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mercredi 27 mars 2019

Algérie l’incertitude N°4659 13e année


Sur quoi repose le pouvoir algérien depuis que le général Ahmed Gaïb Salah, chef d’Etat-major, a déclaré nécessaire d’actionner l’article 102 de la Constitution qui traite de l’incapacité du Chef de l’Etat ?
Pour Bernard Lugan un des spécialistes de l’Afrique, le régime algérien tente de gagner du temps pour s’organiser et espérer que la rue se calme.

« 1) Faire constater l’incapacité du président Bouteflika permet de vider l’abcès en  donnant une satisfaction à bon compte à une grande partie des manifestants, tout en isolant les jusqu’au-boutistes qui veulent un changement de régime et la fin du système FLN.

2) Cette décision permet de replacer l’armée au centre du pouvoir, mais une armée qui joue la carte de la légalité et qui apparait comme ressoudée, un voile ayant été mis sur ses profondes fractures.

3) Cette reconnaissance d’inaptitude  ne changera rien au fonctionnement du pouvoir puisque, quasi inconscient depuis plusieurs années, ce n’était plus Abdelaziz Bouteflika qui gouvernait.

4) Le parlement, sur proposition du  Conseil constitutionnel va  donc, à la majorité des 2/3, constater l’incapacité présidentielle et, comme le veut la Constitution, l’intérim va être assuré pour 45 jours par Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la Nation. Puis, si au bout de ces 45 jours, l’incapacité présidentielle est confirmée, la vacance du pouvoir sera alors constatée et Abdelkader Bensalah aura 90 jours au maximum pour organiser une élection présidentielle. Donc au total, 45 jours plus 90 jours, un vrai ballon d’oxygène pour le régime alors-que le couperet du 28 avril devait marquer la fin de la présidence Bouteflika.

5) Comme Tayeb Belaiz, le président du Conseil constitutionnel, et Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la Nation, sont deux fidèles du clan Bouteflika, il est logique de penser qu’ils vont tout faire pour gérer la période qui s’ouvre au mieux des intérêts de ce dernier puisqu’ils en sont une composante. Ils vont être aidés en cela par l’appareil du FLN, notamment par Amar Saadani,  ancien secrétaire général du mouvement qui,  le dimanche 24 mars, a allumé la mèche du processus actuel en déclarant qu’Abdelaziz Bouteflika était le jouet du Premier ministre Ahmed Ouyahia… et que c’était ce dernier qui non seulement dirigeait l’Algérie, mais encore écrivait les lettres attribuées au président.

6) Un bouc-émissaire commode est donc trouvé et désigné à la foule, ce qui devrait permettre de sauver la tête de Saïd Bouteflika, des caciques du FLN, des oligarques et des généraux qui ont gouverné l’Algérie à leur profit, en s’appuyant sur l’ « alliance des coffres forts et des baïonnettes ».1

Benjamin Stora sur 28 minutes Arte, sans être aussi précis que Bernard Lugan semble tourner autour de la même analyse.
Un pays qui n’a jamais connu d’alternative et quand elle a failli se produire au début des années 90 avec le FIS, ce fut une guerre civile, peut faire craindre à la fois une fuite en avant et une surenchère de la rue et des opposants au régime et entre clans dudit régime. Pour la France, tout dérapage de la situation intérieure la concernerait au premier plan. Notre pays compte plusieurs millions de franco-algériens sans omettre l’histoire singulière qui nous lie des deux rives de la Méditerranée.
Aujourd’hui, le grand patron de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah est vu comme un possible futur maréchal Al-Sissi. Mais l’Egypte et l’Algérie sont-elles des nations sœurs ? Les pays arabes fonctionnent encore d’une manière – et ce n’est pas péjoratif- un peu féodale ce qui laisse entendre que les combinaisons pourraient être plus multiples et surprendre à moins que la population algérienne décide de tout renverser…..


Jean Vinatier
Seriatim 2019

1-Source : L’Afrique réelle- communiqué : « Le dernier stratagème du régime algérien peut-il réussir ? »

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