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mercredi 9 janvier 2008

Un nouveau théâtre parisien subventionné : l’Elysée N°113 - 1ere année

Hier, salle comble pour une nouvelle pièce de théâtre, Conférence de presse, deux heures quinze de représentation avec un seul acteur. Originalité du spectacle, l’acteur commence par un monologue avant d’échanger des répliques avec le public. Comme il s’agissait d’une première seuls la presse et les photographes étaient admis dans ce beau bâtiment XVIIIe siècle classé monument historique.
Ce théâtre est né en mai 2007 avec l’arrivée du directeur, Nicolas Sarkozy, qui cumule avec la fonction de Président de la République. Son slogan est simple : « l’Etat c’est triste, le théâtre, c’est fun. » Des mois de répétitions, un personnel nombreux recruté parmi les meilleurs établissements (800) ont été nécessaires pour donner le plus d’éclat et de publicité à ce moment théâtral. L’acteur/Président a pu négocier heureusement son cachet avec la bienveillance du Parlement (sauf erreur prés de 19 000€ mensuels) pour trois représentations annuelles et des prestations extérieures, nationales, internationales. Certains déplacements sont pris en charge par des sponsors dont Bolloré. La diffusion bénéficie d’une médiatisation éclatante, télévisions et radios nationales et locales sans oublier les extraits sur des canaux étrangers. L’Etat subventionne ce nouveau théâtre sous l’œil terrible de la Cour des comptes présidée par Philippe Seguin, faux nounours aux colères soudaines, qui se montrera rigoureux sur l’usage des deniers publics.
La pièce « Conférence de presse » est écrite par un comité d’auteurs sous la houlette de Papa Gaino, la plume enchantée de l’acteur/Président. Les décors et les costumes s’ils ne sont pas de Roger Harth et de Donald Cardwell, ils font l’objet de toutes les perfections et aucune faute de goût ne transparaît. L’acteur/Président veille à sa diction et s’amuse diablement sur la scène. Il est brillant dans son monologue, notamment sur sa politique de civilisation et se pique de répondre au tac au tac dans l’échange de répliques avec le public quitte à commettre quelques bourdes dans sa connaissance de l’histoire. Il se rattrape heureusement pour évoquer son intimité avec Carla B, une belle servante de l’amour, qu’il épousera et sait tenir la salle en lâchant le fameux « oui » sur l’abandon des 35 heures puis l’émeut en évoquant les banlieues. Amour, durée de travail et les cités interdites convolent dans une salle bon enfant qui rie sans retenue et n’hésite pas à se moquer d’un des siens (Laurent Joffrin) parce que le public de cette première est venu d’abord pour assister à la prestation d’un acteur formidable, génial dans sa manière d’imposer le rythme, la cadence dans les faits gouvernementaux. Les collaborateurs de l’acteur/Président dénommés officiellement ministres lui savent gré de les faire noter par une société de consultants, Mars & Co, ce qui soulage le Premier ministre et le secrétaire général du gouvernement de ce travail fastidieux : ouf, ils sont déresponsabilisés ! Le gouvernement regroupé au pied de la scène, se retient de ne pas s’affoler de l’acteur/Président. Jean-Louis Borloo est comme un enfant qui regarde son père tout en brio.
Au terme de cette représentation, le public regrettait de n’avoir pu davantage participer à cette pièce d’un nouveau genre alors que l’acteur/Président pensait tout de suite à l’accueil que lui réserverait les Français. Il a dans sa boîte à idées plein de sujets, de thèmes qui feront de ce nouveau théâtre subventionné, l’Elysée, une des salles les plus courues que l’on visitera une fois l’an lors de la journée du patrimoine. Et devinez qui vous recevra, Nicolas Sarkozy himself ! Molière, Beaumarchais, Feydau sont babas depuis le paradis.

©Jean Vinatier 2008

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