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jeudi 9 décembre 2021

Olaf Scholz : l’Europe germanisée ?N°5765 15e année

 L’installation du nouveau chancelier, déjà membre de la coalition Merkel, ne changera pas la constante allemande depuis l’année zéro (1945) : se rebâtir, se placer, s’implanter, perdurer.

Jean-Dominique Merchet titre son article de ce matin, Emmanuel Macron doit appuyer les ambitions allemandes…au moment où la France s’apprête à présider l’Union entre janvier et juin 2022. Emmanuel Macron souhaite une Union européenne pleinement en France pendant cette période autant pour des calculs électoraux que par la conviction que celle-ci est par-dessus notre pays.

Au fur et à mesure que le projet européen prenait forme, déployait ses ailes, les deux pays prirent deux chemins différents pour être dans cette Europe de demain tout en tenant des discours en apparence pro-européens avec ce résultat : l’Allemagne s’est reconstruite grâce à elle quand la France se déconstruisait du fait de l’émergence de l’Union (avant la CEE).

L’Allemagne a gardé le maximum de son outil industriel sur son sol et à portée de main grâce aux liens ancestraux (pas souvent pacifiques) avec les pays de l’Europe centrale quand la France délocalisait au fin fond de la Chine. De ce point de vue, Berlin a été un gestionnaire averti, constant, silencieux, patient quand Paris se lançait dans des plaidoyers de Schuman à Macron en passant par Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand, Delors, Chirac, Sarkozy..etc qui tous avaient pour point commun la candeur. A l’exception du Général de Gaulle (germanophone) qui pressentait bien la course contre la montre et mesurait parfaitement le danger de l’atavisme pour les États-Unis et le Royaume-Uni si chéri dans les salons parisiens, il a du convenir, en réalité, avec l’échec du traité de l’Élysée (1963) que les décennies suivantes ombrageraient la France au profit notamment de l’Allemagne. Du traité de l’Elysée, on ne garde que le refus du Bundestag de s’éloigner du parapluie américain alors que l’objectif révolutionnaire était éducatif : faire en sorte que tous les Allemands apprissent le Français, que tous les Français apprissent l’Allemand. Ce bilinguisme de deux pays économiquement égaux aurait formé une masse considérable de presque 150 millions de locuteurs franco-allemands barrant là l’hégémonie américaine et son redoutable soft power. Par ce biais, aurait, qui sait, surgit une autre Union par les conséquences « bilinguistiques » forcément importantes sur tout le continent.

Ces lignes pour écrire que nous fûmes à la fois à la croisée des chemins et qu’ensuite, nous vécûmes dans des illusions portées, actuellement, au plus haut degré par Emmanuel Macron qui se rêve Président d’une Fédération européenne, aucune puissance ne dominant les autres. Du côté allemand, ce rêve est utile car il sert ainsi les idées hanséatiques : pourquoi pas un coq gaulois sur un pavois allemand ?

Le nouveau chancelier, Olaf Scholz, d’un gouvernement constant face à un Président français en fin de mandat dans une France fractionnée en marche cahin-caha, aura toujours cette supériorité sur nous. Nous ne sommes plus souverains : l’arme atomique et notre armée sans la souveraineté deviennent des impuissances ce que les Allemands comprennent très bien en prenant des parts significatives dans des entreprises françaises stratégiques liées à notre Défense nationale. Il serait pénible que les prochains défiles de notre armée se fissent au Puy du fou…..

Ces lignes ne sont pas là pour reprocher aux Allemands d’œuvrer à la pérennité de leur terre mais pour que l’on prenne conscience en France qu’avec un tel décalage nous ne ferons rien de bon avec Berlin. La grande faute d’Emmanuel Macron est de croire que pour être européen, il ne faut plus être français, une attitude que la gauche (sauf Mélenchon partagé) reprend en chœur via toutes les idées déconstructivistes (wokisme, indigénisme, mouvements no borders…etc) et qui explique, au passage, son effondrement électoral.

La déterminisme allemand fait que le déséquilibre entre sa démographie défaillante et la puissance de ses avoirs et de ses industries, le conduit à n’être demain que dans le cadre européen, une région géopolitique. La France n’a, ni cette constance, ni cette clarté de vue, ni cet aveu, elle pérore et se disperse dans les émotions. Même sur le plan migratoire, les Allemands ont compris que sans les « réfugiés », ils perdraient de leur vigueur quand les Français voient les mêmes « réfugiés » comme un colonialisme inversé. Ce que les Allemands appellent le grand investissement, nous le dénommons grand remplacement. Les Allemands sont avant tout des marchands peu doués historiquement pour coloniser (voir Guillaume II et Hitler) à l’inverse, par exemple, des Français, des Anglais, des Espagnols, ces derniers ont gardé les uns le Commonwealth, les autres l’hispanité quand les premiers ne savent quoi faire de la francophonie collée à la francafrique (fric)

Si l’Europe n’est pas germanisée, elle s’y dirige via l’Allemagne au fédéralisme bien inscrit dans son histoire dont on trouve les trace via les princes-électeurs et les princes médiatisés. Ainsi dire que la France, Présidente six mois de l’Union européenne ,devrait appuyer les ambitions allemandes apparait dangereux sauf à considérer cette nécessité comme l’aveu du non-choix parce que pour la première fois la centralité européenne serait le territoire allemand.

 

Source :

Jean-Dominique Merchet : UE: Emmanuel Macron doit appuyer les ambitions allemandes

https://www.lopinion.fr/edito/ue-emmanuel-macron-doit-appuyer-les-ambitions-allemandes?actId=ebwp0YMB8s3YRjsOmRSMoKFWgZQt9biALyr5FYI13Op4x_yGXLpALxR8nw116tr5&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=502459

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

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