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mercredi 23 février 2022

Ukraine : The show must go on N°5811 16e année

 Les marchés financiers estiment le risque de conflagration générale quasiment faible, les États-Unis tenant les manettes et n’ayant pas de concurrents à leur hauteur : Poutine courbera l’échine tôt ou tard tout comme Xi Jiping. Bruno Le Maire ne dit pas autre chose quand il dit que l’économie française était peu exposée à la Russie. Mais dans un monde interdépendant, n’est-on pas de facto exposé ?

Après tout, qu’est ce que Poutine a fait, il a ordonné l’entrée de quelques chars et troupes dans la partie du Donbass où sont les deux républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk…il n’a pas foncé, comme en Géorgie en 2008, vers la capitale Kiev. Donc le geste est bien maitrisé : ni peu ni trop.

Les marchés ont, pour l’heure, l’assurance, que rien de tangible ne changera, tout parait bien bordé y compris les hystéries de part et d’autre. The show must go on

Comme je l’ai écrit dans des Seriatim précédents, les enjeux véritables dépassent largement le cas non seulement de l’Ukraine, une puissance blette, mais plus encore celui des deux républiques du Donbass.

Depuis son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine n’a cessé de dire qu’il avait été marqué par la dislocation de l’URSS et le mandat lamentable de Boris Eltsine où la Russie ne semblait plus s’appartenir. Vladimir Poutine se croit investi d’une mission, transmettre à son successeur une Russie reconstituée et respectée et si possible indispensable autant à la Chine qu’aux USA et de peser sur l’Europe via l’Allemagne. Pour l’heure, ce n’est évidemment pas le cas. Il a réussi à l’extérieur des coups dont le plus remarquable a été en Syrie…même François Heisbourg le reconnait !!!

Pour les Etats-Unis, l’objectif est de ne pas avoir de gêne géopolitique et géostratégique pour abaisser la Chine (après ce sera le tour de l’Inde). La Russie pouvait très bien ne pas être un obstacle, elle l’est parce que les principes politiques qui gouvernent Poutine impliquent une souveraineté et par conséquent un rapport d’égal à égal, ce dont la Maison Blanche ne veut pas. On le voit bien avec l’Union européenne et plus particulièrement avec l’Allemagne qui essaie par tous les moyens de garantir leur espace hanséatique par l’abandon du domaine militaire alors même que le contraire leur éviterait trop de rappels à l’ordre. Mais l’Allemagne bloquée par son passé douloureux n’est pas en mesure de franchir le pas. Sa seule action en matière de Défense est de prendre des parts dans des entreprises françaises stratégiques.

 

L’objectif américain est aussi de s’assurer de la mise en ordre des sanctions financières et économiques contre la Russie, de contraindre la Chine à s’y plier, d’imposer leur gaz de schiste très onéreux et excédentaire à l’Europe pour mieux la tenir par le coût : une Europe qui passerait donc d’une dépendance russe à une dépendance américaine…

L’intéressant sera de voir les conséquences du Donbass parmi les acteurs politiques américains. Si Donald Trump a affirmé qu’avec lui, jamais Vladimir Poutine n’aurait franchi ce « petit » Rubicon, il devra compter avec un nombre non négligeable d’élus Républicains russophobes, de même que Joe Biden avec quelques élus démocrates dans une atmosphère intérieure lourde, à la veille de l’ébranlement du convoi de la liberté le 23 février (Pasadena/Washington) et à quelques mois des mid-terms.

Si sciemment les médias français taisent l’atmosphère américaine comme ils surent le faire pour le Canada afin de gêner le moins possible Emmanuel Macron, nous ne sommes pas à l’abri des ricochets ukrainiens. Les images Tik tok d’un Macron réfléchi, pas rasé, harassé, travaillant à pas d’heure qui doivent influencer les jeunes en sa faveur sont, sans doute, le prélude à un cadenassage de l’élection présidentielle. Bien servi par l’actualité internationale et des médias domestiques, et fort de sa réussite à pourrir les élections comme il y parvint pour les municipales et les régionales par Covid interposé, il rêverait d’une réélection sans campagne à un peu comme Albert Lebrun a été réélu par le Congrès Président de la République en 1939. S’il réussissait cet exercice, il aurait à son palmarès une déconstruction remarquable de l’exercice démocratique.

The Show must go on……

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022

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