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jeudi 17 février 2022

Macron face aux clivants N°5805 16e année

 Les défections depuis les rangs de Marine Le Pen et de Valérie Pécresse dénotent leur affaiblissement, conséquence pour la première d’avoir lissé tous ces propos au point de n’être plus une alternative, pour la seconde d’avoir, au contraire trop dérivé vers l’aile la plus à droite des Républicains. Ce double mouvement renforce le camp d’Eric Zemmour autant que celui d’Emmanuel Macron.

A gauche, les querelles entre les différents chefs ne permettent qu’à un seul de tirer son épingle du jeu, c’est Jean-Luc Mélenchon qui est vu par l’opinion comme une personnalité clivante.

Ainsi, avant même qu’Emmanuel Macron n’officialise sa candidature à sa réélection, ce dernier savoure de voir se renforcer les personnalités le plus clivantes à droite comme à gauche l’assurant d’entrée d’un capital, non pas d’enthousiasme, mais d’assurance et d’équilibre.

Politiquement, en 2017 l’entrée avec fracas d’Emmanuel Macron sur la scène se poursuit tranquillement, sa déconstruction progresse au point d’épuiser deux partis historiques, le parti socialiste qui git au sol et les Républicains en passe de se fracturer.

Et pourtant, jamais un bilan présidentiel n’aura été aussi désastreux tant à l’intérieur qu’à l’extérieur…Un motif pour lequel Emmanuel Macron retarde le plus possible sa descente dans l’arène. Comme le disait Vincent Lindon, le Président de la République a aidé, en résumé, ceux qui n’en n’avaient pas besoin et tapé ceux qui étaient dans la précarité et l’incertain. Plus que jamais, le monde des villes s’oppose à celui de la ruralité. L’itinérance du convoi de la liberté, hier à Bruxelles, a été accueilli avec enthousiasme lors des traversées des villages et petites villes comme s’il s’agissait d’un Tour de France avant l’heure, ce que les médias turent afin de mieux couvrir les heurts sur les Champs-Élysées, à Paris qui abomine les Gilets jaunes puisqu’elle a voté à 90% pour Macron et a réélu Anne Hidalgo en 2020…Ce convoi de la liberté était aussi celui des abstentionnistes, des Français lassés, désabusés qui boudent l’isoloir pour les routes et les chemins. C’est étonnant de regarder l’accélération de la séparation entre les villes et les campagnes. Lors des Gilets Jaunes, leur chute de popularité débutait dès les villes sous-préfectorales où sont des bourgeois convaincus que ceux d’en haut ne leur fermeraient pas la porte : Une illusion résumée par l’humoriste Gaspard Proust, « l’ascenseur social n’est pas bloqué, il descend très bien » !

Cependant, toutes ces rancœurs et errances se réfugient pour partie vers des candidats plus radicaux à l’instar d’Éric Zemmour et de Jean-Luc Mélenchon. Le premier tablant sur une nostalgie et la crainte d’un « grand remplacement » (en fait une grande évolution démographique), le second qui tente de réunir le patriote et le mondialisé via les minorités, c’est un essai de créolisation idéologique.

La demande de radicalité est latente, celle de l’assurance que rien ne perturbera le train -train d’une France vieillissante. La France poursuit son « archipélisation » dans le cadre d’une Union européenne, elle-même, sans corps politique et qui mise son va-tout sur l’euro numérique qui devrait être un contrôle monétaire des habitants des pays membres, un crédit social à la chinoise. On voit bien que l’Europe se refusant toujours à être politique, veille à clore les citoyens, les suivre et les connaitre dans tout, même l’achat d’une simple baguette !

J’ai écrit à plusieurs reprises que cette campagne présidentielle était d’une grande tristesse, je répète encore tant il apparait qu’Emmanuel Macron le déconstructeur consolide dans le « en même temps » un socle électoral à la fois âgé et de jeunes persuadés d’accéder à la bonne licorne entrepreneuriale. Divisions et émiettements caractérisent la France de 2022.

Paradoxalement, l’environnement géopolitique et la potentielle crise financière apportent du miel à Emmanuel Macron mais nourrit de nouvelles radicalités. Ces radicalités qui montent aussi presto au Canada et aux États-Unis. Le « quoi qu’il en coûte » présidentiel risque bien de caler face aux amertumes post-électorales et aux inflations diverses. Mais pour l’heure et à moins de nouveaux événements et scandales qui écrouleraient Emmanuel Macron, il applaudit un compliment depuis l’Algérie et donc d’un potentiel apport électoral. Mais cet appui est tout à fait intéressé, autant énergétique (en cas de guerre gazière via la Russie) que géostratégique (Alger aimerait nous voir très très loin dans les sables)

Emmanuel Macron rêve d’un second tour face à un clivant,  lui-même, l’étant.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

 

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