Pour conduire leur parti aux élections européennes, Les
Républicains se flattent, au regard du dernier sondage, d’avoir choisi le
candidat idoine, François Bellamy.
François Bellamy est maire-adjoint de Versailles, père de famille,
catholique pratiquant, très prévenu contre l’IVG, hostile aux autres formations
de droite mais très proche selon ses dires de Jean-Claude Junker et d’Emmanuel
Macron. Ajoutons à cela, un physique de gendre idéal, posé, serein, une
apparente modestie, une voix calme comme pouvaient l’entendre les auditeurs de
Radio Classique. Le choix de Laurent Wauquiez serait donc parfait.
Les Républicains auraient-ils tiré les enseignements de la
dernière campagne présidentielle qui vit l’explosion en plein vol de François
Fillon, empêtré dans des affaires dont on attend toujours l’issue
judiciaire ? Emmanuel Macron, positionné à gauche, a réussi à regrouper
les libéraux socialistes, les centristes et même à déborder sur les
Républicains. Deux années plus tard, le choix de François Bellamy prend un
chemin assez similaire : reprendre la main sur les centristes via le
courant d’Alain Juppé sans celui de Jean-Pierre Raffarin, freiner le départ de
Républicains vers Nicolas Dupont-Aignan, lequel a effectivement perdu deux à
trois points d’intention de vote. En reprenant les thèmes chers à Debout la
France et au Rassemblement National, mais sans leur en donner une issue
idéologique, François Bellamy synthétise autour de sa personne un courant
cohérent qui s’arrête au centre de l’échiquier politique.
Les points de jonction avec Emmanuel Macron sont nombreux et
évidents tant les deux hommes et leur formation respective sont à l’unisson sur
les choix économiques, l’OTAN, l’Union européenne telle quelle est. Ni Emmanuel
Macron, ni François Bellamy ne disent où siégeront leurs députés mais
avanceraient le même candidat pour succéder à Jean-Claude Junker : le
Républicain Michel Barnier. Cet accord bien évidemment mis en sourdine par les
médias, relativise énormément la différence des Républicains avec La République
en Marche. Michel Barnier, ce candidat commun, même s’il a peu de chances de
l’emporter face à Manfred Weber choisi par la chancelière allemande, marque les
limites de la séparation entre les deux formations : l’électorat des
Républicains le voit-il ? Ou bien se voile-t-il la face ? De son
côté, l’état-major des Républicains assumant sa tête de liste pour les
européennes se préparerait à être le parti de rechange en France pour le cas où
Emmanuel Macron serait incapable d’obtenir un second mandat ou qu’un événement
viendrait interrompre brutalement le quinquennat.
Les Républicains étant résolument libéraux et souverainistes de
circonstance n’ont pas intérêt à l’union des droites tant que la famille Le Pen
sera aux commandes et n’ont d’autre issue que de se tourner vers le centre. De
son côté, Emmanuel Macron, qui escomptait consolider via Alain Juppé son empreinte sur
l’aile libérale des Républicains, doit aujourd’hui se limiter à brandir le spectre du malheur RN
pour limiter sa défaite ou justifier sa courte victoire. Si Emmanuel Macron n’a
pas de Bellamy, il n’en reste pas moins que tous deux sont presque jumeaux par
leur adhésion à l’Union européenne telle quelle est et misent sur un
conservatisme bien borné pour maintenir leurs troupes, pour contrer leurs
opposants : « Tout changer pour que rien ne change » dixit le
prince de Lampedusa…..
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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