Jean-Claude
Junker fulmine depuis la victoire de Syriza et du nouveau gouvernement souverainiste
qui en a surgi : il a perdu ses « visages familiers »…….Mais le
bonhomme pourrait très bien se contenter de froncer les sourcils, de rappeler
les grands principes qui régissent les relations au sein de la zone euro, il ne
le fait pas. Au contraire le voilà qu’il admoneste Alexis Tsipras et son
ministre des Finances Yanis Varoufakis les considérant comme des gamins et ne s’arrêtant
pas en chemin jette quelques foudres sur la France qui est instamment pressée
de se « réformer » (traduction : disparaître). L’anglophobe
Jean-Claude Junker est l’homme des Américains. Sa tâche est de veiller à ce que
cette Union ne puisse plus bouger le petit doigt sans l’agrément de l’empereur
du Potomac. L’Allemagne, quant à elle, si elle ronge son frein se sait dans un
goulot qui ne cesse pas de rétrécir. Cette puissance est de plus en plus
exposée. Elle n’est guère éloignée de constater l’inanité de la politique de
Mme Merkel qui enferre son pays au lieu de lui faire déployer ses ailes.
La gestion de la question ukrainienne étant, à cet égard, éclairante !
Jean-Claude
Junker croit le Président français assez peu intéressant et sans doute n’entend-t-il
pas prendre de précaution envers lui. Mais François Hollande étant à la fois détaché
de tout sentiment et de toute fidélité mais plus épris du pouvoir qu’on ne le
pense pourrait très bien se saisir de cette sorte de « manifeste de Brunswick »
et en appeler aux Français. Le Président de la République, en toute logique, ne
peut-il pas se satisfaire de la victoire de Syriza sachant que cette élection
pourrait contraindre la chancelière à adoucir les angles ? Il sait aussi
qu’il ne pourrait accepter que la Grèce fasse défaut sur sa dette : la
Société générale, notamment, y sombrerait.
La
violence des termes de Jean-Claude Junker sera-t-elle la goutte d’eau de trop ?
Il est certain que le gouvernement grec n’a pas d’autre choix que de tenir ses
promesses devant le peuple. Il est vrai également que la Commission se
déjugerait si elle consentait dès à présent à des aménagements : l’Espagne,
le Portugal, l’Italie…et la France s’y engouffreraient. Toute cette Union
marchait depuis trop de temps sur un parquet de cristal, les craquements s’y font
entendre. Athènes, rappelons-le aurait le soutien des BRICS (la Chine et la
Russie) en cas de refus de Bruxelles et du FMI (Mme Lagarde a laissé la porte entrouverte).
Une fois encore, la Grèce n’est pas acculée, c’est la zone euro qui est dans
une nasse. Le manifeste de Brunswick de Junker contre les peuples récalcitrants
a tout pour susciter une réaction inverse….. Ah ça ira ?
« Amis, Compagnons et Camarades
Ainsi Monsieur Juncker, au nom de la commission vient de
tancer le nouveau Gouvernement Grec en lui enjoignant de respecter par
priorité absolue ses engagements Européens.
Il en a profité pour menacer à nouveau la France de sanctions
financières si elle ne s'engageait pas plus largement dans la voie de
"réformes structurelles" formule dont nous savons tous qu'elle
signifie réduction massives des protections sociales et notamment
facilitation des licenciements.
De la part de l'homme qui a gouverné le pays qui a, plus que
tout autre, pratiqué la piraterie financière à l'égard des autres pays
Européens, le propos pourrait faire au moins sourire.
Ce qui est grave n'est pas que Monsieur Juncker dise ce qu'il
a dit, ce qui est grave c'est qu'il le pense. Il ne formule pas même
une menace il énonce une politique. Il s'agit de laisser se développer
jusqu'à son terme une situation ou les structures privées ou même
publiques qui en ont les moyens accumulent les avoirs et les crédits
alors que les personnes les plus faibles payent de plus en plus cher
cette faiblesse même. C'est ainsi, pense-t-il que la croissance
reprend puisque les riches investissent alors que les pauvres se
croient obligés d'épargner ce qu'ils peuvent et ne consomment par
conséquent pas assez.
Si nous avions la faiblesse de ne pas dire que c'en est
assez, la réaction de tous les peuples sera, dans le meilleur cas, la
même que celle des Grecs, dans le pire, celle qui se dessine déjà
ailleurs. Il est déjà tard pour éviter cette évolution, il serait naïf
de penser pouvoir négocier longtemps et utilement avec des gens qui
ont des certitudes aussi ancrées. Il faut commencer par dire " stop"
et ne commencer à négocier une solution raisonnable qu'après l'avoir
dit.
A qui appartient-il de dire "stop" ? A mon avis à la France.»
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM
2015
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