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lundi 10 mai 2010

Ouroboros ou l’euro-état ? N°692 3e année

Ne vous y trompez pas, ce week-end était consacré aux festoiements européens : 70e « anniversaire » de la capitulation nazie, rappel de la déclaration de Robert Schuman le 9 mai 1950…etc
Regardons dans quelle situation politique se trouvait l’Union européenne pour tétaniser les spéculateurs: réunion à Bruxelles, capitale d’un royaume quasiment implosé et désormais sans Parlement, un Royaume-Uni tout entier aux tractations entre les 3 vainqueurs/vaincus des dernières élections législatives, une chancelière allemande préoccupée ( à juste raison) du résultat de la consultation électorale en Rhénanie-Westphalie, un Président français de plus en plus inaudible avec à l’arrière plan, en sus des cendres du volcan islandais, l’Espagne, le Portugal et bien évidemment la Grèce toujours en ébullition. Bref, l’Europe valium partait en guerre contre les spéculateurs vitaminés. Convenons que les ministres de l’Union ont bien scénarisé la journée de crise : tout le dimanche, ils affectaient de laisser dire que seul un fonds d’urgence 60 milliards serait créé, somme naturellement bien médiocre, et puis, dans la soirée, arrivèrent les fameux 750 milliards d’euros dont 220 apportés par le FMI.
Nicolas Sarkozy qui avait dit
: « à attaque systémique, réponse systémique » estime, ce matin, ne pas avoir fait une simple opération de communication : aux yeux des Français, il a tenu parole. En fait ce dimanche les ministres de l’Ecofin, sans menacer les spéculateurs de la moindre poursuite, ont principalement sauvé les banques, européennes et surtout américaines (inquiétude de Barack Obama) pour lesquelles on ignore toujours leur degré d’exposition aux risques.
Un commentateur d’un article (je ne sais plus lequel, qu’il me pardonne) résume le moment :
« Si je comprends bien, les pays européens empruntent de l’argent aux mégabanques pour secourir des banques dont la mise en faillite aurait des conséquences désastreuses pour les mégabanques et pour les états auxquels ces banques sont rattachées.Tout ce processus continue à générer une production incontrôlable d’intérêts dont la charge est à répartir sur les habitants des pays européens.Il est donc fort pertinent de dire que l’endettement public n’est rien d’autre qu’un processus, devenu sans fin, pour enrichir les banques et leurs actionnaires avec l’argent des électeurs.Cette affirmation étant aussi pertinente que celle qui qualifie le bénéfice de salaire non payé, nous sommes visiblement tous devenus des grecs. »
Les places asiatiques n’ont pas trop bondi, signe que l’Union européenne est encore loin de signifier quelque chose de précis pour cette partie motrice du monde. Il n’en reste pas moins que dans une grande urgence, les dirigeants européens les plus libéraux se sont contraints à mettre en œuvre un plan de solidarité sans pour autant changer d’un iota les principes des traités de Maastricht et de Lisbonne. La BCE activera la planche à billets pour inonder les marchés, elle achètera les dettes souveraines des Etats via une structure hors bilan et elle ira (grande première) sur les marchés obligataires.
La preuve est faite que l’institution d’une monnaie unique en tant que telle ne suffit pas à lui donner une légitimité économique. Qu’est-ce qu’une monnaie sans une assise politique ? Rien, c’est une monnaie pour duty free.
Les lendemains ne seront pas joyeux et légers pour les citoyens européens qui feront les frais d’une politique de réduction de la dette publique : austérité, rigueur seront les mots qui viendront en boucle.
Comment agir pour que les Européens ne loupent pas le train de la croissance économique, source d’emplois, d’innovations, de profits ?
Les pays membres de la zone euro travailleront-ils à une union budgétaire c’est-à-dire mettre en adéquation leurs politiques budgétaires, économiques, fiscales et sociales et in fine établir une fédération politique des Etats concernés ?
Quid de la dette publique, des déficits ? Ne faudrait-il pas changer les choses ? Pourra-t-on continuer à ne pas associer les actifs de l’Etat avec le budget qui comporte deux colonnes, celle des recettes, celle des dépenses ? Ne serait-ce pas un moyen de réduire l’importance de la dette ?
Tous ces chantiers dans cette urgence laissent pantois : l’incapacité des dirigeants européens à penser ferait désespérer les hommes. Le soulagement de dimanche soir est d’abord pour ces femmes et ces hommes d’avoir fait respirer les banquiers et les financiers( leur monde) sans trop se préoccuper des individus.
N’oublions pas que les puissances du nouveau monde économique regardent avec intérêt le devenir du « monde atlantique » : en 2008, Paulson faisait injecter des centaines de milliards de dollars pour sauver Wall Street, en 2010, ce sont des milliards d’euros qui devraient sauvegarder l’Europe. Détail, tous les spéculateurs se sont repliés sur le dollar, monnaie américaine d’un pays dont les dettes atteignent des sommets invisibles à l’œil humain.
En résumé, hier, les Européens, ont fait un premier pas et les appels de l’Oncle Sam montrent que nous n’étions pas si négligeables que cela ! Demain, il sera plus difficile à des spéculateurs d’attaquer un pays de la zone euro : aujourd’hui un agioteur pourrait-il s’en prendre à la dette de l’état californien sans s’attaquer au dollar c’est-à-dire aux Etats-Unis ?Non.
Mais dieu que nous sommes loin de mars et mai 1944 (
programme du C.N.R et de la Déclaration de Philadelphie qui posait les statuts de l’OIT) et du discours de Robert Schuman ; de cette époque où le « monde Atlantique » avait quelques zestes de philosophie et des maximes, tout est bien mort !
Ouroboros, le serpent qui s’étouffe en se mangeant la queue, serait-il notre funeste symbole ? Mon cher Robert Schuman ton rêve deviendrait-il notre cauchemar : serions-nous des Ouroboros ?
Tuons le serpent !

Jean Vinatier

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Sources
:
http://www.robert-schuman.eu/declaration_9mai.php
Déclaration de Philadelphie :
http://www.aidh.org/Biblio/Text_fondat/OIT_01.htm
C.N.R :
http://fr.wikisource.org/wiki/Programme_du_Conseil_national_de_la_R%C3%A9sistance



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