Les chancelleries, européenne et américaine, plancheraient-elles sur des projets d’intervention militaire en Libye? En Tunisie et dans une mesure moindre en Egypte, le mouvement populaire a été initié par les classes urbaines bourgeoises; en Libye, ce sont les 140 tribus qui sont entrées en révolte pour ou contre le colonel Kadhafi sans que les réseaux sociaux et Internet ne jouent le moindre rôle. Combien de temps, le colonel Kadhafi tiendra-t-il la Tripolitaine entouré de régiments fidèles, de milices et de mercenaires venus du Soudan et du Tchad? Mystère. A l’inverse de la Tunisie et de l’Egypte où l’armée a joué un rôle fondamental pour assurer une permanence de l’Etat, dans l’immédiat, la Libye ressemblera à l’Irak de l’année 2003.
Les mouvements d’opposition au colonel Kadhafi des républicains aux petits-neveux (Muhammad et Khaled) du roi Idris Ier al-Senoussi renversé le 1er septembre 1969 sont disparates et désunis pour offrir une plate-forme politique même temporaire.
Une intervention militaire extérieure même sous mandat onusien est-elle envisageable? Imagine-t-on l’impact auprès des opinions arabes et musulmanes d’un débarquement sous l’égide de l’OTAN donc sous commandement américain alors que l’Irak et l’Afghanistan sont des preuves patentes de la brutalité et de la duplicité du « monde Atlantique »? Les Etats arabes pourraient-ils se voir confier par l’ONU un mandat de casques bleus? Mais nombre de ces Etats étant dirigés par des dirigeants contestés par leurs populations, cette hypothèse paraît peu plausible. Sauf à demander à l’Egypte et à la Tunisie, pays « révolutionnaires » d’intervenir?
Les Etats-Unis, songent vraisemblablement à s’engouffrer parmi les décombres du régime du Guide. Regardons la carte : au sud de la Libye, nous avons, notamment, le Soudan qui vient de se scinder en deux faisant naître le Soudan du Sud chrétien, un but voulu et encouragé depuis des années par la Maison Blanche via la question humanitaire du Darfour. La Libye et le Soudan du sud ayant une frontière commune, les Etats-Unis établiraient au cœur de l’Afrique la plus proche de l’Asie orientale et de routes maritimes fondamentales (mer Rouge, Océan indien) une série de bases dont le siège du commandement pour l’Afrique actuellement installé…en Allemagne.
Au sud d’une Libye désarticulée où des accords tribaux se feraient et avec les deux états chrétiens, le Soudan du Sud et l’Ethiopie, l’armée américaine pourrait se prévaloir d’un axe stratégique allant de la mer Méditerranée à la mer Rouge sans discontinuer coupant en deux l’Afrique; Elle se positionnerait, également, en force pour contrôler l’espace géographique du Sahel allant de la Mer Rouge à l’Océan Atlantique, prenant à revers l’ensemble du Maghreb et précipitant au passage la dissolution de l’aire francophone. Nul doute que ce genre de projet court dans les couloirs du Pentagone. Mais les Etats-Unis ont-ils encore les moyens matériels et financiers pour réussir ce coup de force dans une région où tout de même prédomine l’instabilité : Somalie, Djibouti, Erythrée, Tchad.
Le 11 février Barack Obama a fait un discours digne de Marc Aurèle au soir de sa vie. Son éloquence toute césarienne à bien des égards très au-dessus des discours d’autres chefs d’Etat, ne suffit pas à masquer les contradictions. Le « narratif » du Président américain s’est voulu pacifique alors que son armée est en action en Asie. Sa dénonciation d’al-Quaida, de Ben Laden est suspecte tant le « terrorisme » a justifié l’offensive belliciste en Asie pour atteindre la frontière chinoise. Barack Obama veut maintenir le rôle apaisant d’une Amérique alors qu’elle se déglingue socialement et économiquement de l’intérieur, s’épuise dans des guerres et des terrorismes perpétuels.
La rhétorique présidentielle et la montée en puissance des militaires tels les généraux McChrystal et Petraeus appuyés et financés par le complexe militaro-industriel dans la sphère politique américaine ne présagent rien de bon et font craindre des aventures à hauts risques du fait même de l’absence de contre-poids parmi ses alliés, telle l’Union européenne, embrigadée dans l’OTAN et dont les élites sont des gobe-mouches extasiés.
Hélas! Car la désintégration de l’état libyen est une trop large porte ouverte pour que la soif des ambitions impériales ne se tarisse…….
Jean Vinatier
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