Info

Nouvelle adresse Seriatim
@seriatimfr
jeanvin22@gmail.com



dimanche 13 février 2011

Egypte/Tunisie : le moment Llov? N°854 4e année

L’arrivée de 5000 tunisiens sur l’île italienne de Lampedusa rappelle que le climat intérieur post-Ben Ali n’est pas encore stabilisé. Au Caire, l’explosion de joie qui a suivi l’annonce de la démission d’Hosni Moubarak puis de sa retraite à Charm El-cheikh place l’armée au centre de toutes les manœuvres comme cela est le cas depuis juillet 1952.
Les gouvernements américains et européens qui ont, tous, soutenu jusqu’au bout les présidents Ben Ali et Moubarak, ont adressé une flopée de télégrammes qui avertissaient, cependant, les peuples révoltés du respect « d’un cahier des charges ».
Assurément, les militaires de ces deux pays ne déplaisent pas : ils rassurent autant les investisseurs que les Etats. Cependant, un élément nouveau est intervenu : l’entrée en scène du peuple, celui qui souffre et non plus les seules bourgeoisies, tunisienne et égyptienne, férues de réseaux sociaux impatientes de se partager le gros gâteau du monde libéral.
On ne sait pas encore exactement quelles transitions les généraux tunisiens et égyptiens assumeront. Une forme de pouvoir est tombée avec une « idole ». La promesse d’un nouveau régime place un peu ces militaires dans la situation du prince Llov devenant, en plein conflit mondial, le premier premier ministre post-impérial au lendemain de l’abdication de Nicolas II, le 3 mars 1917. On sait qu’il ne tint pas, laissant la place à Kerenski (juillet 1917) qui a son tour s’inclina devant Lénine en octobre de la même année….
En Tunisie comme en Egypte une révolte double s’est enclenchée celle des classes moyennes et des classes populaires. On sous-estime, peu-être à dessein, les puissantes attentes sociales : ne se heurteront-elles pas à un moment donné aux officiers généraux et à la classe favorisée? Cette hypothèse est loin d’être négligeable pour l’Union européenne qui fait face à la montée des contestations sociales sur fond d’une austérité budgétaire imposée par les lobbies financiers et les libéraux-libertariens. Que ferait l’Europe si les peuples arabes demandaient un meilleur partage des richesses? Cette exigence n’aurait-elle pas un écho chez nous?
Pour l’Europe des 27 et les Etats-Unis qui ont des décennies d’appuis constants à des pouvoirs autoritaires captateurs de richesses nationales, leurs gouvernements sont devant bien des intérrogations politiques. Est-il bien innocent que les capitales de l’ensemble Atlantique insistent lourdement sur le danger islamique? S’il se révélait, ne ferait-il pas accepter aux citoyens européens un certain nombre de sacrifices économiques supplémentaires ainsi qu’une politique sécuritaire accrue?
Pour les généraux tunisiens et égyptiens, formés aux Etats-Unis et qui n’ont pas pâti économiquement des régimes aujourd’hui honnis, la conduite politique s’avérera plus compliquée si les populations ne cessent pas de revendiquer. Place Tahrir les slogans étaient sans ambiguïté :
« Le peuple a fait tomber le régime ! Le peuple a fait tomber le régime ! » « Armée égyptienne, il faut faire un choix : le régime ou le peuple ! »
Au Caire, les annonces de la suspension de la Constitution de 2007 et la dissolution du parlement issu des urnes de décembre 2010 ont calmé, ce dimanche, un peu les Egyptiens alors que les chefs de gouvernement européens soupirent d’aise devant le déploiement de la police algérienne. Gardons-nous des peuples?

Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2011

Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Angola, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Laos, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Vatican, Venezuela, Vietnam, Yémen

Aucun commentaire: