans doute parce que ces Etats ont eu des histoires tragiques, vus même leurs existences biffées, veulent-ils aujourd’hui dire que sortis par miracle de l’oppression soviétique, ils estimeraient l’Union européenne à la condition que l’identité soit. Ce discours repris certes par les populistes, des partis des extrêmes n’est en rien à dédaigner : il ra   pelle qu’aucune autorité même et surtout supranationale n’a de légitimité si elle arase les racines.
Dans l’Union européenne elle-même le choc globaliste/nation ou patrie est patent et grossit de mois en mois. Ainsi Angela Merkel et Emmanuel Macron sont-ils plus isolés comme plaideurs inlassables de la globalisation qu’on ne le croit. Et s’agissant plus particulièrement de l’Allemagne qui garde sur l’Euro une main ferme, Berlin essaie, arguant de sa prospérité économique et de l’influence de ces grands groupes industriels, de se croire d’une certaine façon « américain prédestiné », certainement le protestantisme y joue-t-il un rôle religieux et psychologique.
Le choix des militants du SPD le 4 mars puis les élections européennes de mai 2019 seront à cet égard  cruciaux .

Jean Vinatier
Seriatim 2018

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