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mercredi 22 janvier 2020

« Choisir entre les États-Unis et l’Iran ? par Nahla Chahal » N°4801 14e année


« Faut-il, au nom de l’opposition aux États-Unis, soutenir inconditionnellement l’Iran ? Faut-il, au nom de la lutte contre les stratégies américaine et israélienne et contre l’occupation de la Palestine, renoncer au combat pour le droit des peuples à une vie digne ? Tels sont les dilemmes qu’affrontent, depuis des décennies, les forces du changement radical dans le monde arabe. Et qui se posent particulièrement aujourd’hui en Irak et au Liban.

Comment vaincre la colonisation et Israël ? Est-il possible pour des peuples écrasés et pour des sociétés humiliées, mises à mal par l’oppression, de résister à la tyrannie, alors même qu’il s’agit d’une mission difficile nécessitant la mobilisation de toutes leurs énergies pour contrebalancer le rapport de force inégal ? Non, c’est impossible, et toutes les expériences mondiales l’ont prouvé.
Or, voici qu’à chaque fois que des voix contestataires s’élèvent dans le Proche-Orient, notamment en Irak et au Liban, pour dénoncer l’injustice dont ces peuples font l’objet, elles sont au pire accusées d’être celles des collaborateurs des États-Unis ou d’Israël ou, au mieux, d’avoir mal choisi et de s’être mises, par leur naïveté et sans le savoir, au service de ceux-là.
C’est un chantage très courant. Des partis de gauche du monde entier comme du monde arabe, sans parler des partis « panarabistes » (des nassériens jusqu’aux baasistes) y ont eu recours. Ils l’ont utilisé dans les luttes internes, allant jusqu’à prendre pour cible des leaders dans leurs propres rangs ou contre des personnes dont ils voulaient se débarrasser. Quand on ne formule pas des accusations explicites, on répand des rumeurs qui ternissent la réputation de la persona non grata. Et quand ces partis arrivent au pouvoir, cela se transforme en assassinats, que ce soit de vrais espions ou des camarades.
La logique qui préside à ces pratiques est complexe. Elle nécessite un certain niveau de discipline et d’obéissance de la part des adhérents de ces partis, qui sont considérés comme une masse docile et aveugle. Quant à définir les « membres » en question, c’est là un vrai problème. Dans les milieux de gauche, ce sont d’abord les encartés, puis, dans un second temps, « le milieu » de gauche, y compris ceux qui ont quitté le parti ou qui lancent de nouvelles idées, de nouveaux courants. Mais cela reste en fin de compte limité, c’est presque de l’entre-soi, quand bien même le parti et « le milieu » de gauche s’élargissent et touchent tout un public, comme cela a été le cas en Irak ou au Soudan.
S’agissant du Hezbollah, cette attitude concerne l’ensemble d’un groupe confessionnel. Car le Parti de Dieu ne souffre pas qu’une fraction issue de « ses quartiers » ou de « ses régions » puisse lui désobéir, le critiquer ou s’opposer à lui. Elle doit alors être réduite au silence et écartée de la scène. On ne cherchera même pas à la convaincre. Cette discipline répressive a pu être mise en place au Liban lors des récentes contestations. En Irak, elle a provoqué beaucoup de victimes, du fait qu’un grand nombre de membres du « groupe confessionnel » ont échappé à l’emprise de ceux qui s’en sont autoproclamés les représentants et les protecteurs. À tel point que Moqtada Al-Sadr lui-même a dû, après avoir exprimé sa solidarité avec les manifestants, être recadré par le général iranien Ghassem Soleimani, venu pour l’embarquer dans un vol retour pour Téhéran.
Recadrer leurs « enfants »

La suite ci-dessous :



Jean Vinatier
Seriatim 2020


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