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mardi 6 mai 2008

Sarkozy : la clef sous la porte en 2012 ? N°198 - 1ere année

Il est difficile d’éviter le sujet qui est traité de tous côtés dans les médias : la première année de la présidence de Nicolas Sarkozy.
Le septennat avait au moins l’avantage de ne pas précipiter tous les commentateurs sur le bilan dés le onzième mois. Le mandat présidentiel d’alors bénéficiait d’un temps relatif.
Avec le quinquennat, le temps est compté, l’immédiat prend du poids au détriment de la conséquence logique des réformes entreprises lesquelles ont besoin…de temps.
Disons-le d’un mot, la France est en chantier (de la durée du travail aux institutions) et les Français doutent de la capacité du promoteur. Le « oui mais » aux réformes se sépare très nettement des observations négatives sur l’homme Sarkozy dans sa fonction présidentielle.
Nicolas Sarkozy donne lui-même la raison de s’inquiéter de sa qualité quand il parle de se « faire du fric » et de ne pas solliciter un second mandat. C’est une rupture considérable avec le symbole attaché à la fonction. Ses prédécesseurs, pour s’en tenir à la Ve République, se mariaient à la France et s’unissaient aux Français pendant leur septennat respectif. L’idée ne serait venue à personne de les suspecter de ne pas connaître l’histoire nationale et moins encore que leur passage à l’Elysée serait une rampe de lancement pour « gagner du fric ».
A la décharge de l’actuel Président, François Mitterrand et Jacques Chirac avaient donné des coups de butoir dans le mythe du monarque républicain en se défaussant des institutions de la Ve République : le premier en refusant de démissionner après la victoire de l’opposition en 1986, le second en écartant tout retrait en cas de désaveu référendaire (2005). Mais les deux précités surent avoir dans les moments difficiles l’attitude que les citoyens attendaient, ainsi, par exemple, Chirac en 2003 face au Président Bush.
Or, Nicolas Sarkozy paraît se moquer comme d’une guigne de l’histoire de France qu’il pense mettre sous son aile en faisant de la com à l’occasion des commémorations, p.e : Guy Môquet, plateau des Glières. Mais la sauce ne prend évidemment pas !
Décalage patent aussi dans le rapport sarkozien à la durée du temps historique qu’il balance aux orties en disant (peut-être sincèrement) qu’il ne se représentera pas en 2012. Aucun de ses prédécesseurs n’aurait commis, ni la faute, ni l’envie de l’exprimer aussi publiquement. On nous répondra, il rompt avec une certaine hypocrisie ? Eh bien non ! l’hypocrisie n’a rien à voir dans cette affaire puisqu’il s’agit de l’idée singulière que les Français gardent du mystère de l’Etat. Certes, faisons des sondages et les réponses contrediront le présent propos mais dans la conscience de chaque citoyen est gardé, malgré la guillotine, le respect du monarque. Les « Deux Corps du Roi »¹ ne sont pas encore dans les mansardes ou les caves.
Le contradicteur dira que Nicolas Sarkozy est de son époque en banalisant la fonction : pendant cinq ans je suis chef de l’Etat, après je deviens chef d’entreprise, avocat, fermier, patron de boîte de nuit. Il est exact que ce dernier détache de son socle le Président dans ce qu’il représente en durée reconductible.
Disons aussi et puisque Nicolas Sarkozey rêve de l’Amérique, qu’aucun Président des Etats-Unis ne penserait descendre d’un cran, la Maison-Blanche laissée au successeur. On est représentant en chaussures (Truman) avant, pas après ! Bill Clinton via sa fondation et les conférences (grassement rémunérées) perpétue en quelque sorte son rang de chef d’Etat. Même chose pour Tony Blair, qui pas une seconde ne s’imaginerait lawyer.
Il y a chez Nicolas Sarkozy une confusion dangereuse entre son ambition qui l’a conduit à la magistrature suprême et tel qu’il se représente, une fois, revêtu des insignes. Il n’y voit qu’un moment (5 ans), nous un temps historique.
Cette observation compte et comptera au vu de la situation économique et sociale française bien sûr connectée aux montées en puissance des crises mondiales : financière, alimentaire, environnementale et de l’émergence incontestable des nouvelles puissances étatiques, Brésil, Russie, Inde, Chine et des fonds souverains sortes de francs-tireurs redoutables qui viennent de conquérir en l’espace de quelques mois des « places » stratégiques parmi les banques « Atlantique » et autres multinationales.
Ce temps historique inhérent au caractère français parce que forgé voilà une dizaine de siècles arrive, maintenant, à un tournant qui pourrait être tragique. Les Français, parce que conservateurs, veulent une révolution avec le monarque élu. Mais, ils soupçonnent l’élu de mai 2007 de les avoir joués. Le reproche ne porte pas tant sur le pouvoir d’achat ou le point de croissance mais sur la manière de les compter pour perdus. Idem pour la politique étrangère où l’alignement sur Washington irrite la majeure partie des Français par la vassalité qu’il présuppose : Chirac 2003, Sarkozy 2008, la comparaison est patente ! Et dans l’incertain du monde, le Français regarde toujours le château : sommes-nous gardés, les murailles sont-elles sans failles… ?
La colère gronde d’autant plus que Nicolas Sarkozy n’a aucun contre-poids institutionnel en face : le PS poursuit ses disputes avec enthousiasme, les syndicats prient chaque soir pour garder leur qualité de représentant des salariés.
Les mois passent encore plus vite dans le monde hyper-connecté. C’est dire si le politique peut être déconnecté promptement, en deux clics ! Mettre la clef sous la porte en 2012… qui sait, peut-être avant ou longtemps après ?


©Jean Vinatier 2008

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Note :


1- Ernst Kantorowicz, Les Deux Corps du Roi, Paris, Gallimard, 1989

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