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vendredi 27 mars 2009

France : Archives, nationales, diplomatiques N°426 - 2eme année

Hier les académiciens et le parti communiste manifestaient ensemble, pour protester contre le projet de la ministre de la Culture, Christine Albanel qui transformerait la direction des Archives nationales en un service au sein d’une « direction générale des patrimoines ». Ce service comprendrait aussi bien les musées que l’architecture, l’archéologie…etc.
Comme l’exprime fort justement, le responsable CGT, Waldimir Susanj
: « Une direction dirige, un service sert : les mots ont un sens. »
L’idée de Mme Albanel n’est pas neuve, elle date d’une dizaine d’années. Depuis ce temps, les conservateurs et les personnels des archives se battent pour obtenir des crédits convenables et empêcher la disparition de la direction des Archives.
Le gouvernement Jospin, pour couper court à toutes ses protestations avait décidé de faire bâtir une cité des Archives à Pierrefitte en Seine Saint-Denis.
Le 25 juin 2007, le Président Sarkozy faisait lire le texte (qui étonnera certains) ci-dessous (extrait):

« En raison de la longueur de notre histoire, de l’ancienneté de notre Etat, il n’est peut-être pas au monde de collection plus riche, plus complète (malgré ses inévitables lacunes), que celle présentée par nos Archives nationales. Celles-ci constituent un trésor inestimable. Trésor pour les historiens, bien sûr : toute étude sérieuse –les universitaires le savent bien—commence par « un travail d’archives » : il s’agit d’éplucher sans relâche, pendant des jours, des années parfois, les documents innombrables et parfois difficiles à déchiffrer, que le passé nous a légués.
Trésor pour tous les Français. Car les archives ne sont seulement une affaire de spécialistes : dépositaires de la mémoire accumulée de notre pays, elles sont le reflet de toute notre histoire. A ce titre, elles constituent le creuset de l’identité nationale et, sans doute, le cadre de toute action politique future. Non que le passé ait à nous dicter l’avenir : l’avenir, c’est à nous, maintenant de le décider. Mais cependant le passé doit nous guider : sans le sentiment partagé d’un héritage commun, assumé avec fierté –mais aussi avec lucidité, dans un esprit de vérité-, nous ne pourrons répondre ensemble aux défis de demain
Si nous voulons nous forger une identité commune, il faut que ce passé dont nous sommes fiers, soit accessible à tous. Autrefois, nos Rois conservaient jalousement les clés des Archives du pays : elles étaient l’instrument de leur pouvoir. Elle sont aujourd’hui (et depuis la Révolution française) ouvertes au plus grand nombre. Mais l’affirmation de ce principe ne suffit pas ; il faut permettre à chacun – et en particulier aux nouveaux venus dans notre République- de s’approprier effectivement le patrimoine national. Non seulement il faut laisser les historiens travailler, en toute indépendance et dans les meilleures conditions matérielles ; mais il faut encore assurer la diffusion du savoir et favoriser le contact direct des Français avec leur passé- notamment par le biais de la consultation des archives. A ce travail d’éducation jamais achevé, le nouveau centre de Pierrefitte –sur-Seine prendra une part éminente. »¹

En dépit des discours officiels qui flattent nos oreilles, l’Etat n’est pas très à l’aise avec les archives. Ainsi en a-t-il été pour les archives diplomatiques ! Le ministère des Affaires Etrangères a été très difficile à convaincre pour doter ses archives qui comprennent les papiers d’Etat et les Traités d’un lieu plus approprié que le bâtiment du quai d’Orsay. Pendant des années et avec l’aval des ministres successifs, les projets les plus farfelus ont été proposés à la commission des archives diplomatiques : dépôt installé en pleine forêt entre Orléans et Blois loin de tout transport ou bien dans un fort abandonné par l’armée autour de Paris. Finalement, le Quai a consenti à bâtir à La Courneuve un « Pôle diplomatique » qui ouvrira ses portes pendant l’été 2009.²
Est-il si étonnant que l’Etat veuille fondre tous nos patrimoines dans une direction fourre-tout ? Les Archives nationales seraient-elles perdantes en n’étant plus qu’un service parmi tous les autres ? La relecture des textes lus des présidents Giscard d’Estaing, Chirac et Sarkozy en juin/juillet 2007 laisse une désagréable impression. D’un côté, on vante, à juste titre, la valeur des archives et de leur singularité historique ; de l’autre, on ne trouve rien à redire à leur ôter tout poids, toute autorité.
Les Archives nationales ne peuvent pas être qualifiées de service puisqu’il s’agit de notre mémoire historique. Il aurait fallu plutôt créer une direction générale des Archives lesquelles comprendraient outre celles dites nationales, toutes les autres.
Une direction générale des patrimoines est une notion floue, biaisée, dictée par le souci d’une gouvernance entrepreneuriale. En faisant, ce choix l’Etat indique bel et bien à quel niveau il place, en réalité, la mémoire archivée de la France. Les Etats-Unis se gardent bien de commettre la même faute, pour eux, les Archives sont en quelque sorte des « Tables de la Loi », un écrin sacré.


Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Sources :

1-
http://www.citedesarchives.canalblog.com/

2-
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/ministere_817/archives-patrimoine_3512/archives-diplomatiques_5142/pole-diplomatique-courneuve-une-visite-avant-premiere_52500.html

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