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mercredi 28 avril 2010

Chateaubriand : « N’étant que simple citoyen »- N°684 3e année

Tandis que le couple présidentiel succombe aux sérénades de cabaret du gouvernement chinois lui donnant un faux sentiment de puissance et de reconnaissance, tournons-nous vers nos grands et indépassables auteurs : le vicomte de Chateaubriand est l’un des plus illustres : se lasse-t-on de relire les Mémoires d’Outre-tombe ?
La relecture de la préface de son ouvrage, long, détaillé et malheureusement trop caché, De la monarchie selon la Charte (1816) n’est pas inutile aujourd’hui tant tout se défait, se délite ne suscitant que des colères limitées.

« Si n'étant que simple citoyen, je me suis cru obligé dans quelques circonstances graves d'élever la voix et de parler à ma patrie, que dois-je donc faire aujourd'hui? Pair et ministre d'Etat, n'ai-je pas des devoirs bien plus rigoureux à remplir, et mes efforts pour mon roi ne doivent-ils pas être en raison des honneurs dont il m'a comblé ?
Comme pair de France, je dois dire la vérité à la France, et je la dirai.
Comme ministre d’Etat, je dois dire la vérité au roi, et je la dirai.
Si le conseil dont j'ai l'honneur d'être membre, était quelquefois assemblé, on pourrait me dire : « Parlez dans le conseil ; mais ce conseil ne s'assemble pas: il faut donc que je trouve le moyen de faire entendre mes humbles remontrances, et de remplir mes fonctions de ministre.
Si j'avais besoin de prouver par des exemples que les hommes en place ont le droit d'écrire sur les matières d'Etat, ces exemples ne me manqueraient pas: j'en trouverais plusieurs en France, et l'Angleterre m'en fournirait une longue suite. Depuis Bolingbroke jusqu'à Burke, je pourrais citer un grand nombre de lords, de membres de la chambre des communes, de membres du conseil privé, qui ont écrit sur la politique, en opposition directe avec le système ministériel adopté dans leur pays.
Eh quoi ! si la France me semble menacée de nouveaux malheurs ; si la légitimité me paraît en péril, il faudra que je me taise parce que je suis pair et ministre d'Etat ! Mon devoir au contraire est de signaler l'écueil, de tirer le canon de détresse, et d'appeler tout le monde au secours. C'est par cette raison que pour la première fois de ma vie je signe mes titres, afin d'annoncer mes devoirs et d'ajouter, si je puis, à cet ouvrage le poids de mon rang politique.
Ces devoirs sont d'autant plus impérieux, que la liberté individuelle et la liberté de la presse sont suspendues. Qui oserait, qui pourrait parler? Puisque la qualité de Pair de France me donne, en vertu de la Charte, une sorte d'inviolabilité, je dois en profiter, pour rendre à l'opinion publique une partie de sa puissance. Cette opinion me dit: « Vous avez fait des lois qui m'entravent ; prenez donc la parole pour moi, puisque vous me l'avez ôtée. »
Enfin, le public m'a prêté quelquefois une oreille bienveillante: j'ai quelque chance d'être écouté. Si donc en écrivant 'je peux faire un peu de bien, nia conscience m'ordonne d'écrire. Quand on remplit de pareils devoirs on est résigné à tout.
Cette Préface se bornerait ici si je n'avais quelques explications à donner.
Le mot de royaliste, dans cet ouvrage, est pris dans lin sens très-étendu : il embrasse tous les royalistes, quelque soit la nuance de leurs opinions, pourvu que ces opinions ne soient pas dictées par les intérêts moraux et révolutionnaires.
Par gouvernement représentatif, j'entends la monarchie telle qu'elle existe aujourd'hui en France, en Angleterre et dans les Pays-Bas, soit qu'on veuille ou qu'on ne Veuille pas convenir de la justesse rigoureuse de l'expression.
Quand je parle des fautes, des systèmes, des ordonnances, des projets de loi d'un ministère, je ne fais la part ni du bien ni du mal à chacun des ministres qui composaient ou qui composent ce ministère. Le principe est qu'une mesure ministérielle est l'ouvrage de tous les ministres. Ainsi j'ai blâmé fortement des ministères dans lesquels même j'avais des amis, sans égard à mes affections particulières. Quant aux ministres que j'ai cru devoir faire ressortir de cette loi générale, et que j'ai désignés, ils se reconnaîtront.

François-René de Chateaubriand »
Jean Vinatier
Source
:

De la monarchie selon la Charte, Bruxelles, Auguste Wahlen, 1816

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