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mercredi 1 décembre 2021

Zemmour en quête de théâtre N°5760 15e année

 

L’annonce à la candidature par Éric Zemmour se fit le jour où entrait au Panthéon Joséphine Baker qui symbolise, notamment, la lutte contre le racisme (ségrégation), la résistance, la fraternité et la fidélité inébranlable à la France libre. Il était donc opportun de laisser cette cérémonie sans s’y glisser ce que l’entourage d’Éric Zemmour ne vit pas tout comme il n’avait pas mesuré que le commentaire accusateur devant le Bataclan était une faute….

Les dix minutes pour lancer ce que tout le monde attendait, se fit sur un fond vintage (bibliothèque, pétainiste pour les uns, mitterrandienne pour les autres, micro modèle 18 juin….) sans le moindre drapeau français derrière Éric Zemmour qui lisait son texte au lieu de regarder la caméra ce qu’il faisait si bien sur Cnews !!! L’argument pour son équipe était de reprendre l’esprit du 18 juin : De gaulle lisait son texte…(à la radio) etc. Rien n’est plus dangereux en politique que l’imitation d’un fait historique ou une restauration politique : cela ne fonctionne pas sauf pour les meubles et les bâtisses.

La gauche s’enfonce, sauf par intermittence Jean-Luc Mélenchon lui-même emmêlé par les oppositions de son public, dans le fanatisme des causes, des minorités, des victimes, du wokisme, de LGBTQ+ passant par-dessus la nation, la patrie, les classes populaires sur fond de verdure rurale idéalisée et de blé sur roof-top. La droite figée dans des principes laissés en jachère croit déguiser par un populisme son adhésion majoritaire aux doxas actuelles (globalisme, wokisme, Union européenne, euro, OTAN…etc).

Éric Zemmour s’emparant de thèmes délaissés par Marine Le Pen a brandi l’étendard identitaire telle une Jeanne d’Arc voulant bouter l’anglois (ici, musulman, migrant) hors de France. A la différence du Général de Gaulle auquel il ne cesse de se référer qui lança son appel à tous les Français et à tous les hommes et femmes de l’Empire, Éric Zemmour le restreindrait apparemment aux seuls « Français de souche ». Il y a donc d’entrée une contradiction majeure entre un discours qui se dit historique et une campagne discriminatoire qui ne peut que heurter et enthousiasmer une gauche  et les « antifas » croquant à belles dents ce large flanc !

Si l’on veut aller plus loin et avoir un peu de hauteur, nous voyons bien avec l’entrée en campagne mal venue (erreur de tempo) d’Eric Zemmour le couronnement d’un désastre français et pourquoi pas d’une forme de suicide, pour reprendre le titre d’un de ses ouvrages. Certes la campagne présidentielle n’est ni dans son rythme, ni dans son galop mais tout de même où que nous regardons, le sol y est lourd, marécageux, les mobilités réduites et l’étroitesse des thèmes où trône le pouvoir d’achat ! Ainsi une campagne présidentielle se réduit-elle à un panier de la ménagère ! Mais où est donc la politique, l’Histoire, l’envie d’avenir ? L’Union européenne assèche notre pays né au XIIIe siècle sur ses deux principes, liberté et indépendance pour les mettre au rebus à l’échelle continentale.

Plus loin encore, la génération Zemmour montre bel et bien que la culture générale n’est plus que le rafistolage de bouts de vêtements, un bric et broc nostalgique : là encore le Général de Gaulle si central pour elle, n’a jamais été dans le passé mais tourné vers l’avenir : c’est lui qui ouvre les universités au plus grand nombre, c’est lui qui tourne la France vers les nouveautés, les modernités parce qu’il savait que si la France n’y occupait pas la première place elle se déclasserait, c’est lui , enfin, qui balaie l’Empire mais échoue à un Commonwealth, c’est lui encore, après Mai 68, qui lance la participation et l’actionnariat populaire qui eussent été des barrages aux ultra-libéraux et évitées les délocalisations….etc.

Et puis, cessons pour être en politique de revêtir les habits du prédécesseur, n’avoir plus que cette idée, ne réfléchir que par imitation, c’est s’affaiblir et décourager les générations en pleine force.

Éric Zemmour devrait parcourir la France pour dire sa volonté de faire une nouvelle histoire nationale (française) à partir du constat de la créolisation de la France, du développement d’une religion neuve sur notre sol. Mais voilà, il s’y refuse et croit que par des expulsions et des ports d’uniformes à l’école tout rentrerait dans l’ordre.

La politique se fait à partir des réalités dont on doit séparer le bon grain de l’ivraie, pas avec des souvenirs. Je trouve la France inouïe et exceptionnelle par ces principes fondateurs, liberté, indépendance, fraternité, par leur union une force tellurique à la condition d’être dans le rassemblement le plus large et de se tourner vers l’avant, d’être dans le dépassement : c’est fondamental !

Eric Zemmour est donc paradoxal d’un côté, il écrit, décrit nos maux souvent avec justesse, parfois avec outrance et y campe sans aller au-delà.

L’actuelle situation politique est difficile, compliquée par la perte des repères, des connaissances générales. Éric Zemmour a cette éloquence  à dire ce qui ne va pas et affiche sa pénibilité à proposer les remèdes. En face de lui, Emmanuel Macron et les compatibles (les Républicains, les centristes, la gauche sauf peut-être Mélenchon) disposent de la narrative européenne et des bons sentiments migratoires pour rassurer une population vieillissante inquiète pour son portefeuille (ce sur quoi se fait le second tour :le pognon !)

J’écris depuis longtemps que cette campagne présidentielle nous mène d’une tristesse à une autre, d’un conditionnement à un autre. Cependant, la partie n’est qu’à son début à la merci d’événements qui surgiraient pour bouleverser les jeux de dés. N’oublions pas que nous jouons à la marelle sur un feu de tourbière tant en France qu’à l’échelle mondiale.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

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