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lundi 30 mars 2009

G20 : les Etats-Unis à l’attaque N°427 - 2eme année

Jamais une réunion internationale n’aura retenu autant l’attention des médias depuis la fin de la seconde guerre mondiale ! La date du 2 avril est attendue avec une belle impatience par Londres, puissance organisatrice et pays particulièrement atteint de plein fouet par le déraillage total du système financier « Atlantique »
Qui sera présent ?
1-l’Europe par l’Union européenne, l’Allemagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni.
2-l’Afrique par l’Afrique du Sud,
3-l’Asie par l’Arabie Saoudite, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, la Turquie,
4-l’Océanie par l’Australie,
5-l’Amérique latine et centrale par l’Argentine, le Brésil, le Mexique,
6-l’Amérique du Nord, par les Etats-Unis et le Canada,
7-la Russie sera à elle seule, l’Eurasie.
Ce week-end, à Viña del Mar au Chili, huit chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis - Etats-Unis, Argentine, Chili, Uruguay, Espagne, Brésil, Royaume-Uni et Norvège-. Le journal
La Croix a relevé les propos du vice-président américain :
« […..] la nouvelle administration de Barack Obama entendait jouer son rôle pour une telle redéfinition, "un processus qui va commencer au G-20", selon lui.
Pour autant, il a défendu la poursuite "agressive d'un agenda politique national de relance" américaine : les Etats-Unis représentant 25 % du PIB mondial, "si nous ne relançons pas la pompe, on aura tous des problèmes", a-t-il dit.
Il a aussi appelé ses pairs progressistes "à ne pas réagir de façon excessive" à la crise. "Ce n'est pas un choix entre marchés contre gouvernements. Mais il s'agit de protéger le marché des partisans du libre marché", a-t-il résumé.
M.Biden a aussi rappelé à ses homologues de centre-gauche, et à travers eux à la communauté internationale, que si l'administration Obama "pense global" et est à l'écoute, elle attend en retour davantage de solidarité, et d'initiatives.
"Vous n'aurez plus l'excuse de l'ancienne administration (Bush) pour l'inaction. La bonne nouvelle c'est qu'il y a un changement" aux Etats-Unis. "La mauvaise nouvelle pour vous tous, c'est qu'il y a un changement", a-t-il plaisanté. »¹
Le ton général est donné : les Etats-Unis passent par pertes et profits les milliers de milliards de dollars pour repasser à l’offensive et « penser global » ! Washington se battra comme jamais pour empêcher toute action concertée visant à réduire la position du billet vert en qualité de première monnaie de réserve et à restaurer le système financier. Mais la Maison Blanche doit compter avec les demandes très fortes de nouveaux acteurs en Asie et en Amérique latine. Joe Biden rappelle que le temps de décider unilatéralement est révolu mais cette nouvelle donne est-elle bien évaluée ?
Les Etats-Unis comptent, notamment, sur une forte politique de relance et de monétisation de leurs dettes ce qui les opposera, apparemment, frontalement à l’Union européenne et à l’Allemagne en particulier qui prône une discipline budgétaire. Or, la chancelière et le Président français se sont engagés
« à consolider [leurs] finances publiques en appliquant le pacte de stabilité et de croissance […] au fur et à mesure que l’économie se redressera ». Mme Lagarde a rappelé qu’elle ne s’opposerait pas à des mesures non conventionnelles ou à l’élargissement des instruments utilisés par la BCE aux dépens de l’aide aux entreprises ? Peut-on, alors, parler d’une opposition européenne au programme états-uniens ?
Pour enfoncer le clou, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, a dit clairement dans un entretien à
La Tribune du 28 mars : « Un dollar utilisé pour nettoyer le bilan des banques est aujourd’hui beaucoup plus efficace qu’un dollar investi dans la construction de nouveaux ponts »
Les Etats-Unis sont bel et bien dans une action offensive, énergique. Le Président Obama en plaçant au pied du mur les dirigeants de Chrysler et de GM maillons faibles du système donnent des gages à son opinion publique, et s’active comme jamais à assurer le lendemain des banques et instituts financiers. Le message est adressé en clair, notamment, aux chinois pour leur garantir la valeur de leurs 2000 milliards de dollars et par conséquent celle de leur monnaie.
L’impression générale est celle d’une fuite en avant dangereuse. Est-ce un hasard que depuis quelques temps les médias donnent la part belle à toutes les calamités qui pourraient se produire à court terme ? Jacques Attali enfourche le cheval en plaidant pour un gouvernement mondial ou sinon les guerres et 300 millions de morts !
Le G20 s’ouvrira dans une ambiance sombre dont il ne sortira que peu de choses hormis des communiqués bien rédigés. Les Etats-Unis loin de proposer un véritable multilatéralisme opposent leurs certitudes et mettent tout le monde dans le même panier : ou vous adhérez à notre programme ou tout ira mal !
En conclusion, relisons le poète persan Rûmî fondateur de l’ordre des Derviches-tourneurs :
« Le causateur et la cause sont l’un pour l’autre comme des miroirs ;
Nul ne voit le miroir s’il n’est devenu semblable au miroir. »²

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Sources:


1-
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/090328213419.uohphja6.htm

2- in Odes mystiques, trad. Eva de Vitray-Meyrovitch & Mohammad Mokri, Paris, Klingsieck, 1973, p. 53.

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