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mardi 18 mai 2021

2022 : vers le non-événement présidentiel… ? N°5699 15e année

 Les élections régionales et départementales ne passionnent pas les Français, leur participation générale étant très faible (autour de 25%). C’est à partir de ce désintérêt que l’Elysée s’affaire à l’élection présidentielle de 2022. Il s’agit de désarticuler Les Républicains afin que leur candidat présidentiel ne puisse pas être fédérateur et de casser un rival potentiel, Xavier Bertrand, ex-Républicain. Au fond, une gauche divisée et une abstention, toujours aussi puissante, et qui doivent rester ainsi, c’est essentiel pour Emmanuel Macron.

Désarticulation, division, abstention, voilà le triptyque pour 2022….

Au-delà, le pouvoir prend soin d’indiquer à d’autres candidats ou critiques, Zemmour, Branco, que le combat de 2022, si jamais ils avaient des velléités, serait une suite de sérieuses affaires de mœurs dont ils éprouvent, déjà, un avant-goût. Quant à Marine Le Pen, elle tient son rôle, accepte tranquillement la nouvelle publicité au sujet des assistants parlementaires européens : il ne s’agirait pas d’enrichissement personnel mais d’une utilisation biaisée des fonds servant à rémunérer les collaborateurs des élus RN à Strasbourg. Sylvie Goulard et François Bayrou eurent un reproche similaire, s’ils furent furtivement ministériels, ils sont aujourd’hui, la première Seconde sous-gouverneur de la Banque de France quand le second est Haut-commissaire au Plan, maire de Pau, président de la Communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées, patron du MODEM et du parti démocrate ! C’est peu dire que Marine Le Pen peut batifoler avec ses chats…

Le théâtre s’installe mais tout de même quelques craquements vagues et lointains que l’Élysée ne regarde pas de trop : Marine Le Pen s’est rangée : elle clôt tout ce qui fâcherait l’électeur français sur l’Union européenne, la monnaie unique, le libéralisme, l’Otan, même sur les flux migratoires. Ne reste en tête de gondole que la thématique insécuritaire qui englobe tout, du simple fait divers aux migrants clandestins en passant par la case djihadiste. Une thématique dans laquelle s’engouffre la classe politique avec des mots et des éléments de langage différents. Même là, nous assistons à un aplanissement balisé.

Marine Le Pen a compris que pour être élue, il ne fallait plus être une alternative mais une variable d’ajustement. Emmanuel Macron ne peut guère lui reprocher cela car lui-même est un adepte du TINA (There Is Not Alternative) doxa des néo-libéraux/néo-conservateurs. Le champ démocratique se rétrécit donc drastiquement et rend, paradoxalement, ou la réélection d’Emmanuel Macron ou l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen un non-événement. Et c’est bien là le drame de notre époque, notre incapacité (pour l’heure) à construire une alternative, c’est, peut-être, en cela que nous sommes déjà dans une ère post-démocratique. La démocratie reposait sur l’alternance donc sur la différence de forme et de fond. Aujourd’hui, le lissage de nos sociétés et l’endoctrinement des populations contre lesquelles on martèle par tous les formats d’écrans que le modèle est Un, font qu’un programme politique avec des chances de succès est d’abord une non-différence à un cadre.

Si l’on prend l’exemple des Verts allemands qui risquent d’emporter la chancellerie à l’automne prochain, en quoi, seraient-ils une alternative ? D’abord liés à l’ultra-gauche et aux actions violentes, ils progressèrent dans la société allemande au fur et à mesure qu’ils se dépouillaient des revendications politiques au point d’aujourd’hui, ils sont les plus fervents acteurs de « la transition écologique », gigantesque nouveau marché pour les multinationales déjà actrices d’avant la transition et en plus, ils se taisent sur le maintien des mines de charbon ! Les Verts prospèrent dans l’ancienne RFA allemande, atteignent les milieux jeunes aisés urbains et féminins et, détail important, ils ne s’abstiennent pas. Leur possible victoire ne serait en rien une alternative mais la continuation avec des habits verts de politiques que le SPD et la CDU/CSU n’ont pas !

En quoi donc la victoire de Marine Le Pen serait-elle une rupture ? Étant dans le cadre juridique européen, son potentiel à renvoyer des migrants ou de refuser un bateau serait bridé et pas seulement par Bruxelles. Certes, Il y aurait ici et là l’audit d’une CAF bien ciblée, une « reconquête d’un territoire perdu » bien médiatisée et ainsi de suite mais pas d’une réaction puissante à moins que les pays européens changent tous leur fusil d’épaule. Tout le monde a vu que la politique de Salvini se heurtait à des obstacles européens contre lesquels il a été incité à la faute politique….Quant aux réformes et aux austérités, elles n'auraient, a priori, qu'un dégradé de plumage et de ramage...

C’est la gauche qui aurait le plus à gagner d’une victoire du RN avec le danger de n’être plus qu’un regroupement de partis majoritairement pro-migrants et pro-musulmans, les Verts essayant de synthétiser.

Ce qui se jouerait pour 2022 ne serait pas le fond mais la forme d’où les poids de l’émotion, de l’humeur donc des causes et des opprimés qui selon la rampe de lancement décidera de l’issue.

Ce mélange tragique de faux-choix/non-choix se profile pour 2022 à moins d’évènements à fragmentations multiples, de déraillements brutaux.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

 

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