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dimanche 9 mai 2021

Colombie, Israël, Myanmar, Tchad : les répressions avalisées N°5686 15e année

 Les condamnations obéissent à la géométrie variable des puissances qui revendiquent des principes démocratiques et de libertés. Ainsi en est-il actuellement :

En Colombie où le Président Duque affronte la colère générale qui a déjà causé la mort de plus de 24 colombiens sans entraver les ressentiments profonds contre un pouvoir appliquant brutalement une politique fiscale injuste. Les États-Unis qui exercent sur l’Amérique latine une influence considérable et qui veillent depuis la doctrine Monroe et surtout le corollaire Roosevelt à éviter toute pénétration européenne donc étrangère, se bornent à des hoquètements car la Colombie occupe une place particulière dans la conduite du trafic de drogue et sert de plateforme contre le Venezuela post-chaviste, un exercice compliqué au vu de l’histoire colombienne en proie à de multiples guerres civiles et coups d’État sans omettre les guerres limitrophes.

Israël, les protestations palestiniennes contre de nouvelles vagues d’expulsion pour accroitre le développement de colonies engendrent les mêmes effets et conséquences : le recul lent et régulier de l’habitat palestinien, une façon pernicieuse de réduire sans le dire leur territoire. La Russie élève des protestations quand les puissances de l’aire Atlantique susurrent de vagues demandes d’apaisement et que les puissances arabes regardent ailleurs. Les Palestiniens sont dans une tragédie depuis plus de soixante dix ans. D’abord soutenus par leurs frères dont beaucoup combattaient les présences, anglaise et française et annonçaient l’apparition de nombre d’états arabes laïques ; puis ballottés, au fil des ans et des secousses politiques internes en Orient avant qu’au début des années 80, sous l’impulsion américaine, l’islam ne fit un retour marqué, (idem en Israël confronté à un retour du religieux). Les Palestiniens, certes avec une Autorité corrompue et divisée, subissent depuis que leur cause est née, les contrecoups des variations géopolitiques et des concurrences interarabes.

Myanmar (Birmanie) : les militaires tiennent toujours la situation entre leurs mains. L’ancienne Birmanie est un pays compliqué qui obéit à des croyances et des rythmes bouddhistes qui n’appartiennent qu’à lui. Pendant la Seconde guerre mondiale, la guerre y fut particulièrement dure et éprouvante, feu lord Mountbatten qui s’y illustra l’éprouva et, personne, à la vérité, ne tient à y remettre les pieds. Les États-Unis, comme toujours ont la tentation de s’ingérer mais devant se retirer d’Afghanistan où ils affrontaient des talibans organisés, ils seraient en Birmanie empêtrés dans des minorités qui leur rappelleraient leur échec somalien (Voir film, La chute du Faucon noir). La Chine, elle, habituée depuis des millénaires à faire avec des centaines de minorités, elle y aurait plus d’aise et réfléchit à arriver en Afghanistan. Au-delà de cette remarque, les birmans et leur leader Aung San Suu Ki, seront laissés à eux-mêmes d’autant qu’ils furent montrés du doigt par les « Atlantique » pour le mauvais traitement infligé à une minorité musulmane (Rohingyas) importé par les britanniques lors de la construction du chemin de fer : problème, les birmans la considèrent, non sans argument, comme étrangère.

 

Tchad : L’assassinat du maréchal-président Idriss Deby par l’un de ses semblables à la suite d’un bombardement, avec l’appui français (?), place Paris dans une situation délicate. Le QG de l’armée française (Barkhane) se trouve à N’Djamena et nous considérons l’armée tchadienne comme un appui sans lequel, nous ne tiendrions pas au Sahel. La mort soudaine d’Idriss Déby, la prise du pouvoir par son fils, Mahamat, secouent le Tchad. Des manifestions ont lieu, les premières firent neuf morts, les successives des dizaines de blessés, certains graves et des arrestations, le tout dans un silence général médiatique français. Le Tchad, un des États parmi le plus pauvres au milieu d’une abondance pétrolière entre des mains américano-malaisienne, pour le profit de la famille Deby (plus de 10 milliards de dollars selon les Panama Papers). Stricto sensu, comment peut-on combattre un terrorisme qui allie autant l’islam que des rivalités inter-tribales, opposent des sédentaires à des nomades, le tout dans des États que ne le sont que de nom et s’appuyer sur un Tchad qui nie toutes nos valeurs….la seule commune avec la France étant l'endurance militaire ?  Comment la France tiendra écartelé entre un Tchad répressif et un Mali prêt à se déliter ? Les tensions au Niger et au Burkina-Faso s’y ajoutent. L’enlèvement d’un journaliste français, Olivier Dubois, contraint la France à négocier avec le GESIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) surgit en 2017  qui affirme avoir fusionné plusieurs mouvements dont avec l’AQMI. Se chuchote aussi que la famille Deby aurait aidé certains politiques français : il n’y aurait donc pas que « nos chers saoudiens et qataris » ?

Dans ce Tchad, les grands discours sur la démocratie et les diverses incantations dont l’aire Atlantique est friande, se retirent devant la réalité géopolitique. Tout porte à croire, que le Sahel ne soit plus le seul lieu d’opposition au terrorisme car l’on observe un développement conflictuel depuis le sud de la Somalie jusqu’au Mozambique et même jusqu’aux Comores.

 

Tandis que pour des raisons différentes, en Colombie, en Israël, au Myanmar, au Tchad, sont avalisées les répressions, l’aire Atlantique retrouve tout son souffle vertueux pour dénoncer les conditions de détention de Navalny, l’opposant à Vladimir Poutine, la fragilisation de l’Ukraine par la Russie alors même qu’elle y a une responsabilité considérable…mais tout ce même beau monde si sensible aux droits des hommes ne l’est pas pour Julian Assange, peinant à tenir sur ses jambes, détenu dans la geôle de Sa Majesté Britannique pour avoir dénoncé nos travers….

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

 

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