« De la
mise en scène des mots à la construction de réalités par l’adhésion
émergentiste: une clé pour la communication d’influence ?
Les constructions narratives et l’émergence d’une
nouvelle réalité induite sont les fondements opérationnels des opérations
rhétoriques (Rhetops) et psychologiques (Psyops).
La neuro-esthétique et la neuropsychologie ont permis
une meilleure compréhension de l’émergence de la réalité fictive et donc des
«images mentales[1]» qui la composent. En effet, ces
images internes portées par la construction rhétorique de la narration mise en
scène permettent à la fiction de prendre force émotionnelle, voire une forme de
réalité, pour l’individu qui adhère à la narration.
Ce phénomène est particulièrement identifiable dans
les activités de communication d’influence. En effet, l’étude
interdisciplinaire (neurosciences cognitives, neuropsychologie, esthétique,
études théâtrales et psychologie cognitive) décrit dans cette note[2] met en évidence le principe d’adhésion émergentiste(PAEm[3]) et le lien fondamental entre ce principe et les
applications qu’il est possible d’en faire ou d’observer dans le cadre des Rhetops.
L’objet sera alors de les faire dissoner et de les radicaliser en les
entrainant vers une lecture dissonante et déconstruite du monde qui les
entoure.
Comme lors de précédentes notes sur le sujet, nous
prendrons l’exemple du théâtre comme illustration. En effet, une représentation
perçue par les spectateurs active des processus cognitifs spécifiques qui les
amènent à percevoir un personnage dans un univers fictif, alors qu’ils voient
un comédien sur scène[4].
Après bien des études consacrées à cette première
approche en neuro-esthétique, il est maintenant possible de considérer que la
force des images dirigées, construites et induites par le réalisateur
(propagandiste) et l’équipe du spectacle, produisent occasionnellement chez les
spectateurs ou les personnes visées une dissonance cognitive qui pourra
déclencher l’adhésion au message.
Bien heureusement, bien souvent ce phénomène peut se
produire en parallèle ou en complément de la «réalité proche». Il s’agit là
d’un « simple phénomène d’adhésion » ; mais parfois un véritable
remplacement de la perception des réalités peut s’opérer chez le sujet suite à
la perception du message mis en scène. Il fera alors émerger une nouvelle
réalité relative aux messages induits et mis en scène en étant soumis aux
ressorts psychologiques et cognitifs de l’adhésion émergentiste.
Le pouvoir évocateur (métaphorique, empathique,
émotionnel) des images et des constructions narratives pousse les spectateurs à
mettre au premier plan de leur esprit la réalité fictive (rhétorique,
métaphorique, propagandiste) qui acquiert une sorte d’autonomie existentielle
complète.
Quels processus neurocognitifs sous-tendent l’adhésion
du sujet à une représentation ? Comment l’adhésion émergentiste agit-elle
dans son esprit afin d’induire avec force une « autre
réalité » ? Répondre à cette question peut nous aider à mieux
comprendre la fascination que des images pourront déclencher dans l’esprit de
certains spectateurs ciblés ou d’un individu exposé à une action de
communication d’influence. »
La suite
ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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