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jeudi 24 mai 2018

« Les origines historiques du technico-populisme par Lorenzo Castellani » N°4500 12e année


«Le prochain Président du Conseil italien sera Giuseppe Conte, une personnalité universitaire qui a fait l’objet de discussions depuis sa nomination, un spécialiste qui n’a jamais eu d’expérience politique. À la tête du ministère de l’Économie, véritable centre du dispositif de gouvernement italien pourrait être nommé le Professeur Paolo Savona qui concilie des idées hétérodoxes sur l’Union avec une longue fréquentation de l’establishment italien1.
Ces éléments contextuels semblent donner un poids supplémentaire à la thèse d’un infléchissement de nos régimes représentatifs vers une forme technopopuliste, permettant un entrecroisement inédit entre les anciennes élites et les nouvelles forces politiques. L’idée encore très en vogue d’une opposition entre élites et peuple devrait sans doute être revue. Les instances populistes sont capable de gagner les élections, mais la complexité de la configuration géopolitique contemporaine demande des compétences, des processus de légitimation et l’habileté qui sont associés à la figure du spécialiste. Comme nous l’ont appris Wilfredo Pareto et Gaetano Mosca, les élites ne s’éteignent pas, mais circulent et se repositionnent sans cesse.
Nous sommes très probablement confrontés à un profond mouvement de substitution et de renouvellement de l’establishment qui part de la politique et qui pourrait s’étendre à d’autres domaines. Dans ce nouvel environnement, populisme et technocratie continueront à vivre dans un rapport dialectique que l’on pourrait résumer par la devise latine : nec tecum nec sine te vivere possum. Les tensions demeureront intenses, mais il y aura en même temps une coopération impossible à refuser. Il sera intéressant de vérifier les modalités selon lesquelles cette coopération aura lieu et quelle sera la vision du monde sous-jacente au développement des nouvelles élites.

La suite ci-dessous :




et du même auteur : « Le techno-populisme, un nouveau régime de gouvernement européen »

« Lors des récentes élections italiennes, les partis populistes ont recueilli plus de 50% des votes. Le Mouvement 5 étoiles, mouvement anti-politique et anti-establishment a en particulier obtenu plus de 32% des suffrages. Mais que peut-on attendre d’un mouvement populiste qui se hisse au gouvernement ?
L’histoire récente nous fournit certains indices qui permettent d’écarter la possibilité d’un gouvernement exclusivement populiste, c’est-à-dire formé seulement d’hommes politiques représentant des mouvements anti-establishment. Au contraire, on pourrait s’attendre à un gouvernement qui mêle technocrates et hommes politiques. Ses orientations politiques pourraient d’ailleurs être influencées par la technocratie nationale et supranationale. Commençons dans l’ordre, par Rome, la capitale gouvernée par les grillini.
En juin 2016, le Mouvement 5 étoiles s’est emparé de la capitale italienne. La protestation anti-politicienne a conquis la majorité de la Salle Jules César, depuis laquelle on peut contempler l’époustouflante vue sur les forums romains, lorsque Virginia Raggi a été élue au plus haut siège du Capitole.
La victoire du Mouvement 5 étoiles à Rome est un cas politico-institutionnel intéressant car elle donne à voir immédiatement quels sont les deux grands piliers autour desquels se déroule le processus de réorganisation du pouvoir politique : le populisme et la technocratie. D’un côté, le Mouvement 5 étoiles a gagné en présentant une candidate sortie tout droit du laboratoire de Casaleggio & Associés, société de communication des 5 étoiles, et en récupérant les votes de protestation contre les élites corrompues du parti qui ont gouverné la capitale. Dans la rhétorique électorale des grillini s’est élaborée une recette populiste mêlant « justicialisme », jacobinisme de l’honnêteté, références aux périphéries abandonnées, anti-politique politicienne et souverainisme. D’un autre côté, une fois débarqués au Capitole, les grillini se sont rendus compte qu’ils ne disposaient pas d’une classe politique capable de faire face à l’intrinsèque complexité qu’implique tout gouvernement. »
La suite ci-dessous





Jean Vinatier
Seriatim 2018

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