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lundi 15 mars 2021

Biden fait du Quad en Asie N°5623 15e année

 Le quad est un véhicule tout terrain très populaire, c’est aussi depuis 2007 une alliance d’abord Asie-Pacifique puis depuis 2021 « Indo-Pacifique » formatée par les Etats-Unis autour desquels se placeraient l’Australie, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. Son intention, contrebalancer l’ambition chinoise. C’est pourquoi le nouveau secrétaire d’Etat, Anthony Blinken ira cette semaine, à l’écoute desdits soutiens.

Quelques semaines plus tôt, sous l’égide de la Chine, une considérable alliance économique et financière Asie-Pacifique s’est conclue dont avec l’Australie, le Japon, la Corée du Sud mais sans l’Inde.

Le décor planté, disons les choses sans le moindre détour : la Chine veut être la première puissance quand les Etats-Unis n’entendent pas passer à la seconde place. Depuis Barack Obama, les Etats-Unis essaient de tourner à leur avantage « le plus grand défi géopolitique du XXIe siècle », soit en partant d’une Amérique affrontant en solo (Trump) la Chine soit en y agrégeant des puissances régionales (Biden).

Le Quad (Japon, Corée du Sud, Inde, Australie) est-il bien solide pour contrer la Chine ? Les pays d’Asie quand on les interroge sur la question pékinoise ne voient pas du tout de la même façon la notion de suprématie. Si l’Asie du sud-est, le Vietnam, surtout (ex-empire d’Annam), se remémore négativement la suzeraineté historique chinoise, il n’en reste pas moins qu’au-delà de la Chine, c’est une prise de conscience asiatique de la puissance qui retient les dirigeants politiques de ce continent.

A première vue, la diplomatie américaine dans sa manière de faire est assez ancienne et ne parait pas prendre en compte l’évolution profonde asiatique. Le fait même que trois pays sur quatre du Quad adhérent à l’alliance géo-économique initiée par la Chine limite de facto la capacité américaine à fonder une contre-alliance qui aurait une lecture évidente. Or, est-ce le cas ? Japon et Corée du Sud ne s’apprécient guère quand l’Inde est une force considérable mais assez molle, c’est toute proportion gardée un Mexique les mathématiques en plus ! L’Australie, enfin, membre du Commonwealth mais entre les mains militaires américaines, cherche désespérément une voie existentielle géopolitique à l’instar du Canada et abhorre la Chine mais ne parvient pas à réguler leurs migrations estudiantines et s’attire de la part de Xi Jiping des observations sur la légitimité de leur présence !

On observera, enfin, que Taiwan ne compte pas parmi le Quad, signe que les Etats-Unis comprennent qu’il faut avancer à pas de sioux en mer de Chine.

En réalité, les Etats-Unis arrivent à ce moment où leur toute-puissance le devient beaucoup moins. Il se pourrait même, d’ici quelques temps, que cet amassement d’armement et de dollars les plombent plus qu’ils ne les portent en avant…

Les Etats-Unis, « géostratégiquement » sont face à toute une Asie dans ses parties, asiatique et orientale, par exemple : empêtrés en Afghanistan où ils s’entêtent à garder une position politique, en Irak sous perfusion persane et en Syrie, enfin, où ils bombardent faute de mieux à gauche à droite sous le regard goguenard des russes et des turcs.

C’est l’Asie dans toute sa dimension continentale qui constitue le défi géopolitique du XXIe siècle et les Etats-Unis, quoique la première puissance militaire mondiale, quoique la première puissance financière mondiale, seront à l’épreuve de déconvenues redoutables.

Quelque part les Etats-Unis vont en Asie (l’Est) comme les Occidentaux le firent fascinés, alors, par cet orient où ils échouèrent souvent.

Ce quad, alliance tout-terrain fera, sans doute plus de poussière que de routes nouvelles car aujourd’hui c’est l’Asie qui les trace et non plus l’aire Atlantique (Etats-Unis/Europe).

Jean Vinatier

Seriatim 2021

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