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jeudi 3 janvier 2008

USA : les élections singulières N°109 - 1ere année

Il n’est pas très risqué d’avancer que les présidentielles de 2008, aux USA, sont ouvertes, incertaines, importantes, sans favoris affirmés dans les deux cas, sans guère de précédent. L’originalité de l'élection de 2008 est accentuée par le fait incontestable que l’homme qu’il s’agit de remplacer est également sans précédent, et idem pour sa présidence, sa politique, son action.
Cette campagne présidentielle de 2008 aux USA n’a effectivement aucune chance d’être une campagne « comme les autres ». Les signes, les analyses, les déclarations s’accumulent, avant même la première « primaire » de l’Iowa.
Les candidats principaux des deux partis historiques n’empêchent pas l’émergence de petits candidats particulièrement actifs et surprenants tel le républicain Ron Paul. Ce dernier a réuni en un temps record presque 20 millions de dollars via Internet sans intermédiaire ou fundraiser. Hillary Clinton, qui capte toute l’attention médiatique, parce qu’elle est une femme a réuni 90 millions en mobilisant toutes les forces du système. Il se passe quelque chose au sein de la première puissance mondiale. Et c’est ce qui va rendre passionnante cette année électorale.En quelques semaines, depuis novembre, nous sommes passés de la politique étrangère (Mésopotamie, Perse, Pakistan) à la situation intérieure, avec l’hypothèse d’une récession économique sur fond de crise immobilière et du dollar chahuté.
Mais, le thème général de l’élection se déplace lentement mais sûrement vers la question identitaire américaine. Pensons aux hispaniques ( Mexicains, Cubains), aux Indiens (les Sioux parlent aux descendants des Incas). Jusqu’à ce jour, nul ne remettait en cause la pérennité de l’idéal de leur grande nation. Mais, le monde entré, lui-même, dans une révolution complète oblige à la discussion autour d’une même table de sujets communs à toutes les autres nations ( environnement, économie…etc) indique sérieusement que toute pensée isolationniste devient de plus en plus improbable. Or, cette conscience isolationniste habite l’âme américaine depuis 1776. Ce sentiment d’être unique cesserait-il ? Mais, il y a davantage que ce simple aspect politique, c’est le sentiment religieux, lui toujours aussi actif et aussi exigeant sur l’immuabilité de l’individu américain. C’est peu dire que le successeur de Georges Bush, républicain ou démocrate, homme ou femme, blanc ou noir, ne pourra pas être comme ses prédécesseurs. D’où, l’interrogation sur l’unité nationale ? Elle devra se justifier par un projet politique, des ambitions, des buts, et non pas être une simple feuille de vigne posée sur un système arrivé à un moment clef de l’histoire nationale. Les néo-conservateurs ont réussi bien malgré eux à faire s’interroger « l’Homo Americanus » alors que leur but principal était de s’appuyer sur le monde.
« L’Homo Americanus » en 2008 porte-t-il un rêve, un idéal, lui le citoyen d’une nation divine ? Jouit-il de cette séparation avec le « rest of the world » ?
La remontée en force de l’ensemble de l’Asie (l’Orient inclus), c’est-à-dire du monde racine, dotée d’une grande part de la force économique, industrielle, financière et des principales ressources en minerais et en céréales le met face à un défi qu’il pensait régir politiquement, militairement. N’est-ce pas dans un esprit de croisade qu’il s’embarqua contre l’Orient? Cette « politique de civilisation », pour reprendre une expression happée par Nicolas Sarkozy à Edgar Morin, correspond-t-elle au monde réel ? On en doute fortement.
Le dollar, lui-même, cette arme redoutable qui fut un facteur d’expansion internationale au lendemain de 1945, ne quitte-t-il pas le territoire américain récupéré par le nouveau monde économique ?Les USA offrent ce paradoxe d’avoir la première place dans le monde et dans le même temps de ne plus pouvoir se retirer du Monde quand ils le jugent bon. C’est déjà un événement inouï.
Peut-être, assisterons-nous, à la naissance de nouveaux Etats-Unis ? Après tout, serait-ce étonnant quand chacun d’entre nous et quelle que soit la taille de notre nation, nous devons nous repenser et réfléchir depuis une terre où l’inconnu géographique n’est plus ?
Face à cette échéance électorale singulière, nous disons déjà aux citoyens américains, bienvenue à bord du Monde.

©Jean Vinatier 2008

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