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lundi 21 janvier 2008

Fonds souverains: le monde Atlantique a-t-il le choix ? N°121 - 1ere année

Les fonds souverains reviennent sur le devant de la scène internationale. Les bourses asiatiques et européennes accueillent avec scepticisme le plan de relance temporaire du Président Bush approuvé par la FED. Les déplacements concomitants de Georges Bush et de Nicolas Sarkozy dans la péninsule arabique, outre les aspects militaires et géopolitiques, contenaient aussi une demande d’action financière des princes arabes. Que se sont dits le roi d’Arabie Saoudite et le Président des Etats-Unis sous la tente de soie ? Les plus grands établissements bancaires et financiers du monde Atlantique ne savent pas encore qu’elle est l’étendue exacte des dégâts provoqués par la crise des subprimes. Les fonds souverains asiatiques et arabes (il y a aussi le fonds norvégien) disposent d’une force de frappe sur le papier singulièrement impressionnante. Ryad annonce la création d’un fonds doté au départ de 900 milliards de dollars avec une augmentation possible à 1 500 milliards de dollars dans les mois à venir. Cette nouvelle s’ajoute à toutes les décisions stratégiques que les princes arabes prennent pour se placer sur la scène géopolitique mondiale comme décideurs, acteurs et non plus comme suppléants dociles des Etats-Unis et de l’Union européenne. Jusqu’à présent les fonds souverains orientaux et asiatiques agissaient sur leur rive propre, demain, ils pourront établir des alliances précises à court, moyen et long terme. Tous ces Etats ont des liquidités énormes et doivent accélérer la modernisation de leur pays propre. Les investissements ou les opportunités se feront aussi en fonction de besoins intérieurs et c’est le monde Atlantique qui devra en tenir compte. C’est déjà une révolution. Le message envoyé depuis les rives du Golfe persique est clair : plus question de se voir refuser une acquisition (en dollars) de telle ou telle société. Pour Washington le problème est aigu : Comment expliquer qu‘un fonds souverain en dollars est dangereux ? Berlin et Paris indiquent qu’elles entendent sélectionner les fonds selon des critères moraux et de transparence. Cette formulation ne cesse pas de surprendre tant elle constitue un refus de voir le secouement du monde et le changement (en cours) du rapport de force. L’hebdomadaire, The Economist, titre sur l’invasion de ces fonds. Va-t-on décréter la levée en masse des citoyens ?
Quelques jours plus tôt, certaines autorités disaient (sans rire) qu’elles préféraient des fonds souverains orientaux à ceux asiatiques parce que les Arabes ne cherchaient pas la prise de contrôle de telle ou telle entreprise. Ce propos était exact lors de la première guerre du Golfe et même en 2003 ; en 2008, c’est faux. Les observateurs rapportent d’Orient la montée en force du sentiment national depuis le peuple jusqu’aux princes sans omettre les milieux marchands. Les Arabes sont-ils pressés de conquérir ? C’est autre chose tant ils savent aller à leur rythme quitte à agacer par une apparente lenteur ou hésitation. Le monde arabe a une dimension cosmique différente de nous, idem pour les Chinois, les Indiens.
D’une façon générale les fonds souverains présentés encore comme une force « barbare » à l’Occident, amènent une pièce supplémentaire à la mondialisation. Cette dernière décrite formidable d’espérance depuis les rives du Potomac et de la Seine, nous revient en boomerang depuis tout l’Est du monde. Peut-être, est-ce le début du rééquilibrage ? La crainte serait que des cercles américains, anglo-saxons et leurs relais dans l’Union européenne calculent sur le chaos pour regagner la conduite du monde. C’est oublier, un peu vite, que le roi indien de l’acier Mittal, par exemple, dirait non pour fournir lesdites armées !
Il faut le redire. Cette crise financière est d’abord la conséquence de la cupidité des banquiers « blancs » lesquels ne savent toujours pas l’étendue des dégâts.
L’appel au secours des dirigeants des établissements bancaires en sus de l’aide apportée par centaines de milliards de dollars des banques centrales, vers ces fonds souverains est un aveu terrible. Sur le plan politique, les conditions posées par différents chefs d’Etat sur la moralité de tel ou tel fonds souverain s’il n’est pas incongru de prime abord est, cependant une maladresse inutile.
Les fonds souverains (et donc des Etats) s’installent durablement sur la scène mondiale. La politique ne pouvant se faire qu’avec les réalités et non les nostalgies, force est de voir que la suprématie capitaliste « blanche » est terminée. Les capitalistes d’Orient, d’Asie sont, maintenant, là.

©Jean Vinatier 2008

Lien :
The Economist: https://www.economist.com/opinion/displaystory.cfm?story_id=10533866

Sources Seriatim :

Fonds souverains:

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