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mardi 11 juillet 2017

G20 ou l’Europe traversée N°4295 11e année



Au sortir de la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713), de la guerre du Nord (1700-1721) le XVIIIe siècle européen, dans son premier quart, tenta par une politique de congrès, Cambrai 1722-25, de Soissons 1728-1729 de réunir les principales puissances de ce temps afin de conjurer des conflits. Cette diplomatie des congrès qui n’empêchèrent ni les guerres ,de succession de Pologne (1733-1738), d’Autriche ( 1740-1748), de Sept ans (1756-1763) eurent le mérite de vouloir prolonger les grands principes établis au moment des traités de Westphalie et d’Osnabrück qui mirent un terme à trente années d’horreur (1618-1648) sur le continent, d’installer cahin-caha l’idée d’équilibre européen dont Vergennes sera le grand plaideur et au nom duquel, de concert avec la Russie, il fit la ligue des Neutres convainquant Londres de sa vanité d’abattre les futurs Etats-Unis et son élève Talleyrand ne l’oubliera pas au congrès de Vienne de 1814, congrès dont tous les diplomates avaient été formés à l’école diplomatique de Strasbourg (1752-1789) fondée par l’historiographe du Roi Louis XV,  Jean-Daniel Schoepflin.
Depuis Valéry Giscard d’Estaing qui eut l’idée des réunions de Groupe ou G 5, 6, 7, 20 pour  tenir les questions du monde, les puissances se retrouvent au même point que les siècles précédents rappeler des principes et des frontières à cette différence notable, qu’aujourd’hui, tout est à l’échelle de la planète. On pourrait, comme le firent les contemporains des congrès de Cambrai, de Soissons se moquer des bals et des festins mais le seul moment pendant lequel l’homme retrouve une urbanité et délaisse, un peu son animalité, c’est précisément en faisant table commune ou ronde avec ses pairs. Il y a donc toujours quelque chose de vain dans ces réunions mais elles obéissent à une loi naturelle.
Le G20 de Hambourg n’a manqué ni des casseurs, acteurs sans lesquels le sommet n’aurait pas sa publicité, ni ses petits faits qui suffisent à agiter les gazettes. Cependant, le G20 pourrait être un marqueur d’abord par le fait que la mondialisation à tout prix met un bémol, Barack Obama, quelques jours avant lors d’un discours en était à espérer que ses idées « mondialisantes » perdureraient. Angela Merkel, sa fervente admiratrice, ne les reprit pas. Au contraire, à travers le communiqué actant la sortie des Etats-Unis des Accords de Paris, les 19 admirent qu’un Etat souverain pouvait faire bande à part quand bien même les principes inscrits dans lesdits accords étaient irréversibles mais, non contraignants : n’étaient-ce point Barack Obama et John Kerry son secrétaire aux affaires étrangères qui avaient exigé cela ? Le grand dam dont on accuse Donald Trump ne s’appuie donc pas sur des étais puissants….
Quant à la rencontre Trump/Poutine, elle est symbolique. D’abord pour le Président américain qui, maintenant que CNN est à terre, s’estime victorieux des combats menés par ses opposants, un mélange de Républicains et de Démocrates, et peut donc symboliquement par sa rencontre avec le chef d’Etat russe afficher son choix sans que l’Europe ne pipe mot…et ne renonce aux sanctions contre la Russie tout en voulant commercer avec elle…Ensuite pour Vladimir Poutine, l’exclu des G 8,   évidemment ravi de reprendre langue avec les Etats-Unis. Il convient de savoir que depuis la paix de Gand, qui mettait en terme à la seconde guerre anglo-américaine en 1814, Alexandre Ier proposait à James Madison de se partager le monde. C’est bien aux Etats-Unis que le tsar Alexandre II céda l’Alaska et ce sont les Américains, à la demande de Nicolas II, qui furent les médiateurs entre lui et le Japon en 1905 à Portsmouth (Pour la petite histoire tout le texte du traité fut rédigé en Français…). Idem en 1945 lorsque Etats-Unis et Union soviétique se crurent revenus au temps du traité de Tordesillas (1494) quand Espagne et Portugal se partageaient les zones de conquête. C’est peu dire que pour Vladimir Poutine cette rencontre avec Donald Trump est pour lui un juste retour à la normale historique. Il faut mesurer le poids de ce genre de chose, ce que l’Union européenne ne veut surtout pas…
Le G20 se tenant en Europe à Hambourg, Donald Trump ne l’oubliant pas, eut à cœur d’aller, d’abord en Pologne qu’il désigna comme Etat âme du continent. Un geste non anodin car Washington souhaiterait qu’une union des Etats allasse de l’Adriatique à la Baltique, une façon de fermer à l’Allemagne une partie de ses ambitions  Ukraino-Carpatiques : l’OTAN venant de commencer (ô hasard d’entamer de fragiles négociations d’adhésion avec Kiev), de contenir aussi la Russie. Cet exemple pour dire que Donald Trump, tout en étant protectionniste n’oublie pas du tout qu’il est à la tête de la première puissance et qu’il préside l’OTAN. Vis-à-vis du Royaume-Uni, le Président américain proposerait à Teresa May un accord commercial global, s’il se réalisait, la dame du 10 Downing Street, disposerait de nouveaux atouts considérables (la reine du Canada est Elisabeth II or Toronto a conclu l’accord libre-échangiste avec Bruxelles) supplémentaires face à Bruxelles.
Si l’on retiendra quelque chose de ce G20 c’est sans doute que l’Union européenne aura été bien traversée : n’est-elle pas un espace ? avec des arrière-pensées que nous ne conduisons pas ! La chancelière germanique, Angela Merkel, les yeux rivés sur les élections de septembre à une marge de manœuvre moindre : d’un côté elle doit se montrer inflexible sur ses principes pour complaire à sa base électorale, de l’autre elle entend garder un leadership européen dont elle dispose par la présence d’Allemands à tous les niveaux décisifs de Bruxelles au détriment de la France. Mais son désaccord public avec Donald Trump et sa non-politique avec la Russie lui lient plus les mains  sans compter que l’arrivée au pouvoir de Monsieur Macron la laisse pour l’heure sceptique. Aussi laisse-t-elle dire sur le couple franco-allemand très populaire à Paris. La chancelière n’a pas d’autre horizon que la satisfaction de la Rhür et le Hinterland. Et la France dans ce G20 ? A l’instar de son Président qui cherchait, pour la photo, une bonne place et non sa place, auprès du Président américain, la France n’est ni amarrée ni ne largue les amarres, elle gite c’est-à-dire connait l'inclinaison transversale causée par un phénomène intérieur (mouvement de poids  de la dette à l'intérieur du navire France), par un phénomène extérieur, le vent de l’Histoire.



Jean Vinatier
Seriatim 2017

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