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jeudi 4 mars 2021

Biden : courir sus à Ryad et Moscou : sourire persan N°5613 15e année

L’administration Biden commence à nous éclairer sur ses intentions diplomatiques vis-à-vis de la Russie, de l’Arabie Saoudite et de l’Iran. La Chine est bien dans le viseur mais, mange-t-on tous les plats en une fois ?

L’endiguement (containment) est un acte politique cher aux américains depuis « Le long télégramme » de George F. Kennan en février 1946. D’abord appliqué à l’Union soviétique, aujourd’hui, il est essayé contre la Chine. Pékin a, notamment, deux partenaires stratégiques énergétiques la Russie et l’Iran. Vouloir les ficeler ou les détacher de la Chine est un travail de longue haleine et délicat, aussi Washington essaie d’y arriver par deux moyens différents : par les sanctions contre la Russie et la mise sur orbite d’un opposant-martyr (Navalny), par des appels du pied vers l’Iran des mollahs. L’Union européenne, toujours à des années lumières de toute pensée géostratégique s’empresse de cautionner les Etats-Unis et annone. Cependant, l’administration Biden en choisissant de faire pression sur l’Arabie Saoudite et sur MBS en particulier, elle risque d’y laisser des plumes. Pour Joe Biden, le royaume saoudien a, désormais trois inconvénients : une guerre au Yémen, alors soutenue par eux depuis Obama, un appui à Donald Trump, une responsabilité dans l’assassinat du journaliste Khashoggi. Le royaume devient moins fréquentable alors que s’accumulent ses échecs : au Yémen, contre le Qatar mais il garde une importance majeure contre l’Iran. Or, en prenant le parti d’insister lourdement sur le roi Salmane ben Abdelaziz al Saoud pour renvoyer le prince héritier, un risque est pris soit de se heurter à un refus très net (ingérence) soit d’affaiblir l’Arabie pour le plus grand intérêt de l’Iran qui se montrera plus retors dans la négociation.

L’Iran est l’objet de sanctions….à l’Ouest mais pas à l’Est. L’été dernier l’Iran a signé un accord énergétique majeur avec la Chine qui lui permettra d’écouler sa production pétrolière lui apportant un nombre important de devises. Certes l’Iran aimerait retrouver des relations commerciales ouvertes avec l’Europe mais l’Asie prenant de plus en plus d’aise vis-à-vis des Etats-Unis, Téhéran n’a pas de raison majeure pour s’impatienter et ce d’autant moins que les mollahs suivent attentivement toute déstabilisation en Arabie Saoudite, que tous les Etats arabiques ne sont pas si hostiles envers eux, que l’Irak, enfin, est dans leur influence les projetant jusqu’en Syrie.

La Russie de Vladimir Poutine impressionne par sa puissance militaire sans masquer une faiblesse double, économique et démographique. S’y ajoute une donnée géopolitique historique, la Russie depuis Pierre Le Grand cherche à se faire admettre dans l’aire européenne avec des envies de bonnes correspondances américaines (Alaska). Le souvenir tragique des mongols au XIIIe siècle a imprimé durablement une méfiance envers l’Asie. Pourtant, la Russie est régulièrement accusée d’un piratage régulier, de faire et défaire les processus démocratiques, d’être en quelque sorte un deux ex machina maléfique. La Russie se regarde donc comme assiégée, agressée et ne parait pas répondre aux attaques dont elle est l’objet. Moscou joue avec beaucoup d’intelligence une partie géopolitique qui la conduit jusqu’au milieu de l’Afrique tout en gardant une réserve vis-à-vis de la Chine. Certes Pékin et Moscou ont signé une foule d’accords mais la Russie aimerait bien être aussi en Europe pour contrebalancer ce partenaire très puissant. Les Etats-Unis en jouant la déstabilisation en Russie risque d’arriver à l’opposé du but recherché. Là encore l’Europe manque une occasion de taille….

L’administration Biden court trois lièvres à la fois : le russe, l’iranien, le saoudien, le dernier étant son appui contre le second laissant entrevoir des issues décevantes et qui sait dangereuses. En ne mettant pas de hiérarchie dans sa politique d’endiguement de la Chine, l’Amérique s’empêtrera précipitant même de nouvelles ententes. Dernièrement, Washington a plaidé pour que le Japon et la Corée forment un axe anti-chinois oubliant que la seconde est infiniment plus proche historiquement de la Chine que du Japon qui y a commis des atrocités.

A suivre……

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

 

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