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mardi 4 décembre 2007

La Russie poursuit sa route N°89 - 1ere année

Gary Kasparov a contesté le résultat des élections législatives du 2 décembre : «Je ne pense pas que quiconque ait le moindre doute sur le fait que ces élections ont été les plus malhonnêtes et les plus sales dans toute l'histoire moderne de la Russie ». Vladimir Poutine a commenté sobrement « J'étais tête de liste de ce parti. Leur soutien signifie la confiance […]. Il est désormais évident à mes yeux que les Russes n'accepteront jamais que leur pays suive le chemin destructeur comme cela s'est vu dans d'autres pays de l'ex-Union soviétique ».
Les médias occidentaux ont relayé le propos de l’Autre Russie pour fustiger les pratiques gouvernementales en cours.
Qu’est-ce qui est critiquable ? La Russie n’est pas une démocratie comme nous le concevons. C’est vrai. La population russe n’a pas voté en grand nombre en raison des pressions qui s’exerçaient contre lui. C’est vrai. Une oligarchie tient le pouvoir depuis Moscou. C’est vrai. Les droits de l’Homme ne sont pas respecté. C’est vrai.
Peut-être est-ce Mikhaïl Gorbatchev qui donne un ton plus juste ou plus équilibré lorsqu’il répondait à une interview d’Ulysse Gosset pour
France 24 le 9 novembre dernier ? Sa teneur donne de toute façon des réponses et ouvre le débat.
«UG : Quels sont vos rapports personnels avec Vladimir Poutine?

MG : On n'est pas de proches amis mais… nous avons confiance l'un dans l'autre. Parfois, quand c’est nécessaire pour l’un ou pour l’autre, on se rencontre, mais je ne suis pas son conseiller. Quand je considère qu'il faut que je dise quelque chose, je le dis ouvertement via la presse.

UG : Quand Vladimir Poutine restreint les libertés d'opinion, quand il y a des emprisonnements d'opposants, on a vu le meurtre d'Anna Politkovskaïa qui n'est toujours pas résolu, vous n'êtes pas critique sur l'absence de démocratie? Sur ces questions-là, est-ce que vous n'êtes pas inquiet pour la démocratie en Russie et certains disent même que Poutine est un nouveau dictateur, qu'est-ce que vous en dites?

MG :Je ne suis pas de cet avis. Poutine est un homme qui a une attitude très sérieuse vis-à-vis de ses obligations présidentielles. Il a sorti la Russie du chaos… J'ai beaucoup réfléchi sur qui critique qui, quand et pourquoi. Vous savez, pendant l’époque Eltsine, les gens pendant des mois où même des années ne touchaient pas leur salaire. Si cela s'était produit en France…, les Français auraient balayé le gouvernement.
Je pense que Poutine réagit à la critique de façon sérieuse. Il m'a dit qu’il est pour la presse libre, mais une presse responsable. Je crois que c'est la bonne attitude parce que la presse, parfois fait n’importe quoi… Poutine rencontre la presse plus que moi…; il travaille beaucoup avec la presse et c’est bien.

UG :Et Anna Politkovskaïa ?… Vous pensez qu’on va trouver l’assassin?

MG :J'aimerais mais jusque là beaucoup de meurtres n'ont pas été élucidés et la question est de savoir qui est le meurtrier si on ne peut pas le prouver. Alors, j'espère qu'il sera retrouvé et je crois que l’intention de Poutine c’est aussi qu'il faut absolument trouver l'assassin.
UG : Si Vladimir Poutine n'est pas responsable de cette situation vis-à-vis de la presse et si, néanmoins, Anna Politkovskaïa a été assassinée, ça veut dire qu'il ne contrôle pas complètement la situation?

MG : Je crois que c'est la responsabilité aussi bien de la société que du pouvoir…. Tout le monde pense que nous avons beaucoup progressé sur la démocratie. Nous sortons seulement de la période de transition pour aller vers des institutions démocratiques… Les Américains disent qu'ils veulent la même démocratie que chez eux mais moi je suis ravi !.. Nous sortons à peine de 70 ans d'un système qui était totalitaire, qui réprimait toute forme de démocratie !.. Alors, attendez, soyez patients…

UG : Je vous propose maintenant de voir les résultats d'un sondage… [qui] montrent que pour la majorité des sondés, la Russie redevient une grande puissance... Vous êtes satisfait, vous êtes fier?
MG : Ce n'est pas une question de fierté. Le pays s'est relevé, il va de l'avant et cela se produit parce que les gens arrivent à résoudre leurs problèmes… et, bien sûr, la conjoncture était très favorable. Je pense que c’est Dieu qui aide la Russie à sortir de la crise. Il faut se souvenir qu’en Occident et en Orient, nos amis n'étaient pas très inquiets de la situation en Russie et ils applaudissaient Eltsine. On voyait, nous, que ça allait mal et l'Occident applaudissait! Alors, je me suis demandé ce que voulait l'Occident… Moi je suis très content qu’on se soit débarrassé de Eltsine, il est parti lui-même, il n’y avait que 2% de Russes qui le soutenaient… Maintenant, la Russie s'est relevée, elle reste la Russie, elle a son expérience, sa culture, son histoire pour participer à tous les processus mondiaux et l'absence de la Russie quand elle était en crise, c'était très mauvais pour la Russie, pour l’Europe et le monde. Mais maintenant, la voix de la Russie est écoutée… et la Russie accepte cette responsabilité… La Russie va être un partenaire fiable et stable mais c'est peut-être intéressant pour l'Europe de parler du chantage énergétique de la Russie… Je ne sais pas qui est l'otage de qui... Ce qui est important pour nous, c'est que nous sommes des amis, des partenaires historiques. Il faut qu'on fasse du commerce ensemble et que la Russie remplisse ses obligations.
L'Occident nous critique: pourquoi vendons-nous à l'Ukraine, à la Moldavie, à la Biélorussie, à la Géorgie, le gaz à moitié prix? Le marché doit être le même pour tous. On prévient nos partenaires un an à l’avance… mais les autorités suprêmes de ces pays disent: “La Russie ne peut pas augmenter les prix, nous sommes frères”… On commence à prendre des mesures concrètes. A ce moment-là tout l'Occident s’insurge pour défendre l'Ukraine, la Biélorussie… Je vous confirme que La Russie est un partenaire fiable… Il ne faut pas mettre la Russie dans une situation difficile. Il n’y a aucun plan machiavélique…»

L’extrait de cet entretien n’absout pas Vladimir Poutine : Gorbatchev est critique sur le parti Russie Unie¹. Pour autant, il ne va pas à l’encontre des propos de Gary Kasparov initiateur des « Marches du désaccord » depuis 2006. Son mérite général tient précisément dans le rappel historique et la pleine conscience de Poutine et des hommes politiques dont Kasparov du rôle fondamental de leur pays pour les années à venir. Sur ce point, tous les politiciens sont d’accord, la Russie ne peut être qu’elle-même c’est-à-dire grande. Et demain démocrate ? Oui, mais le chemin sera plus tortueux.
©copyright Jean Vinatier 2007

Source :
1-
http://fr.rian.ru/russia/20071129/90071850.html

Liens :
http://www.williampfaff.com/modules/news/article.php?storyid=275 Putin as Russia’s commander

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