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jeudi 30 août 2007

Un nouveau Turc N°21 - 1ere année

Abdullah Gül, le leader de l’AKP (parti turco-islamiste) est le nouveau Président de la République. Les craintes liées à l’influence de l’idéologie islamique, régulièrement répétées, dans de nombreux médias, sont largement surestimées. Le parti AKP tire son succès d’une popularité dans les campagnes anatoliennes et parmi les nouvelles classes urbanisées. Le tort serait de ne voir dans cette élection qu’une défaite du kémalisme alors que nous regardons la Turquie prendre un envol intéressant. Il faut le réécrire, ici, la Turquie n’a jamais été fanatique ni sous Mustafa Kemal, ni sous les Ottomans. La naissance de la Turquie sur les décombres de l’empire en 1922 et selon le modèle pensé par Kemal voulait la singulariser par rapport au monde arabe et aux puissances européennes qui avaient tiré de l’empire trop de profits. Les alliances très intimes avec les Etats-Unis et Israël entrent dans le cadre d’une stratégie réfléchie alliant le besoin de contrebalancer les ambitions soviétiques (à l'époque) d’une part, de garder une seconde porte sur l’Orient. L’implication d‘Ankara dans l’OTAN ainsi que dans les structures européennes depuis des décennies indique parfaitement la dimension géopolitique que cette nation entend être: une correspondance stratégique entre l’Union et l’Asie. Les longs débats autour de l’arrivée ou pas de ce pays dans l’Union ravive des débats anciens, démodés et pour la plupart sans fondement réel. Il revient surtout à l’Union européenne de dire clairement ce qu'elle en attend? Pourquoi elle veut la Turquie? Quelle est sa stratégie? Quelle est son ambition, sa pensée sur le long terme ? Pour l’heure c’est un silence assourdissant qui laisse l’éternel disque ânonner les USA militent pour Ankara donc les Américains veulent nuire à notre continent. L’important c’est ce que nous voulons. Encore faut-il le dire à haute et intelligible voix. Nicolas Sarkozy en se montrant d’un coup plus favorable à la Turquie ne dit pas si c’est par adhésion à sa vue Atlantique ou bien sa propre vision. L’ambiguïté perdure. Ambiguïté malheureuse quand les nouvelles élites turques ne masquent plus leur impatience de commencer une seconde phase de leur histoire moderne. La victoire d’Abdullah Gül, chef d’un parti largement victorieux aux élections législatives de juillet n’est pas un incident ou un dérapage mais bel et bien un mouvement de fond. Les paysans turcs ne sont pas religieux mais pratiquants, les citadins craignent par-dessus tout le retour des militaires et la malfaisance des extrémistes. L’armée, justement, ne constitue plus ce bloc monolithique. Elle connaît à l’instar des « civils » une évolution. Elle peine à l’admettre mais elle ne l’entrave pas. L’hostilité à l’invasion de la Mésopotamie est un exemple en ce sens qu’elle tient compte des soupçons à l’endroit du poids Américain.
Le mandat du Président Gül débute une nouvelle ère pour son pays : puissance régionale n’oubliant pas ce qu’elle est historiquement. Le problème Kurde trouvera sa solution quand l’Orient se déterminera. La Turquie s'imagine une puissance de liaison entre l’Europe et l’Asie, une puissance de contre-poids devant la Russie. Pour conclure, la Turquie a l’avantage précieux de nous forcer à être, pour les Turcs l’envie de se développer harmonieusement.

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