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mercredi 5 décembre 2007

Bouteflika & Sarkozy dos à dos à Alger N°90 - 1ere année

Aucun déplacement présidentiel français en Algérie et vice-versa n’est facile depuis la naissance de cet Etat en 1962. Le déplacement de Nicolas Sarkozy ne peut donc surprendre : accueil glacial, faiblesse du nombre de contrats signés…etc. Les contentieux existent depuis des lustres entre les deux pays mais ils revêtent une importance psychologique singulière. Le chef de l’Etat a eu beau répéter que le colonialisme était injuste, rien n’y fait. Le propos d’un ministre du Président Abdelaziz Bouteflika sur l’influence des lobbies juifs autour du Président de la République française a donné le ton général. Mais à la vérité, on a l’impression que tout grain de sable ou toute morsure est normal.
Le Président Bouteflika cherche-t-il à établir une politique d’apaisement ? L’entrevue qu’il a eu avec le président français Jacques Chirac en 2003 à Alger, a débouché sur une entente pour la signature d’un traité d’amitié entre les deux pays, mais le vote de la loi du 23 février 2005 par le parlement français (reconnaissant en particulier le rôle positif de la colonisation), constitua une pierre d’achoppement pour la signature de ce traité. Le président algérien dénonça de son côté cette loi qu’il qualifie de cécité mentale, confinant au négationnisme et au révisionnisme.
La marge de manœuvre du gouvernement français est réduite. Ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui s’inclinera à faire une repentance pour la période coloniale. Et c’est justement là un point d’achoppement entre les deux pays. Plus que le million d’Algériens victimes de la conquête française, ce sont les massacres de Sétif et de Guelma, le 8 mai 1945, qui ont une importance considérable. La répression coûta la vie à 20 000 Algériens et 103 européens. Les partis nationalistes algériens réclamaient l’indépendance ; les fusils répondirent. Ce fut le début de la guerre d’indépendance selon les leaders de l’époque. Et le refus de Paris jusqu’à aujourd’hui, de reconnaître son erreur ce jour là embrouille considérablement les relations diplomatiques officielles. On se demande bien pourquoi la France ne dirait pas sa responsabilité dans cette journée tragique et sanglante ?
L’Algérie, au sens strict, est une conséquence de la conquête française. En 1830, il n’y avait pas d’état algérien, ni de nation algérienne mais des régences dont la principale était Alger. C’est l’occupation française qui va faire naître la nation algérienne. On devine que ce point est mal vécu par les hommes politiques et intellectuels algériens. D’où, peut-être, la suspicion permanente vis-à-vis de la France.
Entre un Bouteflika qui s’appuie sur l’Histoire et un Sarkozy qui l’ignore, on ne voit pas quel terrain d’entente pouvait surgir de cette visite présidentielle.
Le nouveau chef de l’Etat français se propose de construire une union méditerranéenne. Le haussement d’épaules d’Alger sonne comme un avertissement à l’ambition française. Et l’Algérie est une nation essentielle. N’est-elle pas « l’ancêtre » de la Maurétanie, de la Numidie, de la Kabylie ?


©copyright Jean Vinatier 2007

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