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mardi 27 mai 2008

L’Union européenne : entre le Potomac et le Yang-Tsé-Kiang N°213 - 1ere année

Qui se soucie aujourd’hui de la crise immobilière américaine ? Alan Greespan a beau dire sa crainte d’une récession modérée dans son pays et Warren Buffett tirer carrément la sonnette d’alarme, l’indifférence est quasi générale. Les sueurs froides de cet été et automne 2007 liées à la crise des suprimes nées dans les institutions bancaires anglo-saxonnes étant sur la fin nous disent tous les spécialistes et les gourous, on persuade les opinions occidentales de sa presque non-conséquence : et pourquoi ? Parce que les pays émergents d’Asie tirant la croissance vers le haut et que nombre de nos entreprises y étant délocalisées, toutes nos billes seraient en quelque sorte dans cette partie du monde dynamique.
La croissance asiatique attiserait-elle toute seule la spéculation sur les minerais et les céréales ? L’explication est de toute évidence un peu courte.
Les banques et différents fonds spéculatifs s’activent énormément pour regagner une grande partie de ce qu’ils ont perdu lors de la crise des subprimes. Les fonds souverains qui doivent pour un grand nombre d’entre eux leur puissance nouvelle à leur richesse pétrolifère tiennent à compenser la faiblesse du dollar (monnaie qu’ils ont en masse) par une politique haussière du cours de l’or noir. On est dans un système mondial qui voit à la fois se déplacer la richesse économique de l’Ouest vers l’Est et dans le même temps le système bancaire et financier (encore à l’Ouest) qui cherche à garder non pas une prépondérance mais une place dans le peloton mondial.
Les citoyens de tous les pays, eux font les frais de tous ces mouvements prodigieux. Les gouvernements ne font pas grand-chose ou s’en remettent à plus grands qu’eux !
Un point est avéré : quelles que soient les difficultés à venir de l’économie américaine, les impacts devraient être de peu d’effets. Et ce n’est pas ordinaire. Voilà dix ans, une récession de ce pays aurait plongé le monde dans un abîme ; en 2008, il s’en faudrait de peu qu’on hausse seulement les épaules ! Si le trait est intentionnellement exagéré, c’est, cependant, un événement remarquable qui devrait provoquer des réflexions parmi les citoyens et ce que l’on appelle par commodité de langage, les élites. L’Union européenne ne devrait pas rester indifférente à cette révolution ; pour l’heure, elle est presque attentiste. Les compliments adressés à la direction de la BCE nous flattent mais quelles conséquences auront-ils si cette banque ne devient pas un outil de l’Union européenne dans le nouveau rapport de force ? On ne peut se satisfaire d’une banque seulement technique, elle doit être également une arme. Il ne faudrait pas qu’elle soit à l’instar de la FED une structure au service des seuls financiers mais des 350 millions d’Européens. Evidemment cela implique de la part de l’Union européenne une révolution mentale et des audaces qu’elle craint de proposer. Il faut aussi prévoir que cet eldorado de l’Est connaîtra des arrêts et des événements sociaux, politiques, économiques : comment les affrontera-t-on ? Là aussi l’Union européenne devra avoir sa task force monétaire.
Point n’est besoin d’être pro ou anti-américain pour présupposer les impacts de cet Est économique ! Il faut tout simplement être réaliste et ambitieux. Si l’Union européenne ne sait pas se hisser au niveau nécessaire pour relever les défis, le monde n’aura aucun équilibre entre des Etats-Unis vacillants et un Est de grand appétit.
L’Union européenne n’a pas d’autre choix qu’être un centre capital.

©Jean Vinatier 2008

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