L’ovation adressée par les jeunes nivernais à Emmanuel Macron qui assistait à un concert de rap (47TER) et leur apportait des cadeaux comme le Pass Jeune donne une idée de l’état de la population qui devrait être la plus furieuse : elle est la plus soumise et la plus aplatie de tout le continent européen et n’a d’yeux que pour des youtubeurs embarqués sans résistance par le pouvoir (McFly, Carlito…etc) Certes le choix de Nevers n’était pas innocent. Ville socialiste de 1971 à 2014 (Pierre Bérégovoy : 1983-1993) depuis avec un édile sans étiquette puis rallié à LaREM, d’un département qui eut longtemps pour député, François Mitterrand. On devinait à cent pas l’appel du pied présidentiel, séduire les jeunes par la gauche…
Hier, à Paris, les groupes épars contre, le pass’sanitaire (Passeport vaccinal européen), la contre-réforme de l’assurance-chômage place de la République plus quelques dizaines de Gilets Jaunes à Denfert-Rochereau formaient un contraste saisissant avec les milliers et milliers de parisiens entassés sur les terrasses…
On moqua la prise d’assaut par le gouvernement des tables des cafés et des restaurants, toujours est-il, que le tour de France présidentiel ne s’annonce pas si mauvais ou dangereux tant l’abandon français semble être une sorte de confinement politique (tête dans le sable). Lentement mais surement, l’Elysée trace un discours plus sévère sur l’entrée des immigrés (plan du député LaREM Florian Bachelier ex-strausskhanien), Emmanuel Macron répétant ici et là ce qui rassurera pépé et mémé, un électorat votant. Tout est dans la forme quand le fond ne change pas du tout.
Le « En même temps » continue sa route, ce balancier diabolique ou de double faux, dans l’apathie générale d’une société hédoniste et hyperconsommatrice où les urbains se sensibilisent de plus en plus à des projets autarciques ou communautaristes quand les ruraux se replient sur eux-mêmes. Entre les deux les flux migratoires, les principes de la libre-circulation prônés par l’Union européenne. François Bayrou, Haut-commissaire au Plan, vient de déclarer sans que cela fasse de bruit, que la France devrait accueillir dans les prochaines années un nombre plus élevé de migrants pour éviter la faillite des caisses de retraite ce qui, sur ce point, nous rendrait cousin de l’Allemagne merkelienne (demain Grünen ?).
L’ovation de Nevers succède aux séries protestataires, militaires, policières qui voient la gauche réagir comme si la France était le Chili en septembre 1973 ce qui ne la favorisera pas aux yeux d’une population de moins en moins jeune (moyenne d’âge de 46 ans) qui a les doigts bleuis à force de caresser leurs écus, se rapprochant d’un quotidien égrotant.
Vendredi, j’étais près de Compiègne accueilli par une famille agréable et enjouée où j’eus la surprise qu’à table les hommes et les femmes ne se mélangeaient pas avec en bout de table le patriarche de 96 ans, véritable résistant et longtemps maire de sa commune. C’était un tableau où tous les commentaires politiques passèrent sans une réelle violence verbale, les alcools, de prune, de pomme, ayant une action apaisante, mais où les hésitations et les contradictions ou les mélanges de l’hier avec le présent se devinaient que la venue d’une jeune ou mère ou grande sœur tatouée, accompagnée d’enfants en bas âge ne perturba en rien.
Si la France garde toute sa passion politique, il n’en sort que, le trouble, la perturbation, l’émotion donc ni l’audace, ni la fougue et moins encore une botte de Nevers envers Emmanuel Macron lequel n’a pas dit innocemment aux jeunes nivernais : « Restez insouciants ». L’ovation de Nevers annonce celle du cirque, du pain, des jeux ?
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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