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samedi 26 février 2022

L’ère de l’a-paix par Mark Léonard N°5814 16e année

 Article bien intéressant édité par Le grand continent revue née au sein de l’ENS très pro-Bruxelles, pro-Atlantique…Otan (Sylvie Kauffmann, Raphaël Glucksmann…etc)  qui publie des réflexions, bien argumentées qui ne sont pas nécessairement les miennes .

L’auteur :

« Mark Leonard est co-fondateur et directeur du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), le premier think-tank pan-européen. En plus de ses écrits et commentaires réguliers dans les médias à propos des affaires internationales, Mark est l’auteur de deux best- sellers : Why Europe will run the 21st century (2005) and What Does China Think ? (2008), ainsi que l’éditeur de Connectivity Wars (2016). Il présente le podcast hebdomadaire de l’ECFR, World in 30 Minutes. »

Article du 18 février 2022

« Les images de citoyens afghans épuisés, boutés hors des avions militaires américains au moment de leur décollage, est une métaphore parfaite de la détermination de l’administration Biden à se débarrasser d’un héritage encombrant et à se concentrer sur les problèmes du présent. La manière brutale dont ces corps ont été jetés reflète la détermination du président Biden à mettre fin aux guerres éternelles. Et que certains aient pu s’insurger contre lui ne traduit pas seulement une empathie pour la tragédie humaine de tant d’Afghans qui voient leurs chances de vie détruites par les talibans. Ceux-là font également le deuil d’une époque plus optimiste où l’Occident voulait construire un ordre international libéral et pensait pouvoir apporter la démocratie jusqu’aux quatre coins du monde.

Nous devons nous rendre à l’évidence : la fin des guerres éternelles n’apportera pas une paix éternelle – ce sera même tout le contraire. Et pour comprendre pourquoi, il faut se pencher sur des cas très différents de ces deux dernières années.

Commençons par examiner la crise Covid. Lorsque le virus a frappé, le gouvernement chinois a stocké des médicaments, des masques et des équipements de protection. À mesure que le SARS-Cov-2 se répandait, ces fournitures étaient utilisées pour soudoyer et faire chanter. Les alliés de la Chine – le Brésil, la Serbie ou l’Italie – reçurent une pluie de masques et de matériels. Mais des États plus critiques – comme l’Australie, la France, les Pays-Bas, la Suède et les États-Unis – furent menacés de ne pas être approvisionnés si leur gouvernement ne changeait pas de politique.

Ces relations toxiques ne concernent pas seulement le domaine du commerce. En Amérique, lorsque les manifestations de Black Lives Matter ont fait rage après le meurtre de George Floyd, une vague de messages sur les réseaux sociaux africains appelèrent à la violence contre la « police fasciste ». Cela ressemblait à un réveil politique mondial, mais qui était en fait orchestré par des usines à trolls au Ghana et au Nigeria, directement financées par l’État russe.

Les conflits sur la technologie elle-même affectent les plus grandes entreprises du monde. Google et Huawei ont travaillé en étroite collaboration pendant des années, établissant un partenariat entre le fabricant de combinés le plus performant et le système d’exploitation le plus utilisé. Puis la géopolitique est entrée en jeu.

Même les États a priori alliés semblent souvent se retrouver à couteaux tirés. En décembre 2020, par exemple, les supermarchés britanniques se sont retrouvés face à une pénurie de fruits et de légumes lorsque le gouvernement français a décidé de fermer ses frontières. L’interdiction des camions britanniques visait ostensiblement à contrôler la diffusion du virus, mais elle mettait également la pression sur Downing Street dans le match final du de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Et tandis que les superpuissances montrent leurs muscles, les pays plus faibles ont recours à des tactiques similaires pour riposter. La même année, la marine iranienne s’est emparée de tankers pour protester contre des sanctions paralysantes, leur piraterie visant à briser le soutien à un blocus financier.

Quelques mois plus tôt, dans la Turquie voisine, le président ouvrait la frontière de son pays à la Grèce, exhortant des millions de réfugiés syriens à chercher une vie meilleure en Europe. Son objectif n’était pas de les aider à poursuivre leurs rêves mais d’utiliser la menace d’une vague de réfugiés pour extorquer des concessions à l’Union européenne.

Des photos de feux de forêt dans la forêt amazonienne ont choqué la communauté de plus en plus importante des personnes qui se soucient du changement climatique au niveau mondial. Une communauté dont le président brésilien Bolsonaro ne fait pas partie. Au contraire, son gouvernement utilise les préoccupations des autres pour extorquer de l’argent à la communauté internationale. Son ministre de l’environnement, Ricardo Salles, a ainsi demandé à l’Europe et aux États-Unis un versement annuel d’un milliard de dollars, en échange de quoi, dit-il, le Brésil réduirait de 30 à 40 % le défrichement de ses forêts.

Qu’ont donc en commun l’intimidation chinoise, le trolling russe, la réglementation américaine, le blocus français, la piraterie iranienne, la politique frontalière turque et le chantage brésilien ? Il ne s’agissait pas d’accidents aléatoires – comme un astéroïde tombé du ciel ou un tremblement de terre – mais des avatars d’un nouveau type de violence politique. Chacune de ces manifestations a été une arme parfaitement aboutie pour appuyer sur un point névralgique du réseau et exploiter les faiblesses de notre monde connecté. Chaque fois qu’un pays utilise une arme, un autre lui rend la pareille, engendrant ainsi une spirale mortelle de tensions. »

La suite ci-dessous

https://legrandcontinent.eu/fr/2022/02/18/lere-de-la-paix/

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

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